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Nanterre : des flics dans les amphis

Lu sur Samizdat.net : "Le tout-sécuritaire envahit la fac. Des murs de protection ont été érigés à Nanterre, la police est entrée sur les campus, la contestation étudiante est étouffée. L’exaspération monte et les actions se radicalisent.

Ils sont une cinquantaine ce mardi 16 mars, sur le campus de Nanterre, groupés et déterminés. Banderoles et mots d’ordre : « Sécuritaire hors de nos vies » ou, plus poétique, « C’est la liberté qui murmure. » Rapides et discrets malgré le bélier et les masses que certains tiennent entre leurs mains, ils s’attaquent violemment à l’un des murs construits à la rentrée 2004, situé entre les bâtiments E et D, pour de « fallacieux prétextes de sécurité », comme le dénonçait en février dernier le Syndicat national de l’administration scolaire et universitaire et des bibliothèques (Snasub). En cinq minutes à peine, une immense brèche de cinq mètres de large environ troue le mur de protection. Victoire pour les étudiants déchaînés, qui se dispersent aussitôt, laissant derrière eux un tas de gravats et des vigiles dépités. Pas de forces de l’ordre à l’horizon. C’est un coup d’éclat supplémentaire pour ces étudiants, qui ne comptent pas en rester là. Car l’heure n’est plus aux bavardages, et ce sont tous les murs qu’ils voudraient faire disparaître.

Pour la plupart non-syndiqués ou appartenant à la mouvance autonome et libertaire, ils voient dans les murs construits sur le campus de Nanterre le symbole d’une orientation ultrasécuritaire, mise en place avec la création du Contrat local de sécurité, qui, comme le dénonce une étudiante affiliée à la CNT, « permet l’ouverture des espaces publics aux investisseurs privés. » Orientation qu’ils considèrent donc comme intimement liée au projet d’autonomie des universités voulu par Luc Ferry. Et leur lutte contre le « flicage » est aussi une lutte contre la privatisation insidieuse de l’Université « qui le sous-tend et en découle. » Car, avec ces nouveaux contrats mis en place depuis deux ans, c’est tout une vision de l’espace fac qui s’écroule. Pour l’un d’entre eux, « cette logique carcérale [mise en place de caméras de vidéo surveillance, avec 8 caméras intérieures, 4 extérieures et un centre de contrôle ; présence policière et construction de murs visant à segmenter le campus] fait de la fac un lieu de délinquance, duquel il faut éliminer les éléments les plus dangereux. L’image de l’université comme lieu de savoir et de culture est alors pervertie. »

En effet, la franchise qui interdisait (depuis le XVe siècle !) la présence policière sur les campus a été abolie. Aujourd’hui, ce sont la Brigade anticriminalité (BAC) ou des sociétés de vigiles avec écussons de l’Éducation nationale qui arpentent le campus, mangent au restaurant universitaire (RU) et surtout surveillent et répriment. Cela agace. D’où les empoignades musclées de l’automne dernier, lors des grèves contre la réforme de l’Université. Ainsi, l’occupation d’une salle de cours a dégénéré, comme l’explique Sébastien, étudiant en maîtrise d’histoire et de sociologie : « Lors de l’appel à la grève dans la Fonction publique en 2003, nous avons décidé avec d’autres d’occuper une salle pour nous faire entendre. Malheureusement, ça a mal tourné : l’administration a appelé les vigiles, qui nous ont agressés, et nous avons répondu. Après, la police a pris le relais. » Bilan : confiscation d’une bombe lacrymogène, 48 heures de garde à vue pour la dizaine d’occupants et un passage en conseil de discipline, prévu le 29 mars 2004 (1), seulement pour Sébastien, les autres étant des non-inscrits. Le jeune homme, qui risque une expulsion définitive de Nanterre, craint pour la suite de ses études, mais surtout pour l’avenir de la liberté de contestation. Pour la section Snasub-FSU de Paris-X, « cette très nette dégradation des rapports entre les organisations étudiantes et la présidence de l’université, accentuée depuis la rentrée 2004, résulte de cette dérive à coloration sécuritaire tout à fait dans l’esprit de la réforme de l’Université voulue par l’actuel gouvernement. » Car à celle-ci répond un radicalisme de plus en plus difficile à étouffer.

[Le 21 octobre, près de 400 étudiants se rassemblaient pour demander un dialogue. Pour toute réponse, la présidence leur envoyait un cordon de vigiles munis de bombes lacrymogènes, qu’ils n’ont pas hésité à utiliser. Et annonçait la fermeture du local des JCR.]

Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé : le local des Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR) a été fermé, puis muré récemment. Deux étudiantes de ce syndicat s’insurgent : « Depuis la rentrée, nous nous opposons à la politique de sélection qui règne à Nanterre et qui a abouti à la non-insciption de nombreux étudiants, d’origine étrangère ou venant de filiales peu valorisantes, bac pro notamment. Nous refusons une telle discrimination, qui a pour motif de faire de Nanterre une université de prestige, un espace pour privilégiés, qui puisse s’insérer dans le grand projet « Seine-Arche » visant à étendre le pôle d’excellence de la Défense jusqu’à Nanterre. C’est une honte. Aussi avons-nous décidé d’occuper la tour administrative dans la nuit du lundi au mardi 21 octobre. » La BAC est venue les déloger, à coups de matraque. Le lendemain, près de 400 étudiants scandalisés se rassemblaient pour demander un dialogue avec la direction. Pour toute réponse, la présidence leur envoyait un cordon de vigiles munis de bombes lacrymogènes, qu’ils n’ont pas hésité à utiliser. Et annonçait la fermeture du local des JCR. La SNASUB, dans un communiqué, condamnait cette « tentative d’entraver l’expression démocratique en muselant les organisations syndicales », en particulier celles qui ne sont pas représentées au conseil d’administration.

A la tension entre la direction et les étudiants, s’ajoute celle qui secoue les organisations étudiantes. L’Unef, le syndicat majoritaire de gauche, est très critiqué. Pour Sébastien, « les syndicats étudiants traditionnels comme l’Unef, qui eux siègent au conseil d’administration, ne se sont pas battus contre cette politique du tout-sécuritaire qui augure de la privatisation des facs. Les étudiants ne se sentent pas représentés. C’est pour cela que ces actions spontanées sont de plus en plus nombreuses et le seront d’autant plus qu’aucun dialogue n’est possible ni avec la présidence de 1′université, ni avec les syndicats. » Un constat qu’approuve Gabriel, un autre étudiant : « Si les attaques se multiplient, les résistances aussi. A Nanterre, on voit bien qu’il y a beaucoup plus d’étudiants que les années précédentes prêts à se bouger. »

En effet, les campagnes de distribution de tracts sont légion « quand on ne nous arrache pas les tracts des mains », précise Sébastien. Les AG succèdent aux AG. Des actions s’inventent et se concrétisent, à l’image de la tentative de destruction du mur. Comme le souligne une étudiante, « on fait tout pour que la présidence, qui tente, par tous les moyens, d’éviter les rassemblements, de restreindre les échanges, de mettre au pas la vie estudiantine, déjà bien morose, ne l’emporte pas. » Même s’ils se sentent souvent confinés, bâillonnés, les contestataires étudiants, les « enragés » comme ils se sont surnommés en référence à Mai 68, veulent jouer les trublions, afin de faire entendre haut et fort que l’avenir de l’Université mérite un vrai débat public. Quitte à opter pour la radicalité. Et à se faire exclure.

Aline Chambras
© Politis, 25 mars 2004.

(1) Le lundi 29 mars 2004, à 14 h, manifestation de soutien devant le ministère de l’Éducation nationale, où se tiendront les conseils de discipline (salle 205, 101, rue de Grenelle, Paris VII).

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site
http://enrages-nanterre.freeservers.com

Ecrit par libertad, à 13:10 dans la rubrique "Social".



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