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Le principe de prédation du capitalisme Qu’il s’agisse des rapports sociaux ou économiques entre humains, ou qu’il s’agisse du rapport à notre environnement biologique, le capitalisme et sa traduction politique du libéralisme, reposent sur le principe de prédation et de transformation en flux de ce que la nature ou les civilisations stockent :
Prédation des ressources naturelles (énergies fossiles, minerais pour les équipements lourds, forêts équatoriales pour les grumes, etc.).
Prédation des êtres humains (entre émigration économique et délocalisation vers les pays à bas coût de main d’œuvre, l’objectif est toujours le même : réduire l’être humain à sa seule force de travail).
Prédation des civilisations (tout aspect d’une culture qui peut entraver la consommation, par opposition à la connaissance, est impitoyablement combattu).
Prédation de la vie elle-même (OGM et destruction de la biodiversité notamment).
Le projet libéral est par essence totalitaire, et pour les maîtres de ce système, l’outil philosophique et juridique est la propriété privée des moyens de production.
La logique différente du « Service Public »
Face à ces prédations, le service public oppose un principe inverse, à la condition toutefois que l’on revienne à une définition claire et non à celle aujourd’hui pervertie par l’ordonnancement de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) au travers de l’Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS), auquel participe l’Union Européenne.
Cette définition claire assigne aux services publics, possédés collectivement, le but de garantir l’accès égalitaire des membres d’une société aux biens et services qu’ils jugent essentiels ou utiles (selon le degré de socialisation).
A cet égard, une société humaine digne devrait d’abord garantir un service public de la nourriture, du vêtement et du logement, de la santé et de l’éducation comme la permanence des luttes depuis bien avant que l’Abbé Pierre le montre chaque hiver. La particularité des transports est qu’ils sont à la fois un service public en eux-mêmes, et un moyen d’accéder aux autres services (publics comme privés), à l’intérieur d’espaces urbains qui s’étalent et ruraux qui se désertifient.
Les enjeux du secteur des transports
Au-delà d’être l’outil physique de communication entre les populations, les transports sont au centre des mécanismes économiques et sociaux du système capitaliste.
Parce qu’il sépare et qu’il divise, pour créer les flux sur lesquels il prélève la « valeur ajoutée », le capitalisme pousse à la multiplication des transports.
Eclatement des lieux de production (à l’intérieur d’une zone géographique nationale comme au niveau mondial), en partie pour éviter les concentrations ouvrières qui avaient su créer au siècle passé des formes de solidarité pour résister.
Eclatement des populations au sein des espaces urbains. La ville n’est plus ce lieu de rencontres qui a fait le phénomène urbain en Europe depuis le Moyen-Age. C’est au contraire un espace catégorisé, engendrant des moyens lourds pour organiser les flux entre chaque zone, et surtout contrôler les populations constituant ces flux (contrôle des déshérités entre leurs zones de relégations périphériques et les lieux centraux de pouvoir, contrôle des travailleurs entre leurs lieux de repos et de travail, contrôle des consommateurs entre leurs lieux de repos et de consommation, etc.). Les transports sont le lieu privilégié du contrôle policier de nos vies.
Parce que le capitalisme moderne s’est développé sur le pétrole, et parce qu’il a mondialisé l’organisation de la production, les transports sont cruciaux. De leur coût dérisoire dépend la survie du modèle de production, et du développement des transports dépend la production elle-même (entre les infrastructures, les matériels de transport et l’approvisionnement en énergie, plus de la moitié de la production mondiale est liée au secteur des transports).
Enfin, cette construction hiérarchique et autoritaire ayant du mal aujourd’hui à nier ses dégâts, rappelons que les transports sont un des secteurs en tête des atteintes à l’environnement, et qu’une réflexion sur la nature, les moyens techniques et les besoins de transport est absolument nécessaire, dans une perspective de décroissance.
Le constat des échecs passés
Fin 19ème / début 20ème, l’ordre juridique français a développé le modèle de la concession de service public (distribution d’eau, de gaz, transports urbains, ...), qui a fait la fortune des capitalistes opportunistes. Dans le même siècle (1848-1936), les révoltes et révolutions sociales toujours réprimées ont revendiqué une autre conception, fondée sur la solidarité et l’égalité sociale. Il aura fallu le cataclysme de deux guerres mondiales pour briser cet élan, entre la bourgeoisie d’un côté et les socialistes autoritaires (marxistes-léninistes et sociaux-démocrates) de l’autre.
Au sortir de la seconde déflagration mondiale, le compromis de pouvoir entre les deux conceptions autoritaires triomphantes, fut trouvé dans la reconstruction de services publics sur le modèle étatique, permettant à l’élite possédante de continuer à diriger la politique industrielle, en échange du contrôle des légions d’ouvriers laissé à l’élite « rouge ». C’est ce qui a structuré la SNCF, EDF/GDF ou les Charbonnages de France de l’après-guerre.
