Ce matin,j'ai assisté à un parfait exemple de la spontanéité des masses. Avec quelques misérables bandes de scotch on confectionne des misérables cordons d'interdiction d'accès,on colle quelques affiches contre Monsieur Fillon,tout ça devant le lycée a 7h30. On est tous dans le coltar,mal réveillés,on a passé notre nuit à prévenir les copains que ce matin personne ne devra franchir la porte du lycée. On rigole quand même,l'ambiance est bon enfant,on grille quelques cigarettes,certains ont amené les croissants. "Nous partimes de notre quartier à trente et par un prompt renfort nous nous retrouvâmes bientôt cinq cent devant le lycée" s'amuse les quelques littéraires présents. Tout le monde est motivé,pour interdire l'accès aux profs et aux lycéens récalcitrants,c'est pas très démocratique,mais en même temps on n'est pas à l'usine!
Les diférents bus déposent devant des
lycées, des élèves surpris mais qui tout de suite se joignent au
mouvement. La porte du lycée s'ouvre, il en sort un homme
qui timidement s'avance en regardant ses pieds;c'est Monsieur le
Proviseur. Il nous demande de ne pas interdire l'accès au lycée
"d'honnêtes personnes qui souhaitent travailler"; "On a le droit de
convaincre, mais pas de prendre en otage". Le discours classique de ces
gens qui sont quand même un peu de droite. A 8 heures 30,l'ensemble des
effectifs du lycée occupent le parvis de l'établissement et les
alentours. L'ambiance est à l'euphorie,on scande des slogans contre
Fillon,on coffectionne encore quelques affiches qu'on colle à l'arrache
un peu partout. Une voiture de condés déboule peu après, et il en
sort quatre poulets,qui s'installent sur le trottoir d'en face. Ils
font mine de rien,ils s'occupent de la circulation, discutent entre
eux. Tous les lycées ont les yeux rivés sur la volaille, des timides
"Mort aux Vaches!" se font entendre. Faisant toujours mine de nous
ignorer,en voilà un qui astique la crosse de son "flashgun" tout en
bavardant avec son collègue. Tout ça nous fait bien rire. On nous
annonce à 9 heures 30 que le lycée ferme. C'est l'euphorie totale,ça
chante,ça crie... Une réunion d'informations est improvisée sur un
parking environnant. Les orateurs ont du mal à se faire entendre, tout
le monde parle. Un petit gars de la FIDL qui cherche à embrigader tout
le monde se fait conspuer. On a décidé de remettre ça demain, et on
s'en va avec le coeur en joie.
La majorité des lycées du
département sont en lutte, le lycée Clémenceau poura s'ajouter sur la
liste du rectorat,aux autres établissements en grève. On espère
l'abrogation de la loi Fillon,et de camper dans le lycée comme nos
voisins de Montreuil. La lutte continue!