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On y trouve la crème des technophiles, les développeurs, les alertés, les computodépendants (je ne parle pas de toi Christophe), les méga geeks, les Embruns and Co, les cyberconnectés depuis l’aube des temps, les admirateurs de Tron et de Wargames. Des mecs qui ont une brosse à dents en forme de joystick Attari et un Thomson TO7 en guise de lampe de chevet. Cette équipe d’inventeurs constitue le premier rideau, ceux qui savent, perdurent, dominent depuis le début et ricanent de nos errances. Ce sont des gens qui parlent d’Ajax mais ce n’est pas du foot. Et quand ils admirent MySQL, cela n’a rien à voir avec Clara Morgane. Ils créeront le prochain monde en tirant les conclusions qui s’imposent.
C’est l’arrivée des “early adopters”, des marketo-vigilants, des gens de médias, des entrepreneurs, des RP, des professionnels de la communication (je débarque en septembre 2004). Bien entendu ils sont une minorité comparés aux dessinateurs, aux poètes, aux geeks, aux Skyblogs, aux musiciens, aux apprenti cuisiniers ; mais ils sont une minorité qui s’agite, pour qui faire du bruit est une vocation, et briller est une seconde nature ; le blog devient à la fois outil d’expression et accessoire mondain d’une pensée libre, socialement intéressante à défendre devant ses amis et collègues, preuve d’une réelle avant-garde. Pour certains d’entre nous, cela représente aussi sincèrement un nouveau loisir, un plaisir, une source nouvelle de rencontres. Le blog donne une obligation de regarder le monde différemment, avec l’objectif quasi quotidien d’en tirer quelque chose de partageable. Gratuitement. C’est le temps des premières rencontres et des émotions presque pures.
Le blogueur devient objet de curiosité et intéresse les médias. Si autant de gens en ont, c’est donc qu’il faut en parler. Si on en parle autant, c’est donc qu’il faut en avoir. Roule ma poule, on va inviter des blogueurs à parler, ils doivent avoir des trucs à dire. C’est alors que s’entrechoquent deux mondes, l’ancien et le nouveau. L’ancien se raccroche aux branches en accueillant les nouveaux. Mais l’on ne peut pas recevoir tout le monde, alors on sélectionne. On regarde les stats. On parcourt rapidement. On déniche à la hâte. On demande aux blogueurs de ses amis. Une bande d’amis. Le piège se referme. Et nous courrons, sur les plateaux, dans les gazettes, derrière les micros. Un infime pourcentage non représentatif, comme tous les infimes pourcentages, est mis sous les vieilles lumières de médias fatigués et en manque de sensations. Les millions d’autres blogueurs regardent ce cirque, d’abord amusés, enthousiastes, puis lassés, agacés, jusqu’à l’écoeurement. Tout se mélange. Des classements. Des coming outs. Des meetings. Des édités. Des journalistes en guerre. Des rappeurs à fromage. Des chômeurs en fin de droit. Des association de protection de la pédophilie. Internet, les blogs, iTunes, Myspace, YouTube, mon cul sur tes cheveux ! On flotte en 3D dans un grand terrain vague où tout le monde dit n’importe quoi, s’insulte, se jalouse. Vieilles rancoeurs et viles sentiments ont remplacé le bel élan du début. On vit ensemble tous les jours, forcément on finit par se taper dessus, c’est ça la famille. Point d’orgue : le Web3 et les réactions post-événement. Le festival de la connerie humaine poussé à son paroxysme, un terrain de jeu fantastique pour une thèse en sociologie. En tout cas c’est le sujet que je choisirais si j’étais étudiant. Et je ne parle pas de la purée de barrons ou les alterblogueurs. J’en rie encore.
Alors maintenant j’ai la sensation qu’il faut continuer sans chercher ces fameuses “conversations” que le blog était censé ouvrir. Vu le nombre de blogueurs, l’acharnement des débiles à s’exprimer (je ne donne pas de leçons, toi qui lis trop vite, je pense tout haut), le manque de civilité des plus jeunes, la recrudescence de campagnes de buzz, il faut avancer sans s’arrêter et sans se retourner. Ne plus chercher le dialogue, la réponse, la compréhension de l’idiot (on est tous l’idiot de quelqu’un, je sais), mais peut-être simplement se contenter de sa propre expression. L’expression, c’est déjà énorme. Il faudra trouver un moyen de tempérer les insultes sans fermer les commentaires. De bien expliquer la différence entre espace de liberté et marché aux poissons. Dans ce nouvel âge, j’ai l’impression que les blogueurs vont se concentrer sur leur art, quel qu’il soit, et que nous allons nous accompagner tranquillement, avec ou sans objectifs de gloire, vers la réussite de nos projets. J’ai l’impression que l’on va prendre en maturité et que les quelques specimens qui feront des passages à l’antenne ou ailleurs, sous ces paillettes illusoires, ne s’en vanteront pas plus que d’un 17/20 en histoire-géo. Nous regarderons peut-être cela avec un léger sourire, trouvant ça drôle ces petites percées hors du web, inutiles et sympathiques. Car je crois que c’est sur le web lui-même que se trouve la solution, pas ailleurs. C’est là qu’il est le trésor. Nous saurons alors distinguer le talent pour ce qu’il est, l’accompagner parce qu’il nous plaît et nous fait rêver. Je suis persuadé que le web est, pour quelques temps encore, un extraordinaire terrain de création. Manque plus qu’un modèle économique pour faire de ce terrain vague bien Français un beau jardin à l’Anglaise.
Je rappelle que mon blog est mon espace de liberté ultime, et que je fais mes petites théories à moi si je veux. Non mais. Et je suis de très bonne humeur en plus. J’ai mangé un éclair au café, espérant rapidement dépasser mon poids d’infarctus. La vie est belle !
Par Cyril de Lasteyrie (Vinvin)
Source : Vinvin Entertainment