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Dieu ? Pas besoin : "Si il est un fait malheureux, c'est que malgré son passé sombre, la religion ait encore une si grande place dans nos vie. Pire, elle semble s'être incrustée dans une niche, et loin d'y rester terrée, elle en déborde pour mieux envahir, souvent par une porte dérobée, l'ensemble du discours public. Elle commet souvent ses basses oeuvres en n'osant pas dire son nom. Les événements entourant ce qu'on a nommé la crise des «accomodements raisonnables», il a quelques années, en sont une illustration frappante mais pas unique.
La participation de nombreux pays à la guerre en Afghanistan, entre autres, nous rappelle qu'avec la géopolitique vient une forme de «géo-prosélitisme». L'Occident est mû par un sentiment d'avoir l'obligation de mettre un frein à un soi-disant Péril musulman, incarné par l'Axe du mal. Cette vision des choses s'est amorcée sous l'époque Bush, mais perdure de nos jours (combien de fois Obama doit-il rappeller qu'il est chrétien, comme si cela était une nécessité pour diriger la plus grande puissance du monde?).
Ce genre de raisonnements a tant et tellement empreigné le discours public qu'il en est devenu indiscernable. Qui se demande encore aujourd'hui les vrais raisons de l'aveuglement de Harper face aux conclusions alarmantes des études concernant les changements climatiques? Évidemment, il y a un intérêt économique marquant, mais qui est soutenu par une superstructure de la pensée, élaborée par des idéologues religieux qui nient les changements climatiques (la terre ayant été créée parfaite il y a 6 000 ans par Dieu, elle ne peut subir de changements, même climatiques). Tout ceci entraîne de façon patententes des conséquences qui ne sont pas jugulables aisément, même par ceux qui les ont causées.
Les religieux sont organisés et influents. Leur poids social est proportionnellement plus important que leur nombre réel. Ils ont l'oreille de personnes puissantes, et ils savent utiliser toutes sortes de ruses pour arriver à leurs fins. La religion ne clame peut être plus ouvertement son nom, mais elle continue à faire sentir sa présence néfaste, tant politiquement que socialement. La désersion des églies a certainement fait un grand tort aux institution chrétiennes ici, mais le nombre de croyants de par le monde ne cesse pourtant de grandir, ce qui veut dire que le mouvement de laïcisation ammorcé dans certains pays ne s'est pas étendu universellement. Pire, dans certains cas, il a reculé.
Le Québec n'est pas vraiment à l'abris de ce genre de manifestations. La percée surprise de l'ADQ et des Conservateurs dans certaines régions il y a quelques années a fais ressurgir un vieux fond retrogade sorti de l'époque Duplessis qui semblait oublié. Le repli actuel de l'ADQ ne doit pas être vu comme un effacement de ce courant réactionnaire, mais comme un repositionnement d'une certaine partie de l'élite vers le centre.
Il y a nécessité de prendre part au débat. L'athéisme a totalement été mis de côté dans la sphère publique. Les quelques groupes de pression qui défendent une position laïque le font sur une base universaliste, voire totalement post-moderne, ou par peur de voir sourdre une situation qui nuirait au consensus québécois. Ces organisations (syndicats, FFQ entre autres) craignent davantage la remise en question des acquis de la Révolution tranquille que le retour de la religion. C'est pourquoi elle défendent allègrement le droit des femmes de porter le voile par exemple (quelle position paradoxale pour des groupes soi-disant féministes), au nom de la «tolérence».
Ces groupes contribuent grandement à décentrer le débat sur la religion. En effet, quiconque se pose la question de la place de la religion dans la société doit se demander d'abord si elle doit avoir une place avant de discuter de quelle place elle peut prendre. Cette question n'a jamais été posée, même par des mouvements apparament progressistes. Il en résulte donc de facto une tolérence pour la religion dans la sphère publique.
Les conséquences de cette tolérence ne sont pas anodines. Pour déterminer si la religion peut avoir sa place dans le domaine public, il faut minimalement discuter des ses préceptes, de ses valeurs, de ses pratiques, et ensuite vérifier si ils ne vont pas à l'encontre de ce que la société accepte collectivement. Toute religion est nécessairement problématique en ce sens. Le Christinanisme ou l'Islam ne prônent pas la tolérence comme vertue principale et acceptent difficilement toute idée de progrès; à ce titre, les femmes sont toujours placées à la périphérie de la pratique du culte et réprimées dans la vie quotidienne, les évidences scientifiques s'effacent devant les préceptes de la foi, etc. Nous devons collectivement refuser ce genre de valeurs qui sont inhérents à la religion.
La vision religieuse de la société en est une hiérarchisée, l'État doit être soumis aux dogmes relgieux. Beaucoup de docteurs de la foi rêvent (pas toujours en secret) de l'instauration d'une théocratie. Quand on voit le Parti conservateur ici proposer de nombreuses mesures rétrogrades (comme par exemple la censure de certains films), on peut craindre de tomber dans l'obscurantisme à court ou moyen terme.
Face à cet état de fait, à une situation qui ne cesse d'empirer, nous devons lancer un cri de raliement, haut et fort. Les athée doivent recommencer à intervenir publiquement en faveur de leurs objectifs. La simple défense de la laïcité ne suffit pas. Notre athéisme doit être militant. À défaut de convaincre les croyants qu'ils se trompent (ce qui n'est pas possible, la croyance rend aveugle), nous devons les remettre à leur place, et prendre la nôtre. Nous devont leur dire: Dieu? Pas besoin!