Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Max Stirner : L'individualisme libertaire
Lu sur Max Stirner ou l'individualisme libertaire : "Dieu et l'Humanité n'ont basé leur cause sur rien qu'eux-mêmes. Je baserai donc ma cause sur Moi : aussi bien que Dieu, je suis la négation de tout le reste, je suis pour moi tout, je suis l'Unique.Max Stirner est le pseudonyme de Johann Kaspar Schmidt. Né en 1806 à Bayreuth, en Bavière, Schmidt étudie la philosophie à l'Université de Berlin, de 1826 à 1828, où il subira l'influence déterminante de Hegel. En 1832, il entreprend un certificat d'enseignement qui lui vaut, après quelques années difficiles, de finalement obtenir un poste de professeur dans une pension de jeunes filles à Berlin. C'est cette situation "respectable" qui explique que le professeur Schmidt choisit bientôt le pseudonyme de Max Stirner pour signer les écrits que le philosophe radical fait paraître.Ces écrits sont en fort petit nombre : si l'on excepte quelques articles parus dans Rheinische Zeitung (La Gazette Rhénane) alors dirigée par Karl Marx, et quelques autres travaux mineurs, Max Stirner est l'homme d'un seul livre, Der Einzige und sein Eigentum, (L'unique et sa propriété) paru en 1845. Il s'agit d'une œuvre puissante, radicale et profondément originale. L'ouvrage est rédigé alors que Stirner participe au cercle des Frein (Les Affranchis), assemblée d'hégéliens de gauche où se retrouvent, entre autres Karl Marx et Friedrich Engels. Ceux-ci consacreront de longs passages de leur Idéologie Allemande à la critique des idées avancées dans L'unique... où ils ne voient essentiellement et injustement qu'un point de vue idéaliste, celui d'un petit-bourgeois qui en resté au stade de la spéculation vide et purement théorique et qui se refuse à faire l'expérience de la pratique.

Stirner meurt en 1856, dans une totale obscurité dont le poète et romancier Allemand John Henry Mackay devait le tirer en 1898 en faisant paraître Max Stirner, sein Leben und sein Werk (Max Stirner, sa vie et son œuvre) qui est la première étude exhaustive consacrée au philosophe. L'Unique deviendra alors le bréviaire des anarchistes individualistes et aura constamment des lecteurs, parfois peu nombreux sans doute, mais toujours très enthousiastes.

Stirner pose que le moi est unique, irréductible aux réalités et aux catégories dans lesquelles on cherche à l'enfermer et qu'il peut considérer tout le reste comme étant sa propriété. Dieu et l'Humanité n'ont basé leur cause sur rien qu'eux-mêmes. Je baserai donc ma cause sur Moi : aussi bien que Dieu, je suis la négation de tout le reste, je suis pour moi tout, je suis l'Unique. Ce Moi est encore tenu pour indéfinissable puisque toute définition l'inclurait dans une catégorie à laquelle on ne saurait le rapporter sans le mutiler.

Ce point de vue est obtenu par une critique radicale des positions défendues par les hégéliens de gauche et en particulier par Feuerbach. La critique de la religion effectuée par ce dernier aboutissait, on s'en souviendra, à anthropologiser la théologie, Dieu et la religion. Stirner s'insurge : on crée ainsi une nouvelle idole, l'Humanité, à laquelle le moi devra encore se soumettre. La critique de Stirner se poursuit ensuite pour englober jusqu'aux positions des révolutionnaires qui cherchent à soumettre l'Unique à la dictature de catégories abstraites. La Société, divinisée, à laquelle nous devons soumission et obéissance ; l'État qui n'a, affirme Stirner qu'un but : limiter , dompter, assujettir l'individu et le subordonner à quelque chose de général ; la Révolution elle-même, dernier avatar de la divinisation de la société, du général, du collectif et nouveau prétexte à l'oppression du Moi : Lorsque le communiste voit en toi l'homme et le frère, cela est conforme à l'avis que le communiste professe le dimanche. Selon l'avis qu'il professe tous les jours, il ne te considère aucunement comme homme tout court, mais comme un travailleur humain ou un homme travailleur. Le principe libéral anime le premier avis, dans le second se cache son caractère antilibéral. Si tu étais un "fainéant", il ne méconnaîtrait certes pas en toi l'homme mais il s'efforcerait de le purifier, en tant qu'homme paresseux, de la paresse et de te convertir à la foi selon laquelle le travail est la "destination et la vocation" de l'homme.

Le Moi doit donc entreprendre un long travail de réappropriation de soi et de découverte de son unicité, il doit s'extraire de cette gangue des idées générales et abstraites ou tout concourt à l'enfermer. Rien n'échappe à cette virulente critique : religion, morale, dieu, conscience, parti, devoirs et toutes ces bêtises dont on nous a bourré la cervelle et le cœur. Notons au passage combien l'analyse faite par Stirner de l'éducation a conservé toute sa puissance et à quel point les idéaux qu'il met en avant restent stimulants : On pousse les jeunes en troupeau à l'école (...) et quand ils savent par cœur le verbiage des vieux, on les déclare majeurs ; et encore : Toute éducation doit devenir personnelle (...) Ce n'est pas le savoir qui doit être inculqué, c'est la personnalité qui doit parvenir à son plein épanouissement (...) Le point de départ de la pédagogie ne doit pas être de civiliser mais de former des personnalités libres, des caractères souverains.

Au terme de cette critique, Stirner tente de refonder la vie sociale mais envisagée cette fois comme réunion d'égoïstes librement et volontairement associés, l'associationnisme. Ces associations, toujours résiliables, permettent au Moi de préserver sa souveraineté et son unicité et constituent pour Stirner les seules qui soient naturelles et acceptables.

Des individualistes, disciples de Stirner, ont constamment jalonné l'histoire de l'anarchisme. À la Belle Époque ils seront même nombreux et feront beaucoup parler d'eux, notamment en prônant la libération sexuelle et en pratiquant ce qu'ils nommeront pudiquement la réappropiation individuelle, en termes clairs, le vol. Face à ces dernières pratiques comme devant certaines des idées de Stirner, on ne peut manquer de soulever des réserves. Cependant, si on accorde à Murray Bookchin que l'anarchisme se développera largement en travaillant cette tension entre la tendance vers le développement personnel qu'institue Stirner et la tendance qui s'efforce, a contrario, de promouvoir une liberté sociale et ses fondements et conditions collectifs, il faut alors convenir que l'égoïsme de Stirner et son associationnisme ont joué un rôle non négligeable dans le développement de la pensée anarchiste.

Normand Baillargeon

Extrait de Anarchisme, Colllection Les Essentiels, L'île de la Tortue, Montréal, 2000.
Ecrit par libertad, à 15:42 dans la rubrique "Pour comprendre".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom