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Un jour elle nous a expliqué qu'elle en
avait "vraiment marre de faire du coloriage magique".
Eva terminait toujours ses exercices rapidement, alors elle était
en avance sur ses camarades. Elle avait alors pour instruction de faire
du coloriage magique : vous savez, ce genre de coloriage prémaché
avec des indications pour chaque couleur : 1=rouge, 2=Bleu, 3=Vert, 4=Jaune...
etc
C'est anecdotique mais je le relate ici parce que cette anecdote porte en elle toute la dimension de la pédagogie selon l'éducation nationale.
Le coloriage c'est déjà pauvre en soi, mais si on a même pas le choix des couleurs alors, c'est vraiment prendre les enfants pour des moutons de panurge et pas pour des individus.
Elle aurait pu par exemple profiter de son temps d'avance sur ses camarades pour aller aider ceux qui avaient des difficultés et apprendre ainsi la coopération et l'entraide plutôt que la compétition et le chacun pour soi. Elle aurait alors pu éprouver la joie d'aider un autre plutôt que de ressentir l'inutilité de ce coloriage, parce que cela s'est répété tout le long de l'année. Mais il n'y a pas de place pour cela dans une classe de 32 enfants.
Un autre jour, l'école m'a téléphoné pour me dire qu'Eva avait fait pipi dans sa culotte. Cela m'a beaucoup surpris, mais en questionnant Eva, elle m'a expliqué qu'au delà de 2 ou 3 élèves, les autres n'avaient plus le droit d'aller aux toilettes, ni de boire de l'eau en classe s'ils avaient soif. Quel adulte accepterait ainsi un emploi où ses besoins physiologiques les plus élémentaires n'ont pas de place ?
A Noël l'arrivée du premier bulletin trimestriel m'a consterné : Eva avait de bons résultats, et une moyenne de 9,43.
Alors j'ai compris devant ce 9,43 que la course et la compétition était engagée à cet âge de sept ans et pour de nombreuses années. Cela s'est confirmé en fin d'année avec la nomination des "meilleurs élèves".
Tout n'est pas noir bien sûr, mais pour moi la majorité du projet éducatif prend racine sur des bases qui ne me correspondent pas du tout, alors l'ensemble qui se construit à partir de cela me semble erronné.
L'été 2004 a été riche en questionnements, en lectures et en interrogations par rapport à l'éducation nationale et à la fonction réelle de l'école pour mes enfants.
Cette période de maturation m'a permis de
comprendre qu'un des objectif du système scolaire était
d'élever (ou plutôt de rabaisser d'ailleurs) des individus
dont le but serait de pérenniser la société dans
son fonctionnement actuel.
Dans le pays du monde où l'on consomme le plus d'anxiolytiques,
antidépresseurs et autres psychotropes, il y a des questions à
se poser sur la capacité de cette société à
rendre les gens heureux, parce qu'au final, c'est quand même ça
qui est le plus important. Un autre objectif étant le transfert
de savoir dans le sens celui qui sait vers celui qui ne sait pas, ce qui
est complètement erronné à mon sens.
J'ai aussi compris que mes enfants n'auraient pas de place dans ce système en temps qu'individus avec un rythme et des besoins spécifiques. Ils seraient seulement la partie d'un groupe auquel il faudrait se conformer et se formater sans faire de vagues.
La rencontre nationale de l'association "Les
enfants d'abord" se déroulait fortuitement à
une heure de chez nous cette année. Nous avons décidé
de nous y rendre. La rencontre avec d'autres parents non scolarisant,
la rencontre avec des adolescents jamais scolarisés qui m'ont ému
et surpris pour leur intégrité, leur spontanéité
et leur respect, le fait de pouvoir verbaliser nos peurs et nos doutes
ont finalement balayé notre indécision. Nous avons alors
laissé le choix à nos enfants de faire la rentrée
à l'école ou à la maison. Et leur choix s'est porté
sur la maison, sans aucune hésitation, vu les souffrances rencontrées
l'année précédente, pour Eva du moins.
