Lu sur
Editions du coquelicot :
"La mise en déroute de l’armée fasciste par
le peuple de Barcelone, le 19 juillet 1936, est un des mythes les plus
enracinés de l’histoire de la Révolution sociale espagnole. La «
spontanéité » de la réponse ouvrière et populaire au soulèvement
militaire fut catalysée et coordonnée par les Comités de Défense de la
CNT. Ces Comités furent les noyaux de l’armée des milices, qui
délimitèrent le front d’Aragon dans les jours suivants. Ils posèrent
également les bases des nombreux Comités Révolutionnaires de Quartier,
qui allaient contrôler Barcelone jusqu’à la ré-instauration du pouvoir
bourgeois de la Généralité, avec l’appui indispensable des Comités
supérieurs de la CNT et de la FAI. L’insurrection « spontanée » de mai
1937 contre la contre-révolution, dirigée par le stalinisme, ne peut
pas non plus s’expliquer sans les Comités de Défense des quartiers de
Barcelone.
Ce livre rend manifeste
l’existence de différentes manières de comprendre la CNT, et l’essence
même de la Révolution libertaire, au sein du mouvement
anarcho-syndicaliste de l’époque. Ces différences, au cours de la
période républicaine, et durant la Guerre Civile, produisirent de
nombreux chocs entre les défenseurs intransigeants de la révolution
sociale depuis les Comités de base et ceux qui voyaient la CNT comme un
parti de plus du camp antifasciste, toujours avec l’excuse de la
gravité du moment. Finalement, les uns comme les autres furent vaincus
politiquement au cours de la guerre. On peut entrevoir la forme
qu’aurait pu adopter la société libertaire, dans une Barcelone dont la
cohésion et la structuration s’effectuaient au travers des Comités de
Quartier, protégés par les Comités de Défense.
Augustín Guillamón/ N°7 des cahiers du Coquelicot / 276 pages / 18 €