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Il dénonçait alors rondement « l’immixtion militaire et politique sans cesse néfaste de la France dans les affaires intérieures de beaucoup de pays africains ». Il rappelait « outre le cas du Tchad depuis 1968, ceux du Rwanda, de la Côte d’Ivoire, du Congo-Brazzaville, de la République démocratique du Congo, du Centrafrique, etc. » qui « illustrent à merveille de ce que fait la France en Afrique ».
Il n’hésitait pas non plus à évoquer comment Idriss Déby lui avait volé sa victoire à l’élection présidentielle de mai 2001 « avec le concours très actif de l’ambassadeur de France de l’époque, Monsieur Jacques Courbin ». Et c’était bien sûr sans aucune naïveté qu’il appelait à « une nouvelle coopération militaire, politique et de développement à visage humain », et s’offrait, « en tant que député et homme politique tchadien », « à y travailler sérieusement ».
Faut-il croire que Yorongar serait allé trop loin en prenant le candidat Sarkozy au mot, en espérant que se traduisent « dans les faits », les propos que celui-ci aura tenu pendant sa campagne « à propos de la présence militaire française en Afrique » ?
Sans aucune pitié, le leader tchadien rappelait qu’y compris aux termes des accords de coopération militaire existants entre le la France et le Tchad, les personnels militaires français « ne peuvent en aucun cas participer directement à l’exécution d’opérations de guerre ni de maintien ou de rétablissement de l’ordre de la légalité... ».
« En dépit de la limpidité et de la clarté de cet accord », Yorongar rappelait que « la France continue de violer allègrement sa signature en participant “directement à l’exécution d’opération de guerre...” avec ses militaires et ses avions stationnés sur place au Tchad ».
« La France, berceau des Droits de l’Homme » (...) « ne doit pas renier ses signatures comme c’est présentement le cas », suggérait-il.
Yorongar osait même citer le discours d’investiture de Nicolas Sarkozy, « ce dimanche mémorable 6 mai 2002 », avec son appel « à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures ». « La fierté et le devoir de la France sera d’être à leurs côtés » déclarait alors le nouveau Président français...
Le leader de l’opposition tchadienne appelait en conséquence Sarkozy à « mettre un terme définitif à la tyrannie incarnée par le général Idriss Déby ».
« Vous avez toutes les capacités et les moyens nécessaires de lui faire entendre raison », précisait-il. Peut-être ne lui aura-t-il pas été pardonné d’avoir alors rappelé que « c’est grâce à l’unique soutien de l’armée française » qu’Idriss Déby se maintien au pouvoir, « au détriment du peuple du Tchad »…
C’était le 7 mai 2007.
Neuf mois plus tard, le 3 février, Yorongar était enlevé – avec deux autres représentants de l’opposition tchadienne – et disparaissait dans les geôles d’Idriss Déby.
Deux semaines plus tard, il n’a pas encore réapparu.
Depuis seize jours maintenant, Ngarlejy Yorongar est prisonnier de la garde présidentielle tchadienne.
Rappelons qu’en même temps qu’il disparaissait, Nicolas Sarkozy faisait intervenir de nouveau les troupes françaises – aux côtés de la même garde présidentielle, entraînée, armée, financée par la France.
Et ce n’est qu’hier, le 18 février, que le gouvernement français produisait enfin un communiqué s’inquiétant du sort de Yorongar !
Soulignons ici que le communiqué du ministère des affaires étrangères français sera tombé quelques heures… après un communiqué similaire de l’Union européenne. Ainsi la France n’aura ouvert la bouche que sur pression diplomatique internationale. De qui se moque-t-on ?
Le « droit d’ingérence » ne consiste-t-il qu’à la licence de tuer des civils pour soutenir des dictateurs tortionnaires ?
Rappelons que la dernière fois que Ngarlejy Yorongar disparaissait dans les geôles de Déby, en 2001, il aura été torturé si brutalement qu’il en conservait encore des séquelles sept ans plus tard.
Depuis Patrice Lumumba la dicature françafricaine aura liquidé tous les meilleurs hommes politiques d’Afrique, de Barthélémy Boganda à Thomas Sankara, en passant par Sylvanus Olympio, Ruben Nyobé, Félix Moumié, Outel Bono ou Mehdi Ben Barka.
Il est temps que ça cesse.
Libérez Ngarlejy Yorongar !
Comité pour la libération de Yorongar - 18 février 2008
+ d'infos: www.propaglande.org