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L'En Dehors


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Les analyses sociologiques de Corcuff
Le réductionnisme auquel Corcuff soumet le marxisme prouve qu'il n'en a retenu que ce qu'il en a lu, c'est à dire pas grand chose. Il nous avait déjà infligé une falsification des écrits de Rosa Luxembourg, au dépend de cette dernière, pour poser au travers d’un véritable salmigondis son pseudo-concept de “ sociale-démocratie-libertaire ”.


Cet accumulateur de titres : “ socio- politologue ” gagnerait à réfléchir au lieu de nous assener continuellement ses inepties. Tellement obnubilé par ses règlements de compte, plus que désopilants, avec certains bourdieusiens, il plonge lui-même dans les “ trous de mémoire sociologique ” qu’il reproche à Patrick Champagne. Tant qu’à parler de “ distance épistémologique ”, il devrait savoir que le ressentiment non maîtrisé ne peut conduire qu’à l’aveuglement, pire à l’amnésie. Ainsi, Philippe Corcuff semble oublier constamment des évidences comme celle du “ complot ” entre les appareils idéologiques d’Etat et les mass médias qui entraîne toute forme de “ manipulation médiatique ”, “ propagande ”, “ mensonge ”, “ désinformation ” etc. démontrées par des auteurs comme Andreas Freund dans Mésinformation ou encore Armand Mattelart dans Mass media idéologies et mouvement révolutionnaire, Chili 1970-1973, (ouvrage paru en 1974). Bien avant les bourdieusiens, ces auteurs, comme Chomsky, ont analysés les logiques perverses qui sous-tendent la mésinformation ce qui a permis de dénoncer la vaste entreprise d’abêtissement à laquelle se livre notamment la télévision, à travers sa course à l’audience et aux profits. La chloroformisation des masses ne datent pas d’aujourd’hui. Pourtant Corcuff semble absolument vouloir la nier. Dans un article de Charlie Hebdo daté de mars 2004, dont le titre racoleurs “ Les télespectateurs sont-ils des cons ? ” lui permettait d’affirmer le contraire, Corcuff tente de prouver à partir d’un ouvrage (certes intéressant) -, Du côté du public, Le Grignou (2003) - sur les études de réception que les récepteurs sont “ actifs ” et “ critiques ”. C’est à se demander s’il ne s’agissait pas là, pour lui, de se livrer à une énième critique de Halimi ou de Chomsky. Il aurait été bien avisé de lire les nombreux articles parus dans les revues Hermès n° 11-12, 1992 ou Réseaux n° 68, 1994, qui témoignent des points de vues divergents dans ce domaine. Comme le note Corner, l’idée d’une influence exercée par les médias ne doit pas être considérée comme “ naïve ”. Dans la même veine, Budd et Morley rappelle que parler d’un téléspectateur “ actif ” ne doit en aucun cas aider à occulter “ les questions qui portent sur les forces économiques, politiques et idéologiques intervenant lors de la construction des textes ”. Enfin, Ien Ang, mentionne que seule une minorité de récepteurs est capable d’une interprétation critique.
Quant aux chemins à ouvrir ou poursuivre avec ou malgré Bourdieu, beaucoup s'apparentent à des portes ouvertes et, pire encore, invitant parfois à les franchir à reculons. Ainsi en va t-il de la critique de la sociologie de la domination : sous prétexte que toutes les relations humaines ne sont pas des relations de domination — quel scoop ! —, Corcuff fait passer à la trappe le principal, à savoir le capital comme rapport social (et non simple relation individuelle) dominant, impliquant de ce fait, au-delà de l'exploitation, divers modes de domination autres qu'économiques sans lesquels ce rapport ne pourrait se reproduire.


Valérie Minerve Marin
Ecrit par libertad, à 22:33 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Doum
01-01-05
à 14:22

Ce mec veut un changement... que ce soit un chAngement ou un changement, ya tout de même plus urgent à combattre que les troskystes, non ? Avec le gouvernement qu'on a...
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
01-01-05
à 20:04

Re:

salut Doum,
Je pense que c'est aussi important que de combattre le gouvernement actuel même si cela peut être fait de manière moins frontale. Le problême avec les trotskystes c'est que l'on peut se retrouver sur certaines questions et donc les considérer comme des camarades qui s'égarent dans les marécages du pouvoir. Mais finalement un trotskyste c'est comme un socialo, un UMP et compagnie, ils roulent tous pour l'Organisation, le Parti. En fait, ce sont bien des réacs, qui veulent un capitalisme d'Etat mais qui ne veulent pas en finir avec le capitalisme. C'est ce qu'on appelle de faux amis ou de vrais démagos. Tous ces partis d'extrême gauche, en France ou ailleurs, existent comme outil de régulation et de contrôle de la contestation. Ils sont l'assurance pour les capitalistes que ce systême puisse se pérenniser en cas de crise.
Répondre à ce commentaire

