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Indymédia Paris : "Les démons à Oaxaca sont toujours en liberté. A Chaque pas en direction d'un accord se donnent deux autres en affrontements, comme ceux de mercredi, quand des éléments de la police oaxaqueña et des sicaires ont fait feu contre une des brigades mobiles de l'Assemblée Populaire du Peuple d'Oaxaca (APPO) qui se retirait des portes du Secrétariat de Protection Citoyenne, après avoir échoué dans sa tentative de prise symbolique de cette dépendance.
Autant l'APPO que le gouvernement de l'Etat ont bougé leurs pions devant l'arrivée imminente de la sous-commission sénatoriale qui analysera les conditions de gouvernabilité dans l'Etat, en vue de certifier une éventuelle disparition de pouvoirs qui coûterait au priiste Ulises Ruiz son poste de gouverneur. Le groupe de législateurs est arrivé hier matin, mais la veille, le gouvernement oaxaqueño a décidé de réouvrir tous les bureaux publics qui ne fonctionnent pas depuis deux mois, pour feindre le fait qu'ils travaillent avec normalité. En réponse, l'APPO a organisé une série de brigades mobiles pour reprendre "symboliquement" la dépendance principale et a renforcé les barricades et les slogans muraux. En arrivant au quartier de la police, les manifestants ont tenté de convaincre les policiers d'abandonner le lieu mais ils n'ont pas reçu de réponse. Quand ils se retiraient, les policiers leur ont tiré dessus durant 10 minutes avec des armes de divers calibre ; quatre personnes ont été blessées, bien que sans gravité.
Hier, les trois sénateurs du PRI, du PAN et du PRD, membres de la sous-commission envoyée à Oaxaca, ont eu un entretien avec les titulaires des pouvoirs Législatifs et Judiciaires de l'Etat, qui insistent sur le fait qu'ils travaillent normalement, bien qu'en réalité le Congrès local est fermé et que les députés de l'Etat sessionent dans des maisons particulières ou des hôtels, de manière itinérante, alors que tous les tribunaux de la capitale oaxaqueña sont occupés par l'APPO. Tandis que le troisième pouvoir, l'Exécutif, a cessé de fonctionner il y a deux mois et que les principaux bureaux du gouvernement de l'Etat sont fermés. Certains ont loué des maisons particulières qui font office de bureaux, de manière discrète pour éviter qu'elles soient aussi bloquées par les manifestants.
Il est certain que la tête du gouverneur Ulises Ruiz se trouve de plus en plus de sur-évaluée, et bien qu'elle ne soit pas une partie formelle des négociations, tous spéculent sur elle. Le PRI soutient que les pouvoirs de l'État fonctionnent. Tandis que le PAN se débat dans des contradictions et le PRD insiste sur la nécessité de résoudre la crise au moyen d'un processus politique qui désigne un gouverneur intérimaire et qu'il soit convoqué de nouvelles élections. Le président Vicente Fox s'est réuni avec le président élu Felipe Calderon et avec la dirigeante du Syndicat National de Travailleurs de l'Education, l'ex-priiste Elba Esther Gordillo, mais le thème d'Oaxaca a été minimisé par son porte-parole.
Les voix qui insistent sur une sortie de conflit répressive n'ont pas été apaisées. Hector Larios, coordinateur des députés fédéraux du PAN -le parti des présidents sortant et entrant-, a demandé hier qu'il soit fait usage de la force publique pour rétablir la gouvernabilité à Oaxaca. Comme pour conjurer les démons, le Secrétariat de la Marine a replié hier trois mille hommes qui avaient été déployés depuis deux semaines sur les côtes et dans l'intérieur de l'Etat, comme pour démontrer qu'ils n'interviendraient pas dans le conflit pour réprimer ou pour soutenir la Police Fédérale Préventive, "sauf si nous ne recevons pas d'autres ordres du commandant suprême des forces armées, le président Vicente Fox", selon des sources militaires.
Mexico, D.F., Gerardo Albarrán de Alba, Pagina/12 (Argentine), 13 octobre 2006. Traduction : Fab, santelmo@no-log.org