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Le choix de Peyrehorade était symbolique. Monsanto est installé dans cette commune et y possède un laboratoire. Les organisateurs de la soirée avaient bien sûr invité les responsables du site de Monsanto à Peyrehorade, qui avaient répondu courtoisement qu’ils viendraient. Sur les coup de 20h30, le directeur du site de Monsanto, Mr Norbert Pons, arriva en compagnie... d’un huissier ! Surprise générale. Après des explications oiseuses tendant à justifier la présence de l’huissier au cas où "l’intégrité physique de Mr Pons serait mise en danger", on en vint aux questions directes.
Dialogue : Attac : Allez-vous noter les propos des gens à la table ? Huissier : Oui. Attac : Allez-vous noter les propos des gens dans la salle ? Huissier : Oui. Attac : Allez-vous demander l’identité des gens ? Huissier : Oui. Attac : Allez vous utiliser les propos, pour éventuellement attaquer en justice ? Huissier : Pas de réponse...
Les élus présents qui n’avaient jamais vu de telles pratiques, n’en revenaient pas ! Après ces échanges, il a été signifié à Mr Pons qu’il était invité et pouvait rester mais que s’il tenait à la présence de l’huissier, il pouvait repartir. Il est descendu avec l’huissier et est revenu après un entretien qui paraissait agité, 10 minutes après, seul. Il semble que la présence de l’huissier n’était pas une initiative du directeur du site landais de Monsanto, mais qu’il a bien été commissionné par la direction de Monsanto-France dont le siège se situe à Bron dans la banlieue lyonnaise.
La soirée s’est déroulée normalement. Les 4 employés de Monsanto présents ont pu intervenir, poser leurs questions. Seul un "agronome" à la retraite et favorable aux OGM n’a pas daigné se présenter. Il s’agirait d’un ancien responsable de ...Monsanto, à Peyrehorade.
Mais quel était le but de la présence de l’huissier ? Intimidations des intervenants de la soirée ? Poursuites judiciaires pour tout propos jugé défavorable à Monsanto ? Après l’emprisonnement des citoyens qui ont participé à la destruction d’essais d’OGM, veut-on criminaliser les citoyens qui ne pensent pas comme Monsanto ? C’est scandaleux ! Imaginez qu’à l’avenir, à chaque réunion publique, chacun arrive avec son huissier pour poursuivre toute personne qui tiendrait des propos défavorables ! Mais où va-t-on ?
En juillet 1998, Monsanto porte plainte contre le grand journal anglais, "The Gardian". La plainte fut rejetée mais le rédacteur en chef déclarait :"Nous sommes habitués aux vigoureuses pressions exercées par les services de relations publiques des entreprises. Mais Monsanto semble faire un effort particulier pour porter plainte chaque fois que nous écrivons sur ses activités." Gardian International 16/06//98.
En juillet 1999, Courrier International (n°452) écrivait à propos du journal "The Ecologist" qui devait consacré un numéro complet au cas Monsanto. "On s’en souvient, fin 1998, les 14 000 exemplaires de ce magazine étaient détruits par leur imprimeur, Penwells par crainte semble-t-il des poursuites judiciaires".
Au Etats-Unis la société Monsanto utilise des détectives pour identifier les agriculteurs qui frauderaient. "Monsanto poursuit des centaines d’agriculteurs en justice pour avoir "piraté" ses semences". (Isabelle Delforge, Enquête sur Monsanto, Ed : Les magasins du monde - Oxfam)
Dernièrement les Amis de la Terre organisaient la tournée européenne de Percy Schmeiser, agriculteur canadien, en procès avec Monsanto. Des inspecteurs de Monsanto ont trouvé des OGM dans le champ de Mr Schmeiser. Lui se défend d’avoir jamais utilisé des semences OGM. Au contraire, il affirme que son champ a été contaminé. Monsanto ne peut prouver que Mr Schmeiser a commis un délit, mais maintient sa plainte car les OGM Monsanto ne devraient pas se trouver dans ce champ, sans que la redevance due au brevet ne soit acquittée !
Est-ce le modèle de société que nous propose Monsanto : huissier, procès, détectives, surveillance des paysans et des citoyens ?
En fait les choses se précisent. Dans un article paru dans le bulletin sur les biotechnologies des Amis de la Terre-Europe en février 2001 et intitulé "Nouvelles stratégies de l’industrie des biotechnologies pour contrer les ONG", on peut lire :
"Les industriels veulent étouffer "l’industrie de la protestation" par des recours juridiques, essayant ainsi de ruiner les ONG.
Les agents des groupes de pression pro-biotech argumentent de la façon suivante : les ONG influencent le public avec leurs "mensonges" sur les risques environnementaux et sanitaires. Donc, les ONG sont responsables des pertes financières des grosses compagnies ! Voici quelques idées de recours :
contre des ONG qui publient les noms de produits contenant des OGM qui ne sont pas étiquetés, ainsi que le nom du fabricant. Motif du recours : la réputation de la firme est mise à mal et le produit ne peut plus être vendu.
contre des ONG qui font des commentaires sur des études comme le papillon monarque ou l’affaire Pusztai d’une façon trop "à sens unique", pour faire reculer l’acceptation par la population des biotechnologies dans leur ensemble. Motif du recours : destruction de la bonne réputation des biotechnologies.
Même si les motifs d’un possible recours sont faibles, de tels recours vont absorber une part importante des ressources humaines et financières des ONG. La méthode du recours juridique est déjà en discussion parmi certains membres de l’industrie des biotechnologies et des universitaires."
Pour nous, à Peyrehorade, Monsanto vient de fournir une raison supplémentaire de nous opposer à la main mise par quelques grandes firmes agro-alimentaires sur l’agriculture mondiale. Les OGM sont aussi un danger pour la démocratie !
Commentaires :
libertad |
Communiqué des Amis de la Terre-Landes 25/05/02
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à 22:08