  Doum
01-01-05
à 23:49

Re: Re:

C'est pas mal dit... FA c'est pas un parti ?
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
02-01-05
à 03:33

Re: Re: Re:

Ca en sera un quand leurs adhérents finiront enfin par le reconnaître. C'est tout ce qui manque.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
02-01-05
à 16:20

Re: Re: Re: Re:

"Tous ces partis d'extrême gauche, en France ou ailleurs, existent comme outil de régulation et de contrôle de la contestation."
Comme l'anar, aux yeux de l'Etat, représente l'incontrôlé qui justifie la répression lors des mouvements sociaux, l'idéaliste qui va aller se faire couper en deux par un train alors que personne ne lui avait demandé de mourir pour la cause (au contraire, on aurait tous préféré qu'il VIVE pour la cause).
Répondre à ce commentaire

  marchal
02-01-05
à 21:50

( Tous ces partis d'extrême gauche, en France ou ailleurs, existent comme outil de régulation et de contrôle de la contestation. Ils sont l'assurance pour les capitalistes que ce systême puisse se pérenniser en cas de crise. )
Je vais peut-être dire une connerie, mais j'en dirai sûrement d'autres dans l'année : Je me suis souvent demandé s'ils n'étaient pas " sponsorisés par Eux " depuis longtemps. C'est sûrement une connerie. Quoique…
Xénophon disait en parlant du cheval : Donnez-lui l'impression d'être libre et il sera votre meilleur esclave. Alors j'extrapole avec la contestation…
Répondre à ce commentaire

  rakshasa
03-01-05
à 00:58

Re: Re: Re: Re: Re:

"Comme l'anar, aux yeux de l'Etat, représente l'incontrôlé qui justifie la répression lors des mouvements sociaux"
Ah bon? c'est à cause des anars qu'il y a de la répression? Je pensais que c'était parce qu'il y a de la police et un Etat qui la dirige, un Etat outil des capitalistes qu'il y a répression, camarade.

"l'idéaliste qui va aller se faire couper en deux par un train alors que personne ne lui avait demandé de mourir pour la cause (au contraire, on aurait tous préféré qu'il VIVE pour la cause)"

Ces propos sont simplement dégueulasses. En gros, c'est être un con que d'avoir un accident et de crever alors que personne ne lui a demandé de faire ça. Il a sauté délibérément sous le train peut-être? Le train ne roulait pas trop vite non plus peut-être? Et il n'avait pas l'autorisation de quelqu'un pour désirer lutter pour lui-même et un monde différent?
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
03-01-05
à 07:06

Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Le monde n'est pas différend, sauf qu'il est mort. Je pense que c'est le fait de glorifier son geste qui est dégueulasse et dangereux. Je suis contre la stratégie des boucliers humains. Trop risquée (tragique).
Répondre à ce commentaire

  rakshasa
03-01-05
à 13:10

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Mais personne n'a glorifié sa mort, en tous cas pas moi. Revenons au sujet si vous le voulez bien: les trotskystes. Je pense qu'il y a plus à en analyser que de se vautrer dans le pathos en se servant d'un triste accident survenu à un camarade.
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
03-01-05
à 16:20

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Quand à la stratégie employée, il ne s'agissait pas de boucliers humains. Un bouclier humain est utilisé par un pouvoir en place pour empécher une attaque ennemie. Ici, l'attaque était menée par les camarades anti-nucléaires et le bouclier humain défendant le convoie c'était les forces de l'ordre. Sans vouloir te vexer, camarade, tout est à l'envers dans ta tête.
Mais revenons à nos moutons de trotskystes...
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
03-01-05
à 17:49

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Ouais, je trouve aussi que les propos de 02-01-05 à 16:20 sont assez degueu.

Pour les boucliers humains, il ne faut pas cracher trop vite dessus car ça pourrait être un moyen efficace d'empêcher des guerres, enfin surtout des bombardements. Evidemment qu'empêcher une guerre ça joue tjrs au profit d'un état (en général celui qui va s'en prendre plein la gueule). Encore faut-il y aller, en nombre, et en provenance de pays riches, si possible occidentaux (des boucliers d'Afrique noire ou de Nlle guinée c'est pas ça qui ferait hésiter les bombardiers US ou autres).

