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L'Arabie saoudite et la Chine ne sont que deux exemples de ces pays qui cherchent à acheter des exploitations agricoles, du Soudan jusqu'au Cambodge, pour satisfaire leurs propres besoins alimentaires. Dans ces cas, des gouvernements, parfois grâce à des fonds souverains, négocient des droits sur des terres étrangères, que ce soit par un achat, une concession ou un bail, afin que leurs entreprises puissent venir et produire des denrées alimentaires pour les réexporter dans leurs pays. En échange, ils offrent des contrats pétroliers, des prêts subventionnés, des projets d'infrastructures et des fonds de développement. Les accapareurs de terres préoccupés par la sécurité alimentaire sont la Chine, l'Inde, le Japon, la Malaisie, la Corée, l'Égypte, la Libye, le Bahreïn, la Jordanie, le Koweït, le Qatar, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Ceux qui abandonnent leurs terres en échange de contrats pétroliers ou d'investissements sont les Philippines, le Mozambique, la Thaïlande, le Cambodge, le Myanmar, le Laos, l'Indonésie, le Pakistan, le Soudan, l'Ouganda, le Brésil, l'Uruguay, l'Ukraine, la Russie, le Kazakhstan et le Zimbabwe.
Investir dans des exploitations agricoles à l'étranger pour produire des denrées alimentaires pour un marché mondial tendu, est aussi devenu apparemment un moyen à la mode de se faire de l'argent ces temps-ci. Pendant toute cette année, une armée de sociétés d'investissement, de responsables de capital investissement et de fonds de couverture a procédé à des achats de terres agricoles dans le monde entier. L'idée est de tirer profit de la réduction des coûts fonciers et de l'augmentation des prix alimentaires partout où des terres agricoles fertiles sont disponibles, par exemple en Ukraine, en Chine, en Russie, au Nigeria, en Argentine, au Brésil et au Kazakhstan. Parmi les accapareurs de terres assoiffés de profits figurent des noms bien connus, comme ceux de Goldman Sachs, Morgan Stanley, BlackRock et Louis Dreyfus, mais il y en a beaucoup d'autres. Et ils obtiennent de l'aide d'agences comme la Banque Mondiale, la Société financière internationale (IFC) qui en dépend, et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, qui demandent instamment aux pays cibles de changer leur législation pour ouvrir les possibilités de propriété foncière aux étrangers.
Pendant que les responsables politiques des organismes des Nations Unies s'efforcent de « gérer » les éventuelles réactions hostiles, des organisations d'exploitants agricoles, des partis d'opposition, des groupes de défense des droits humains et d'autres contestent et résistent à ces transactions. Mais il faudra faire beaucoup plus pour mettre fin à cette énorme braderie des fondements mêmes de la souveraineté alimentaire.
GRAIN, "Main basse sur les terres agricoles en pleine crise
alimentaire et financière", un rapport de GRAIN, octobre
2008, (11 pages) + Annexe (11 pages). Consultable sur :
http://www.grain.org/go/mainbasse