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Lu sur Bellaciao : "Le gouvernement prépare actuellement un plan de prévention de la délinquance qui prône notamment une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance. Dans ce contexte la récente expertise de l’INSERM, qui préconise le dépistage du « trouble des conduites » chez l’enfant dès le plus jeune âge, prend un relief tout particulier.
En
stigmatisant comme pathologique toute manifestation vive d’opposition
inhérente au développement psychique de l’enfant, en isolant les
symptômes de leur signification dans le parcours de chacun, en les
considérant comme facteurs prédictifs de délinquance, l’abord du
développement singulier de l’être humain est nié et la pensée soignante
robotisée.
Au contraire, plutôt que de tenter le dressage ou le rabotage des
comportements, il convient de reconnaître la souffrance psychique de
certains enfants à travers leur subjectivité naissante et de leur
permettre de bénéficier d’une palette thérapeutique la plus variée.
Pour autant, tous les enfants n’en relèvent pas et les réponses
aux problèmes de comportement se situent bien souvent dans le domaine
éducatif, pédagogique ou social.
Cette expertise INSERM intervient précisément au moment où
plusieurs rapports sont rendus publics au sujet de la prévention de la
délinquance. On y lit notamment des propositions visant à dépister dès
les trois premières années de leur vie les enfants dont l’« instabilité émotionnelle (impulsivité, intolérance aux frustrations, non maîtrise de notre langue) (va) engendrer cette violence et venir alimenter les faits de délinquance ».
On assiste dès lors, sous couvert de « caution scientifique », à la
tentative d’instrumentalisation des pratiques de soins dans le champ
pédopsychiatrique à des fins de sécurité et d’ordre public. Le risque
de dérive est patent : la détection systématique d’enfants « agités »
dans les crèches, les écoles maternelles, au prétexte d’endiguer leur
délinquance future, pourrait transformer ces établissements de lieux
d’accueil ou d’éducation en lieux de traque aux yeux des parents,
mettant en péril leur vocation sociale et le concept-même de
prévention.
Professionnels, parents, citoyens, dans le champ de la santé, de l’enfance, de l’éducation, etc. :
- Nous nous élevons contre les risques de dérives des pratiques de soins, notamment psychiques, vers des fins normatives et de contrôle social.
- Nous refusons la médicalisation ou la psychiatrisation de toute manifestation de mal-être social.
- Nous nous engageons à préserver dans nos pratiques
professionnelles et sociales la pluralité des approches dans les
domaines médical, psychologique, social, éducatif... vis-à-vis des
difficultés des enfants en prenant en compte la singularité de chacun
au sein de son environnement.
- Nous en appelons à un débat démocratique sur la
prévention, la protection et les soins prodigués aux enfants, dans un
esprit de clarté quant aux fonctions des divers acteurs du champ social
(santé, éducation, justice...) et quant aux interrelations entre ces
acteurs.
Contact : contact@pasde0deconduite.ras.eu.org
Appel à l’initiative des premiers signataires suivants : Dr Christine Bellas-Cabane (pédiatre, présidente du syndicat national des médecins de PMI), Dr François Bourdillon (président de la société française de santé publique), Dr Marie-Laure Cadart (médecin, anthropologue, syndicat national des médecins de PMI), Michèle Clément (secrétaire générale du syndicat national des psychologues), Dr Yvonne Coinçon (pédopsychiatre, association des psychiatres de secteur infanto-juvénile), Jean-François Cottes (psychologue clinicien, psychanalyste, InterCoPsychos, Institut de Jeunes Sourds de Clermont-Ferrand), Pr Boris Cyrulnik (neuropsychiatre et éthologue), Pr Pierre Delion (chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Lille), Danièle Delouvin (psychologue, présidente d’A.NA.PSY.p.e. - association nationale des psychologues pour la petite enfance), Dr Michel Dugnat (pédopsychiatre, unité parents-bébés hôpital de Montfavet), Dr Marie-Thérèse Fritz (pédiatre, syndicat national des médecins de PMI), Sylviane Giampino (psychanalyste, psychologue petite enfance, fondatrice d’A.NA.PSY.p.e.), Pr Bernard Golse (chef de service de pédopsychiatrie CHU Necker-enfants malades, professeur Université Paris V), Pr Roland Gori (psychanalyste, professeur d’université), Pr Catherine Graindorge (chef de service de pédopsychiatrie Fondation Vallée, professeur Université Paris XI), Pr Philippe Gutton (pédopsychiatre, professeur des universités), Alberto Konicheckis (maître de conférences en psychologie clinique, Université de Provence), Dr Evelyne Lenoble (pédopsychiatre, hôpital Sainte-Anne), Pr Roger Misès (professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Université Paris XI), Pr Martine Myquel (présidente de la société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et des disciplines associées), Gérard Neyrand (professeur de sociologie Université Toulouse III), Dr Pierre Paresys (Union syndicale de la psychiatrie), Danielle Rapoport (psychologue clinicienne, association Bien-traitance formation), Elisabeth Roudinesco (historienne, directrice de recherches Université Paris VII), Dr Pierre Staël (président du syndicat des psychiatres français), Dr Pierre Suesser (pédiatre, syndicat national des médecins de PMI).
Signer la pétition
Voir les signataires
Commentaires :
libertad 23-02-06
à 08:44 |
Re:pour remonter le fil
Répondre à ce commentaire
|
à 11:38