Ceci n’est pas un mouvement lycéen : la banlieue et l’école, chronologie de quelques mois de lutte
Lu sur
collectif RTO :
"A entendre les médias, un "mouvement lycéen " aurait éclaté depuis quelques deux semaines. Il se traduirait par de grandes manifs parisiennes, le mardi et le jeudi, ou les méchants casseurs viendraient décrédibiliser les gentils élèves, qui veulent plus de postes. Circulez, y’a rien à voir d’autre qu’un énième mouvement calqué sur les précédents.
Pourtant, les quarante mille personnes qui ont manifesté jeudi dernier ne sont pas apparues par génération spontanée, ni sur le mot d’ordre de quelques syndicats.
Depuis le mois de janvier au moins, quelque chose bouillonne, à partir d’un mélange détonnant, né dans ces départements de la grande couronne francillienne. Là ou des dizaines d’usines sont en grève, ou les supermarchés ont connu un mouvement sans précédent, là ou la police pas plus que les jeunes ne distingue les "bons " et les "mauvais", dans ces nuits presque quotidiennes d’affrontements.
Là, les premiers blocages ont commencé dès la fin janvier. Là les journées de grève non reconductibles appelées par les syndicats de profs ont trouvé un relais inattendu : dans les collèges, les écoles, les lycées techniques ou généraux, les parents et les élèves ont immédiatement rejoint la lutte : la grève a été reconduite, les blocages, les occupations d’écoles, les manifs sauvages ont émaillé le mois de février et mars, dans le silence assourdissant des médias et des grandes centrales syndicales.
Là, les alliances se sont formées sans gommer les contradictions, ni les sentiments partagés des uns et des autres : parce que l’école est un lieu d’espoir mais aussi de répression et d’exclusion, les vitres et les portes partent souvent en fumée. Parce que les profs sont aussi touchés par le discours sécuritaire, celui ci s’inscrit parfois dans les revendications des grévistes.
Chronologie non exhaustive et francilienne de ce qui n’est pas seulement un mouvement de lycéens, un mouvement ou les écoles sont bloquées et ou l’espace urbain devient le terrain de la lutte. Un mouvement intergénérationnel, ou l’école est à la fois le lieu central et le prétexte d’une colère qui va bien au delà des revendications sur les suppressions de postes, la colère d’une population à qui on ferme toutes les portes.
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