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CAIRN :
"La misère sexuelle consiste principalement dans l’absence ou la faiblesse de vie sexuelle non reproductive. La répression sexuelle réside dans l’ensemble des dispositifs, sociaux, médicaux, légaux, idéologiques, esthétiques, qui contribuent à l’affaiblissement ou à l’absence de vie sexuelle non reproductive. La libération sexuelle se définit comme la conquête des possibilités de vie sexuelle non reproductive et de la satisfaction qui est supposée y être associée à un niveau psychologique (comme dépassement des processus psychologiques qui s’opposent à ces possibilités). La révolution sexuelle décrit la politisation de la lutte contre les dispositifs de la répression sexuelle et s’inscrit dans un projet de transformation de la société qui peut prendre des formes réformistes et/ou radicales. Reste à s’interroger sur l’émergence, l’apogée et la disparition de cette problématique dans les discours publics sur la sexualité et sur leur remplacement par les notions de santé sexuelle d’une part, et de droits sexuels.
La question de la libération sexuelle est lancée en France avec la publication en 1966 d’un numéro de la revue
Partisans
« Sexualité et répression » qui comprend des contributions des
principaux théoriciens de la révolution sexuelle et des enquêtes sur la
situation des jeunes et des femmes visant à illustrer la
misère sexuelle.
Ce numéro ouvre le débat sur cette question en se situant dans la
perspective de l’émancipation générale des hommes : « Il nous a donc
semblé nécessaire de montrer l’importance fondamentale du vieux débat,
liberté ou répression, dans la perspective de cette société égalitaire
et libertaire que nous souhaitons voir naître un jour
[1] ».
D’emblée, et dès avant les événements de Mai 1968, la question de la
répression et de la libération sexuelle est posée en termes politiques.
Un deuxième numéro de
Partisans sur le même thème paraîtra en
1972. Il poursuit l’élaboration théorique de la révolution sexuelle et
accorde une section importante à la répression de l’homosexualité. Il
s’agit de l’une des rares tentatives qui traite conjointement des
homosexuels et des « hétérosexuels ». Le
Rapport contre la normalité
(manifeste du Front homosexuel d’action révolutionnaire) paraît en 1971
et s’inscrit aussi dans le courant révolutionnaire dont il critique le
conformisme sexuel et la
phallocratie. « Si donc n
os
rapports homo-sexuels sont par définition la négation de certains
rapports sociaux constitutifs du patriarcat et du capitalisme, pourquoi
n’avons-nous pas toujours été une force révolutionnaire
[2] ? ».
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