Séraphin est en colère. A la table les anciens parlent comme toujours des luttes d’hier, de l’ordre du monde et des paradis futurs. Ils citent des textes, s’amusent de références communes, s’apostrophent quant à tel ou tel détail de rhétorique. Séraphin n’écoute même plus les mots. Les voix forment une monodie lancinante et qu’il connaît par cœur. Le doyen en bout de table a de mauvaises dents jaunes et des miettes sont restées accrochées à sa barbe.
Séraphin s’agite sur son siège. Son pied rythme son énervement. Cela
remonte le long des mollets, remonte le long des cuisses, remonte le
long du sexe, remonte jusqu’à son ventre, remonte jusqu’à sa nuque,
remonte jusqu’à la pointe de ses cheveux. Son cœur accélère, sa
respiration accélère, la volière accélère dans sa tête, il a chaud, un
truc remonte des tripes, passe le diaphragme, remonte dans l’estomac,
passe le cardia, remonte l’œsaphage, et reste là, noué au niveau de la
pomme d’Adam, et ça enfle, ça enfle, il serre les dents, mâchoires
tendues, tempes battantes, il serre les dents mais le truc est là et ça
enfle, ça enfle, sa bouche s’ouvre.
«JE N’EN PEUX PLUS !»
Il est debout. Il est dehors. Il ne voit rien que ses pieds qui
dévalent et marchent dans la lumière, la poussière, la chaleur. Devant
ses pieds un tas de guenilles et au milieu des guenilles trois dents
dans un cloaque deux yeux sous des broussailles. Il porte la main à sa
bourse, ferme la main sur ce qu’elle contient, et jette l’argent sur le
tas de guenilles.
Devant
marché grouille masse corps grouille hommes corps femmes corps enfants
corps vieillards corps esclaves grouille sueurs organiques humide chaud
En face garnison patrouille hommes armes un qui passe un qui arrête un
qui questionne un qui interroge un qui sourit... pourquoi, de quoi
sourit-il ?
Plus loin collabo plus loin ignorance plus loin faire semblant
variation
I remonte la rue ombres défilantes de grilles grilles au milieu de rien
derrière au sol interdiction de stationner remonte la rue à droite sens
interdit tourne sur place dans le dos en face stationnement obligatoire
en dessous interdit interdit aux chiens à côté chantier tout est en
chantier remonte la rue sirène filet en face pas de bruit sirène
tournoie doucement la mort en silence
Retour à la casa de familia
Là Père assis commente gravement l’esclandre auprès des anciens l’ordre du monde l’expérience et il faut s’adapter.
Là Mère silencieuse s’affaire au repas sert la tablée.
Là Frère joue les bons fils et femme de frère affiche la satisfaction des madones pondeuses.
«JE N’EN PEUX PLUS !»
Séraphin court aux portes de la ville. Devant lui s’étend le désert.
Vous êtes Séraphin.
0. Vous partez dans le désert.
0.0. Vous allez à l’oasis rejoindre les nomades.
0.0.0. Les nomades quittent l’oasis. Vous les suivez.
0.0.0.0. La fille du chef a des yeux de braise. Ses lèvres ont le goût du miel et du lait, son teint est
pareil à celui d’une etc... Vous finissez marié, deux enfants et prenez
la suite du chef.
0.0.0.1. Les nomades croisent d’autres nomades qui croisent
d’autres nomades... Vous passez d’une tribu à l’autre. Vous finissez
gyrovague et interprète (ou guide touristique)
0.0.1. Les nomades quittent l’oasis. Vous restez. Retour à
0 ou
1
0.1. Vous allez dans le désert rejoindre les ascètes.
0.1.0. Vous allez rejoindre les anachorètes.
0.1.0.0. Vous vous joignez à une laure. Vous vous installez dans
une grotte et songez à partager les tâches pour avoir plus de temps à
consacrer à votre retraite. Vous finissez communiste (ou père de
l’Eglise).
0.1.0.1. Une colonne se dresse au milieu d’un temple en ruines.
Vous grimpez dessus. Des foules se pressent recueillir vos sages
conseils. Vous finissez stylite.
0.1.1. Vous allez rejoindre les cénobites.
0.1.1.0. Vous vous conformez à la règle et prenez votre service régulier. Vous finissez père abbé, intendant ou percepteur des impôts.
0.1.1.1. La règle ne vous convient pas. Vous vous défroquez, retour à
0 ou
1.
Vous convainquez quelques frères de fonder avec vous une autre
communauté. Vous finissez gourou, ou personal coach, ou dissident
politique.
1. Vous retournez à la ville.
1.0. Vous retournez sur la place du marché.
1.0.0. Vous vous dirigez vers le bâtiment des anciens.
1.0.0.0. Vous présentez vos humbles excuses. Vous finissez intellectuel et vice-assistant du doyen.
1.0.0.1. Vous vous asseyez sans mot dire, et réflechissez à la contre-offensive. Vous finissez doyen.
1.0.1. Vous vous dirigez vers le marché.
1.0.1.0. Vous croisez votre ami d’enfance qui vous embarque à la
taverne. Il s’installe à la campagne et vous propose de l’accompagner.
Vous refusez, retour à
1.0.1. Vous acceptez, vous finissez
néo-rural et éventuellement alcoolique (ou macrobio si vous êtes allé
dans le désert avant de revenir au marché.)
1.0.1.1. Vous vous dirigez vers les hommes en patrouille en
brandissant un poing fermé. Vous vous faites arrêter. Vous finissez
révolutionnaire professionnel, kamikaze ou syndicaliste.
1.1. Vous rentrez à la maison.
1.1.0. Vous vous remettez à table et vous finissez de manger.
1.1.0.0. Un invité arrive. C’est la jolie voisine. Ses yeux sont
de braise, ses lèvres ont le goût du miel et du lait, son teint est pareil à celui d’une etc... Vous finissez
marié, deux enfants et prenez la succession de votre père.
1.1.0.1. Un invité arrive. C’est Terence Stamp. Vous éclatez de rire. Vous finissez artiste (ou fou... c’est pareil)
1.1.1. Vous flanquez votre poing dans la figure de votre père (pour commencer...). Retour à
0 ou
1.
0.0.0.0. Vous êtes mort.
0.0.0.1. Vous êtes mort.
0.0.1.0. Vous êtes mort.
0.0.1.1. Vous êtes mort.
0.1.0.0. Vous êtes mort.
0.1.0.1. Vous êtes mort.
0.1.1.0. Vous êtes mort.
0.1.1.1. Vous êtes mort.
1.0.0.0. Vous êtes mort.
1.0.0.1. Vous êtes mort.
1.0.1.0. Vous êtes mort.
1.0.1.1. Vous êtes mort.
1.1.0.0. Vous êtes mort.
1.1.0.1. Vous êtes mort.
1.1.1.0. Vous êtes mort.
1.1.1.1. Vous êtes mort.
Votre vie est écoulée
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Provisoire
à 00:03