Lu sur Indy-Marseille :
La Grèce connaît son plus important mouvement étudiant depuis les années 1970, contre un projet de loi du gouvernement actuel de droite prévoyant : - la création des facs privées (la Constitution sera modifiée pour lever l'obstacle à ce niveau...)
- le fonctionnement des facs publiques selon des critères de management du secteur privé
- la remise en cause de l' "asile" universitaire (impossibilité pour la police d'intervenir sur le campus sauf accord des CA des universités)
- la réduction drastique de la possibilité des étudiants de repasser des examens et de progresser d'une année sur l'autre.
Actuellement, 186 départements sont occupés, donc la quasi-totalité des facs est paralysée. Les enseignants, conformément aux consignes de leur puissant syndicat POSDEP, votent, AG par AG, en faveur de la proposition de grève illimitée. Une manif imposante a lieu le 28 mai (8 mille personnes) et une mega-descente nationale est prévue pour demain, 1er juin. Le slogan principal des étudiants est "ici, on fera comme en France".
Le mouvement se structure autour des AG par département et de coordination d'AG par ville. Il exprime un rejet radical de la logique de privatisation de l'enseignement supérieur, dans un milieu qui n'a pas connu de mobilisation importante depuis une quinzaine d'années. Par son ampleur, il n'est d'ores et déjà comparable qu'avec le mouvement (victorieux) des occupations 1979 qui avait durablement marqué tout une génération.
Politiquement, il est dirigé par un front entre les EAAK (qui regroupe la plupart des orgas d'extrême-gauche, 8,5% aux dernières élections étudiantes), le DARAS (liste des jeunes du Synaspismos, 2,5% aux dernières élections étudiantes) et les forces réduites mais bien structurées de Gênes 2001 (front syndical du SEK, section grecque de l'IST, O,3% des voix aux dernières élections étudiantes). Le PC grec, principal force à gauche de la social-démocratie dans les universités (15% aux dernières élections étudiantes), suit une ligne tès sectaire en essayant de structurer ses forces et les très rares AG qu'il contrôle autour de "ccordinations" séparées, complètement fantoches. Sa ligne est hostile aux occupations et grèves reconductibles. Il paraît très isolé et incapable de saisir l'enjeu de ce qui se passe. Le PASOK (25% aux dernières élections étudiantes) soutient l'essentiel du projet de privatisation du gouvernement, aux prix de quelques dissensions internes, essentiellement dans son organisation de jeunesse, elle-même en pleine "reprise en main" par la direction du parti.
PS. avec plus de 70% de participation, les élections étudiantes, qui ont lieu chaque année en mars, peuvent être considérées comme un indicateur valable du rapport de forces. La première force est la droite (ND), avec près de 40% des voix.
à 23:17