Lu sur
le Monde diplomatique : "L’objectif de cet ouvrage n’est pas d’apporter une pierre supplémentaire à l’immense édifice des représentations de Mai 68. Il se soucie plus de la France des années 2000 que de celle de 1968, s’intéresse davantage à l’écho qu’au bruit et à la fureur. Son objet est de montrer comment l’événement en lui-même s’est trouvé dépassé par ses représentations successives, comment son statut événementiel a résisté aux tentatives d’annihilation, à l’amnésie sociale et aux assauts conjugués des sociologues et des ex-leaders étudiants qui, tour à tour, ont voulu l’interpréter ou en réclamer le monopole.
Mon intention n’est pas de faire l’inventaire des erreurs et des réalisations de Mai 68, ni de faire la démonstration des « leçons » que l’on pourrait en tirer. J’utilise l’expression « vies ultérieures » pour bien marquer que ce que l’on désigne aujourd’hui comme « les événements de Mai 68 » ne peut être considéré indépendamment de la mémoire et de l’oubli collectifs qui les entourent. C’est l’histoire des manifestations concrètes de ce couple mémoire/oubli que je souhaiterais retracer dans ce livre. Trente ans après, la gestion de la mémoire de Mai 68 - ou, autrement dit, la façon dont les commentaires et les interprétations ont fini par vider l’événement de ses dimensions politiques - est au centre même de sa perception historique. (…)
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