Mais un tel compromis ne tient qu’avec une monnaie d’échange. Or le capitalisme a appris à se passer des ouvriers d’ici, et la masse des gouvernés, lassée d’être trahie dans son aspiration à plus d’égalité sociale, s’est détournée de ses élites autoritaires. Aujourd’hui, l’Etat entièrement retourné à la classe possédante, démantèle les services publics pour les remettre aux caciques du capitalisme, soit en privatisant, soit via les délégations de service public où l’argent public finance les profits privés (cas des transports aujourd’hui). Comble d’amertume, ce compromis de pouvoir entre élites autoritaires a ignoré l’usager, avec qui les solidarités n’ont pas été entretenues ni développées, et qui n’est apparu dans les luttes que tardivement, lorsque l’Etat l’a méprisé trop ouvertement.
La seule vraie alternative d’un service public autogéré et fédéraliste
Face à l’échec de ces modèles, seule l’alternative de l’autogestion libertaire reste à retravailler pour retrouver le souffle qui a animé les luttes pour une véritable égalité sociale, l’émancipation individuelle et la solidarité collective. Trois axes peuvent structurer nos actions immédiatement :
La gratuité des transports pour tous. Avec cette mesure, on casse la logique marchande qui ne peut mener qu’à l’appropriation privée, et on crée une véritable égalité d’accès des usagers au service public. On casse la logique policière de contrôle du billet, et on fait l’économie du coût de l’arsenal de contrôle ainsi que des conséquences sociales et environnementales (accidents, pollutions, stress, etc.). On ouvre le champ aux réflexions de fond sur l’organisation de l’espace (le centralisme francilien est suicidaire, la spécialisation géographique des villes est au sens propre anti-sociale), la réalité des besoins (de nombreux équipements et matériaux n’ont qu’un but ostentatoire), ou la pertinence des moyens techniques mis en œuvre.
Des instruments collectifs réunissant ceux qui font le service public (les salariés) et ceux pour qui il est fait (les usagers), où pourront s’exprimer, se confronter et se concilier les exigences parfois conflictuelles de l’étendue des services et des conditions de travail (on dépasse ici l’opposition faite par nos tyrans entre service minimum et droit de grève), de l’urbanisme et de l’environnement (quelle ville pour quels modes de vie), ou de l’aménagement et des techniques (quelles natures de déplacements nécessitent quels types de transports et quels moyens techniques et humains méritent d’être mis en œuvre). A la SNCF, les comités d’axes ou comités de lignes peuvent être un enjeu commun des salariés, de leurs syndicats, des usagers et de leurs associations, pour amener vers ces instruments collectifs encore à créer.
La réappropriation solidaire, par les salariés et les usagers réunis, des lieux du service public, et tout particulièrement les gares, au lieu de les livrer aux seuls marchands. Aide aux handicapés moteur, mise à disposition ou réparation de vélos, vélo-taxis, ou tout projet proposant un prolongement du transport collectif sur un mode socialisé et compatible avec les exigences de décroissance, sont quelques exemples de réappropriations collectives possibles.
La résignation est un suicide quotidien, seule la lutte paie !
Nous en avons assez des grèves de 24 heures chacun dans son coin qui n’apportent aucune perspective si ce n’est la lassitude et la résignation. Aujourd’hui et sans attendre, il est impératif de renverser la vapeur ! Pour cela, il faut mettre un terme à la dispersion des luttes et fédérer l’ensemble des secteurs combattifs du public et du privé, des mouvements catégoriels et intercatégoriels, des salariés, des précaires, des chômeurs, des jeunes et des retraités... Le développement de ce vaste mouvement social débarassé des parasites politiciens et des bureaucraties syndicales qui nous divisent et nous endorment doit nous permettre de reprendre le chemin de l’offensive contre les attaques incessantes du Capital et de l’Etat. Ce mouvement basé sur des principes de fédéralisme, d’augestion et de démocratie directe (AG souveraines, mandats impératifs et révocables...) est le seul à même de garantir l’unité et la maîtrise de la lutte. Les prochaines échéances électorales ne doivent pas nous détourner de la construction du seul rapport de force qui soit efficace : l’action directe, dont la plus haute expression demeure la grève générale expropriatrice et autogestionnaire. La gestion sans Etat ni patrons du service public du chemin de fer par les cheminots et les usagers eux-mêmes est un premier pas vers la réappropriation de l’ensemble des moyens de productions, d’échanges et de services, prélude à la révolution sociale à laquelle les anarchistes emploient toute leur énergie.
Liaison des cheminot.e.s de la Fédération Anarchiste
Rue Amelot, Paris 11ème
4 pages et bande déssinée au format .pdf sur le lien ci-dessous :
http://public.federation-anarchiste.org/IMG/pdf/Voie_libre_special_08-02-07_FA_cheminots.pdf
ce tract sera diffusé à 5000 exemplaires lors de la manifestation cheminote du 8 février 2007 à Paris
Commentaires :
mecano |
Manifestation des cheminots :
RENDEZ-VOUS 12 h – Place d’Italie Métro 5-6-7 station Place d’Italie Départ de la manifestation à 13 h 30 Direction Sèvres-Babylone Métro 10-12 station Sèvres-Babylone Répondre à ce commentaire
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à 14:22