Après quelques hésitations initiales, nous avons adopté une instruction "semi-formelle" en nous concentrant sur les mathématiques et le français, le reste des matières passant par osmose ou en fonction des demandes du moment, avec des supports empruntés à la bibliothèque ou des documents trouvés sur internet.
Pour ce qui est des mathématiques, matière que j'ai excécré pendant toute ma scolarité, nous avons trouvé grâce à d'autres parents qui l'utilisent, une méthode québéquoise "Défi math" gratuite envoyée régulièrement par e-mail.
Cette méthode est vraiment merveilleuse
pour moi, ma fille qui n'aimait pas du tout les maths non plus en réclame
désormais, et c'est un moment que nous partageons avec plaisir.
Basée sur des manipulations d'objets de la maison, les exercices
sont très concrêts et pragmatiques, parfois un peu révolutionnaires
par leur approche radicalement différente de ce que l'on pratique
habitudellement. Cela demande néanmoins un certain investissement
en temps et en énergie pour fabriquer à chaque fois le matériel
pédagogique.
Robert Lyons, l'auteur de cette méthode indique : "Vous êtes la seule personne qui doit apprendre quelque chose durant ces activités. Observez, questionnez et écoutez pour que vous appreniez et non pour faire apprendre".
Pour finir, je peux dire que ces quelques premiers mois d'instruction en famille ont été d'une grande richesse pour nous cinq, les journées sont denses et parfois difficiles, mais j'ai une joie infinie à voir mes trois enfants grandir et évoluer à leur rhytme. Eva a d'ailleurs commencé à apprendre la lecture et l'écriture à Jean !
Commentaires :
fany |
re : leurs enfants ont quitté l'éducation nationaleje suis agréablement surprise de voir des alternatives à l'éducation nationale. j'ai quitté l'école avant le bac car je ne supportais plus le système scolaire à partir de la 6ème. à partir de là j'ai lu des livres sur des écoles expérimentales comme le livre d'AS Neil par exemple. véritable révolution dans ma petite tête, ce livre m'a permit de voir que l'école pouvait s'adapter à nos besoins, à l'individu que nous sommes, sans nous servir de plats tout préparés, sans compétition entre les personnes, ce qui je crois sert à "fabriquer" de bons citoyens qui n'auront pas la capacité de se révolter, ou simplement de juger ou penser par eux mêmes. j'ai donc recherché des écoles expérimentales en france, le soucis était qu'il y avait une école où aucun élève s'impliquait, c'était le bordel et la bonne humeur ne reignait pas vraiment, et il y avait une autre école où à cause de la non motivation de chacun et du desespoir des professeurs ils ont mit en place tout de même une certaine autorité. je pense beaucoup à mes futurs enfants et à l'éducation que je pourrais leur permettre. j'ai peur qu'on les bride, qu'ils perdent leur curiosité, qu'ils n'osent pas "être". je suis heureuse de voir que des alternatives puissent se dévelloper et fonctionner merci pour cet article. Répondre à ce commentaire
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alfred 19-06-07
à 04:05 |
Re: re : leurs enfants ont quitté l'éducation nationaleMouais... reste à savoir plus précisément ce qu'on entend par "alternative".
Et les différentes raisons, pas toutes avouées ni avouables, pour lesquelles certaines familles quittent "l'éducation nationale". La plupart du temps, de plus en plus, ici comme aux USA ou en G.B., cela n'a pas grand chose à voir avec les théories - et pratiques ! - de Neill. Ni des écrits de Christiane Rochefort ou de Catherine Baker. Ca fait déjà un moment que la "liberté d'instruction" comme le "chèque-éducation" sont au programme du FN, du MPF, MNR, des Madelin et autres bigots-libéraux ! Aux dépens de qui ? Au profit de qui ? Quelques infos un peu plus fraîches que celles de Wikipedia : http://ecolesdifferentes.info/art21a.htm (avec de très nombreux liens pour vous faire votre propre opinion) Répondre à ce commentaire
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à 13:02