Extrait du “Livre Bleu” [1] du GIXEL (groupement d’industriels de l’électronique) dans lequel il adressait en 2004 ses recommandations au gouvernement :
« La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles. Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes : éducation dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette technologie pour rentrer dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine, et les parents ou leurs représentants s’identifieront pour aller chercher les enfants. »
Manque de transparence
D’après le gestionnaire du collège Marie Curie, cette
installation est plus économique que l’ancien système de cartes à
code-barre (cela coûte tout de même 6 000 euros). En outre, ce ne
serait « pas vraiment du fichage » car les enfants
grandissent, la forme de
leurs mains évolue, et les données doivent donc être régulièrement
mises à jour. Ce sont les arguments qui ont poussé les membres du CA du
collège à voter pour l’installation de cette machine. Cette
présentation très partielle a exclu complètement certains aspects de la
biométrie. Une technologie controversée.
Ainsi la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) a lancé début juillet une « alerte à la société de surveillance » et s’est prononcée pour « [le
refus de] la mise en place de dispositifs biométriques avec une base
centralisée, toujours susceptible de faire l’objet d’un détournement de
son utilisation, pour contrôler l’entrée des enfants dans les cantines
scolaires ». Et au niveau national, la FSU (syndicat majoritaire
des enseignants), le Syndicat de la Magistrature et la LDH (Ligue des
Droits de l’Homme) ont pris position contre l’usage de la biométrie en
milieu scolaire, comme la FCPE de Paris (fédération de parents
d’élèves) et Sud Éducation 91, entre autres.
Une société de surveillance
En effet, la biométrie n’arrive pas seule. Elle se couple avec d’autres technologies (vidéo-surveillance, fichage ADN, nouvelle carte d’identité électronique...) qui donnent à ceux qui les maîtrisent un pouvoir de plus en plus important sur nos vies. Ajoutons que dix lois relatives à “l’insécurité” ont été votées ces cinq dernières années... Lorsque l’ensemble de la population est en permanence traitée comme suspecte, c’est le simple fait de refuser ces contrôles qui peut faire de nous des coupables. Retirons-nous réellement des bénéfices de cette surveillance ? Si à chaque instant nous sommes prêts à dévoiler notre intimité, à renoncer à notre vie privée, une vie collective peut-elle encore exister ?
Refuser la biométrie
Dans deux lycées de Digne les Bains (04), David Néel et Gilles de Gènes, les parents d’élèves ont été consultés avant la mise en place de tels dispositifs. Ils ont refusé que leurs enfants soient surveillés par des machines, si bien qu’à Digne, les bornes biométriques n’ont pas été installées. Ils viendront apporter leur témoignage. Alors même si le dispositif biométrique de Marie Curie est viable économiquement, même si les machines sont déjà installées, nous estimons que d’importantes questions éthiques et politiques sont en jeu.
Nous vous invitons donc à une
réunion d’information et de discussion sur la biométrie
mercredi 3 octobre à 20h à la salle Georges Brassens de Tournon
Entrée libre.
Projection d’un documentaire de 52’et discussion.
En présence de représentants de la FCPE 04, de la Ligue des Droits de l’Homme 04, et de l’Association Contre la Biométrie à l’École 07