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Lu sur : Indymedia Paris « Maintenant que l'Hexagone a largement viré au rose, tu n'as que l'embarras du choix alors, si tu es jeune et sans ressource, viens vivre dans une commune socialiste !
Il était une fois notre jeune camarade, dynamique et sans ressource. Dans la fleur de l'âge, l'héroïne de notre petite histoire banale atteindra ses 25 ans dans quelques mois ah, bientôt le RMI se disait-elle, chouette, mais en attendant ?
Et bien, justement, un événement inattendu vint pimenter sa vie (décadente) de nouvelle chômeuse. Et, bien que les rebondissements aux guichets Assedic ou autres entretien-conseils Anpe suffisaient à satisfaire son goût inné de l'aventure, une lettre de La Poste vint l'informer de la saisie de son compte postal : ordre du Trésor public. Passons sur les détails de l'affaire qui, pour une vieille histoire d'amende de transport à 30 euros, s'éleva à une dette d'un montant total de 975 euros. Après avoir asséché le compte en moins de deux (merci La Poste pour sa rapidité d'exécution voilà comment on est remerciée d'être une militante révolutionnaire acharnée, jeune et dynamique, et d'avoir choisi le service public plutôt qu'un compte en Suisse), le Trésor public, dans un élan d'humanisme émouvant, autorisa un étalement du paiement de la dette restante : 10 euros par mois jusqu'en 2007. Qui a dit que la société d'aujourd'hui n'offrait pas aux jeunes la possibilité de se projeter dans l'avenir, d'avoir des projets à long terme, hein ?
Du coup, mettant de côté son franc dégoût pour les rats de l'administration et autres guichets sociaux, notre héroïne fit une demande d'aide financière d'urgence auprès de l'assistante sociale de son quartier, et en profita, par la même occasion pour monter un dossier de demande de RIJ Dossier qui sera finalement rejeté, faute de rentrer dans les « cases »... allez, Martine c'est pas grave quoi !
Ou les miettes de nos dirigeants
L'aide financière d'urgence dont notre héroïne a pu bénéficier après la saisie de son compte, c'est une somme que tu peux aller chercher à la Mission locale dont le montant s'élève à 76 euros. Autant dire que c'est Byzance et le plus fort, c'est que tout cela vous ai donné en « Chèques multiservices ». Les chèques multiservices, c'est génial. Ce sont donc des tickets gracieusement offerts par la Mission locale. Et que lit-on sur ces tickets d'enfer ? Nous y voyons tout d'abord l'inscription suivante : « Hors boisson alcoolisée »... bah oui quoi, on le sait bien, les jeunes, au chômage qui plus est, vont tout dépenser les sous au bar, hein. Et ça c'est pas bien, cela n'aide pas à se réinsérer. Et puis, si on regarde bien encore, on s'aperçoit que ce sont des tickets édités en partenariat avec la Sodexho et oui, encore les bienfaiteurs de la Sodexho ! Les mêmes qui empoisonnent une grosse partie de la population avec leur sale bouffe industrielle dans les écoles et autres cantines gastronomiques, les mêmes qui ont recours au travail en milieu carcéral et qui font bosser les prisonnierEs (pour un « salaire » d'environ 150 euros par mois) en leur faisant emballer des plateaux-repas (repas qui leur sont facturés d'ailleurs puisqu'ils sont déduits de leurs salaires de misère). Voilà donc les partenaires privilégiés de l'État, qui, d'un côté, n'hésitent pas à exploiter les plus démuniEs en se faisant un maximum de fric y compris en milieu carcéral et qui, d'un autre coté, soignent leur image de bienfaiteurs en s'alliant avec les services sociaux merci la Sodexho !
Bon, on s'égare là, mais ça valait le coup de faire une petite digression, non ?
Alors, au fait, le RIJ, c'est quoi ?
Cet illustre inconnu, dont le diminutif se révèle être le « Revenu d'insertion jeune », est l'équivalent du RMI, accessible aux personnes ayant moins de 25 ans.
Le RIJ existe dans quelques grandes villes en France, notamment à Nantes. Théoriquement, le RIJ est attribué aux personnes de moins de 25 ans, résidant sur la commune, ayant un logement autonome depuis plus d'un an et n'ayant aucun revenu.
Voilà pour les cases dans lesquelles il faut rentrer. Mais encore faut-il avoir l'information... d'ailleurs, notre héroïne se risqua à poser la question à l'assistante sociale lors de leur entrevue : « mais comment se fait-il que l'information sur l'existence du RIJ n'apparaît nulle part ? » il lui sera répondu : « c'est normal c'est une aide attribuée au compte-gouttes, ce n'est pas prévu pour être largement diffusé ». C'est donc cela, les pouvoirs publics relayés par les services dits sociaux ne veulent pas que ça se sache. Jean-Marc Ayrault ne serait donc pas un grand humaniste ? Et non, un RIJ ça se mérite comme le reste d'ailleurs. Autant dire que les plus démuniEs, les plus isoléEs, ils et elles peuvent toujours se brosser le RIJ, z'en entendront jamais parler !
Alors, soyons contre-productif-VE-s : parlons-en à nos amiEs, à nos voisinEs, à nos collègues bref, diffusons l'information au maximum et ayons les mêmes réflexes pour le reste, c'est cela aussi la solidarité concrète. »
adeline
Dans le prochain numéro de Noire-Atlantique à paraître fin septembre on vous contera la passionnante histoire d'un recalculé...
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