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L'En Dehors


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MOTS CONTRE MAUX

Chez les politiques le discours, la parole donne l’impression de la vie, il n’est en fait que l’expression de leur mort, de leur mort politique au sens d’acteur de la vie publique. Il momifie celui qui le tient car le discours politique est étranger à la réalité sociale qu’il a la prétention d’évoquer. Le discours des politiques est fait pour le spectateur, pas pour la victime, à l’image des obsèques qui n’ont de sens que pour les vivants.

Il n’est question aujourd’hui que de «dialogue», de «pacte républicain», d’«ordre républicain»,de «reconnaissance», de «respect», de «retour à la normale». Plus les voitures brûlent, plus les CRS se font caillasser, plus le discours du pouvoir, avec tout de même quelques menaces, est choisi, patelin, ouvert, finement ciselé, bref «républicain».


LE SILENCE DES MOTS


Le gargarisme sémantique est la seule thérapie qu’a trouvé la classe politique pour cacher aux yeux de tous son impuissance. Ces professionnels du discours rivalisent de formules «républicaines» pour montrer qu’ils ont la situation «sous contrôle». Pourtant l’usage de ces mots, de ces termes, tient plus de l’incantation que de la réalité d’une volonté d’action. En effet, un mot n’est qu’un mot.

Prenons en quelques uns:

«Dialogue»: C’est quoi le «dialogue» pour les autorités? Oh c’est très simple: c’est le simple enregistrement des demandes… le seul échange ne pouvant se situer que dans le cadre d’un système économique et social qui ne saurait changer… Autrement dit le dialogue est un calmant, un faux semblant de démocratie.

«Respect»: c’est avant tout le respect de l’ordre établi (enveloppé dans l’emballage plus séduisant d’«ordre républicain» ou «ordre public»), c'est-à-dire un ordre, dans ce système, essentiellement inégalitaire, un ordre dans lequel il est de notoriété publique que l’on ne trouve sa place que si l’on correspond aux besoins du système, un ordre dans lequel il faut respecter une loi qui est celle du système.

«Pacte républicain»: régulièrement évoqué mais jamais défini comme si le terme, dont les politiques en ont «plein la bouche», avait une valeur en soi.(demandez autour de vous la définition de ce terme!). Ce serait un pacte moral qui assurerait le respect et la dignité à tout citoyen/ne. Mais où est-il concrètement ce pacte dans notre société, dans les cités, dans les entreprises, sur les services publics, la ségrégation au logement, à l’emploi, les OGM, la Justice,…?

«Retour à la normale»: c'est-à-dire retour à la situation précédente… faisons comme «s’il ne s’était rien passé»…car c’est comme cela que ça se passe, chaque fois!

Tout cela est censé être sous tendu par les «valeurs de la République». Mais où sont-elles ces fameuses valeurs, ailleurs que sur le fronton des édifices publics.

Quel sens ont ces valeurs pour un jeune qui a toujours vu son père au chômage et qui a de grandes probabilités d’être lui aussi au chômage, en galère, ainsi que ses frères et sœurs?

Quel sens ont ces valeurs quand on est systématiquement victime du «délit de sale gueule» qui se concrétise par des contrôles policiers permanents dans la rue?

Quels sens ont ces valeurs à l’heure ou l’on détruit les services publics, les retraites, la protection sociale et où tout se résume par: le fric?

Quels sens ont ces valeurs quand ces jeunes voient dans les médias la couardise et la malhonnêteté de ceux qui leur donnent des leçons de morale? Faut-il citer des exemples précis et des noms?

Sont-elles contestables ces valeurs? Pas le moins du monde. Par contre ce qui est contestable et même condamnable c’est le fait de s’en servir d’alibi, de« miroir aux alouettes», de s’en servir de prétexte pour perpétuer un système économique et social qui en est la plus parfaite négation dans les faits, sinon dans les apparences.

Ces mots, ces expressions lancées dans les médias, s’ils ont pu faire illusion à une époque ne correspondent plus à rien, sont en rupture avec le réel social. Ce que masquent ces mots c’est la réalité sociale, celle qui fait qu’une partie de la population sont des parias que l’on cache et que l’on espère discrète, celle qui fait que l’on réduise le citoyen au simple salarié corvéable et/ou chômeur résigné et/ou consommateur solvable.

Tout ce qui vient d’être dit ne concerne pas que les populations d’origines immigrées, mais tout individu dans cette société, dans ce système qui vit, ou essaye tout simplement de vivre. Pour les politiques, les pauvres et les exclus ne sont acceptables que s’ils se taisent et se résignent à leur sort… et surtout aillent voter. Les mots ne sont pas pour eux ils ne doivent se contenter que des maux.

La faillite politique, de la Droite comme de la Gauche est totale et n’est maintenue que de manière fictive par des médias qui mettent en scènes des pantins qui n’ont plus rien à proposer.


LES MAUX PLUS FORTS QUE LES MOTS


L’incurie des politiciens de tous bords n’a d’égal que l’impudence dont ils font preuve quand ils s’expriment sur ces faits.

Tous ont bien évidemment la solution et depuis longtemps, surtout ceux qui sont dans l’opposition… Ils se demandent d’ailleurs comment ils peuvent y rester dans l’opposition puisqu’ils ont la solution…Ils font même des congrès pour ça!. Le problème c’est que personne ne les écoute.

La solution?: «Il n’y a qu’à…».

Ecoutez les tous ces vieux «chevaux de retour» qui se sont vautrés, et pour certains se vautrent encore, dans les palais de la République qui viennent doctement expliquer dans les médias ce qu’il y a lieu de faire, mais qui avaient oublié de le faire quand ils étaient au pouvoir!

Ecoutez les tous ces «petits marquis» de la République avec leurs appartements surdimensionnés, leurs voitures de fonction, leurs chauffeurs, leurs privilèges qui sont à des années lumières de la réalité sociales et qui osent dire depuis leur cocon protecteur: «Les Français pensent que …»«Les Français souhaitent que,…», «Les Français aspirent à…» «La priorité des Français c’est…»

Regardez les ces médias, qui ouvrent leurs portes, leurs antennes, leurs micros, leurs rubriques, à ces «pique assiettes» de la société qui profitent des temps de crise pour se refaire une virginité politique et de revenir, pour certains, en politique… comme on va à la soupe!

C’est ce spectacle affligeant de la bassesse et de la médiocrité qui devrait redonner confiance et courage à une jeunesse en mal d’avenir dans un monde qu’on lui détruit?

Au-delà des intérêts de chapelle et de la concurrence pour le pouvoir, Droite et Gauche font front commun car il y va de la survie du système dont elles profitent.

Ne nous méprenons pas, les «violences urbaines» sont les dommages collatéraux du fonctionnement d’un système inégalitaire aggravé par les politiques libérales d’abandon et d’exclusion.

Les mystificateurs de la politique veulent une fois de plus nous faire entrer dans leurs combines minables et foireuses. Il est temps de se donner les moyens ( pas électoraux, ils verrouillent tout ) du changement social. Faire en sorte que les mots correspondent à la réalité sociale et non ne soient que les faire valoir de prétentions personnelles ou claniques dérisoires.


Patrick MIGNARD

Voir également «DROGUE, ECONOMIE SOUTERRAINE ET SOCIETE PARALLELE»
«DECADENCE», «TRANSITION»

Ecrit par , à 12:22 dans la rubrique "Pour comprendre".



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