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L’étude réalisée par Camille Landais, membre de l’Ecole d’Economie de Paris, analyse l’évolution des revenus à partir des données fiscales, à la suite des travaux de Thomas Piketty.
Elle révèle un fort accroissement des inégalités de revenus depuis 8 ans, du fait d’une augmentation très forte des revenus des foyers les plus riches depuis 1998, tandis qu’au contraire les revenus moyen et médian [1] croissent très modestement sur la période.
Cette explosion des hauts revenus est essentiellement concentrée sur les foyers appartenant au 1% les plus riches, qui voient leur part dans les revenus totaux considérablement augmenter entre 1998 et 2005.
Stagnation du revenu moyen
Passant de 23 205 en 1998 à 24 574 euros [2] en 2006, le revenu moyen a connu une augmentation de 5,9% sur la période, soit une croissance annuelle de 0,8%.
Le revenu médian est passé de 17 568 à 18 345 euros, soit une augmentation moyenne de 0,7% par an.
Jospin vs Chirac
Cette faible croissance moyenne sur la durée masque en fait deux périodes très différentes. Durant les années 1998-2002, la croissance accompagnée par une forte réduction du chômage a créé une embellie économique tirant les revenus vers le haut. Mais depuis 2002, c’est le calme plat. Les revenus augmentent de moins de 0,1% par an.
De 1998 à 2002, le revenu moyen par foyer a cru de 1,4% par an, pour ensuite ne gagner que des miettes avec 0,06% entre 2002 et 2005.
Pour le revenu médian, la croissance depuis 2002 n’est plus que de 0,03% par an.
En rapprochant ces chiffres avec ceux des gains de productivité, Camille Landais s’interroge : « que l’on prenne le PIB par tête,le PIB par actif ou même le PIB par heure travaillée, tous trois ont continué à augmenter en volume après 2002, en moyenne de l’ordre de 0.8 à 1.0% par an. »
Comment expliquer la stagnation des revenus alors que la quantité produite a continué à croitre au même rythme ?
Les hauts revenus à la fête
Réponse de Landais : « On peut avancer deux lignes d’explication, qui s’accordent avec les résultats que nous présentons dans cette étude : tout d’abord une évolution de la répartition capital/travail au sein des revenus défavorable aux revenus d’activité, et en second lieu, qui est en partie une conséquence de cet état de fait, un accroissement très rapide de la part des hauts revenus dans le revenu total. »
Pour les 5 % des foyers les plus riches, les revenus déclarés ont augmenté de 11% depuis 1998
Pour les 1 % des foyers les plus riches, ils ont augmenté de 19%
Pour le 0.1 % du sommet de la pyramide, 35 000 foyers, les revenus ont bondi de 32%
Et pour les 3 500 happy few qui repésentent 0.01% des foyers fiscaux, de près de 43%.
Accroissement des inégalités
Si la moyenne des revenus a augmenté, en fait la plus grande partie de la population a vu sa part relative décroitre.
La part des 10% les plus riches dans le revenu total a augmenté de 2,7%, mais celle des 90% les moins riches est passée de 68,6% à 67,8%. En d’autres termes, pendant que le gateau grosissait, la part revenant à 9 français sur 10 a diminué de taille.
Evolution à l’anglosaxone
Le rapport note que « la très rapide augmentation des inégalités de salaires a également fortement participé à cette augmentation des inégalités de revenus. De ce point de vue, la France rompt avec 25 ans de grande stabilité de la hiérarchie des salaires. Tout en restant un pays plus égalitaire que les pays anglo-saxons en termes de distribution des revenus primaires, la tendance actuelle n’exclut pas que la France puisse converger vers les modèles anglo-saxons. »
Et il se montre pessisimiste sur l’évolution à venir, en indiquant que sur la période récente « la tendance de croissance des hauts revenus et des hauts salaires se poursuit voire s’amplifie. »
Lire l’étude de Camille Landais Les hauts revenus en France 1998-2006. Une explostion des inégalités (pdf)
Illustration : Parking réservé aux BMW - tous les autres véhicules seront détruits
[1] Le revenu médian est celui qui sépare en deux parties égales la population étudiée. La différence entre salaire médian et moyen est illustrée par une plaisanterie célèbre : quand Bill Gates entre dans un bar, le salaire moyen de l’assistance explose, le salaire médian ne bouge pas.
[2] Chiffre exprimé en Euros constants, corrigés de l’inflation