Lu sur Cinquième Zone : On trouve de tout dans l’affaire Clearstream ! Un premier ministre et son ministre de l’Intérieur prêts à s’entretuer, un général maître espion, un directeur de chez EADS (constructeur d’Air Bus) soupçonné d’expédier des lettres anonymes pour salir ses petits copains, un informaticien doué, fils d’un haut dignitaire libanais et agent de la DST à ses heures, un ministre de la Défense dont le bureau est perquisitionné,
une cohorte de hauts fonctionnaires armés de fusils à tirer dans les coins, des juges et un corbeau…
Toutes ces très hautes personnalités auraient voulu donner une image ridicule et puante de la faune qui hante les couches qui se croient supérieures de la société, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.
Résumé sommaire des épisodes précédents tels qu’on les a compris :
Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères convoque un jour de 2004 un général espion
dans son bureau où l’un de ses amis, directeur chez EADS, sort de sa poche un listing informatique, parvenu ensuite entre les mains de la justice par une lettre anonyme.
Sur ce listing figurent les noms d’hommes d’affaires et de personnalités politiques censés détenir un compte secret chez Clearstream, une société accusée de se livrer au blanchiment d’argent, installée au Luxembourg, paradis fiscal pour capitaux mystérieux. Parmi ces noms, celui de Sarkozy, futur candidat aux élections présidentielles et adversaire probable de Chirac ou de Villepin (à l’époque, Chirac n’a pas encore renoncé à se présenter et Villepin lui-même se rêve déjà sans doute en candidat). Le Généralespion est chargé de tirer l’affaire au clair… autrement dit, si possible, de trouver de quoi traîner le futur rival de Villepin dans la boue. Mais, pas de pot, le listing était bidon!
Impossible, pour l’heure de savoir qui a cherché à piéger qui dans ce cloaque. Un peu tout le monde sans doute. Quoi qu’il en soit, c’est un brillant tableau des moeurs de la classe dirigeante française qui se révèle : des comptes secrets, des coups tordus, crocs en jambe sur fond d’accolades devant les caméras et de coups de poignard dans le dos. Pour des idées ? Que non ! Sarkozy, Villepin, Alliot-Marie, Chirac et leurs amis, parents et alliés affairistes, businessmen et autres « entrepreneurs » de haut vol ont les mêmes idées,exactement : le CPE, le CNE, le chômage et la précarité pour les salariés, l’explosion des dividendes pour les privilégiés avec, en pourboire pour eux-mêmes, les avantages du pouvoir, une armée de « conseillers » spécialistes du Cabinet noir, les motards et les ors de la république. Leur désaccord, le seul,est de savoir qui, demain, sera calife à la place du calife. Et, pour ça, il sont prêts à tout. La seule différence avec la cour des Borgia à Florence, c’est que ce n’est pas Machiavel qui mène les complots, mais les Pieds-Nickelés ! Ce n’est pas à La Courneuve ou à Argenteuil que se trouve « la racaille à nettoyer au kärcher », comme dit Sarkozy, c’est dans les ministères, y compris le sien, à Matignon, à l’Elysée et au siège des grandes entreprises.
Alors, tous pourris ? C’est la politique qui est pourrie ? Oui, et non.
Oui quand ce qu’ils appellent la politique a pour unique fonction de maintenir en place un système économique
et social fondé sur l’injustice,l’exploitation de presque tout le monde au profit d’une minorité.
Et accessoirement d’être au service des ambitions de politiciens carriéristes. La fin commande les moyens : pour maintenir un ordre injuste, les moyens crasseux s’imposent. Villepin, Sarkozy, Chirac et les autres en sont l’illustration.Mais l’action politique peut aussi être autre chose : la volonté traduite dans les faits de larges couches de la population qui impose les mesures qu’elle juge nécessaires au bien-être de la majorité, ou qui fait retirer celles dont elle ne veut pas. En faisant des semaines de grève rejoints par des centaines de milliers de manifestants, les jeunes et les salariés ont fait de la politique. De la vraie, celle qu’il faudra poursuivre et qui n’a rien à voir avec le comportement des clowns tristes à fausse moustache qui gouvernent aujourd’hui.
à 21:25