Pour les trotskistes pas la peine de trop s'en inquiéter: à la première agitation sociale d'ampleur, la belle amitié trotsko-libertaire fondra comme neige au soleil, le naturel trotskiste reprendra vite le dessus. Et puis il n'y a pratiquement qu'en France qu'on voit ce genre d'étrangeté. Franchement on ne peut pas en vouloir aux trotskistes, ils savent pertinemment que ce n'est pas le programme de transition qui risque de faire bander les masses, "libertaire" ça passe nettement mieux. A leur place on en ferait autant.
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
05-01-05
à 12:59

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

sauf que y a pas qu'en france que les trotskystes sont actifs et je ne pense qu'il soient juste bêtes et démodés, ce sont souvent d'habiles et opiniatres manipulateurs ; des renards dans un poulailler...
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  rakshasa
05-01-05
à 19:41

Anecdote sur des trotskards de la LCR

Ils sont habiles et bouffent à tous les rateliers. Dans la ville ou j'habitais, cela ne les génait pas de signer des appels à un front social anticapitaliste avec les libertaires qui dénonçait la politique de la gauche plurielle et de signer un appel à la manif dans la même semaine pour un front républicain avec la même gauche plurielle. Le plus drôle c'est que le jour de la manif ils essayaient de faire copain/copain avec les libertaires mais se firent traiter comme il se doit d'opportunistes. Et comme nous leur demandions des comptes après cet énième "trahison" (parce que ce n'était pas la première), une camarade en pleurs (de dégoût) s'entendit dire par une trotskarde: "oui tu sais la politique c'est dégueulasse, si tu n'es pas assez forte il faut arrêter". Quel aveux du jeu auquel ils jouent!
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  Anonyme
06-01-05
à 08:43

Re: Anecdote sur des trotskards de la LCR

Est-ce à cause des trotskards qu'il y a un Etat?
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
06-01-05
à 11:30

Re: Re: Anecdote sur des trotskards de la LCR

Est-ce grâce à eux si il n'y en à pas ?
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
06-01-05
à 18:19

Re: Re: Re: Anecdote sur des trotskards de la LCR

je pense qu'il ne faut pas sous-estimer le potentiel de nuisance que représente la junte trotskyste...

J'ai eu l'immense joie de participer à des réunions avec une certain C. Aguitton à côté de moi... et j'avoue que le renard m'a séduit par sa villenie et son opportunisme ; à noter que cette racaille citoyenniste a cumulé autant de mandats politiques qu'un ministre lambda.

Ces gens sont organisés et pratiquent l'entrisme au quotidien ; les luttes syndicales de la fonction publique, en Suisse, sont largement déterminées par une poignée de trotz-mao qui séduisent habilement le populo.

Ces temps-cis, des chefs trotz ont évincé de leurs orgas des personnes de valeur qui avaient eu le tort de débattre de la démocratie interne en milieu militant... on assiste à un resserement à gauche de la gauche, les étatistes de tout poil ; stals, cocos, trotz, soc-dem, syndicats collabos, verts & consorts (sans oublier des éléments de droite) sont en train de se donner la main pour préparer la ronde du grand capital régulé...

Répondre à ce commentaire

  rakshasa
06-01-05
à 21:13

Re: Re: Re: Re: Anecdote sur des trotskards de la LCR

Aguitton il fût un temps avait trois casquettes: LCR, SUD et porte-parole autoproclamé d'AC! Aujourd'hui quelqu'un sait-il combien il en a ?
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
07-01-05
à 08:08

Re: Re: Re: Re: Re: Anecdote sur des trotskards de la LCR

il me semble qu'il a aussi pris du galon chez attac et dans d'autres jacqueries de salon...

de toute façOn, il a une grosse tête telle qu'il n'a plus besoin de casquettes, il se représente lui-même...

...puis comme certainEs membres d'AC! l'on souligné : Aguitton, tête de ......

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  Anonyme
07-01-05
à 16:20

Re:



Ce n'est pas une blague et c'est signé du facteur

http://www.liberation.fr/page.php?Article=266427

Louise Michel, rebelle éternelle
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Cent ans après sa mort, lettre ouverte à la femme qui a incarné la Commune de Paris.

Par Olivier BESANCENOT

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vendredi 07 janvier 2005
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chère Louise, Cette lettre t'aurait probablement agacée, toi, la révolutionnaire qui ne supportait pas le culte de la personnalité. Mais vois-tu, ici en France, cent ans après ta mort, le pouvoir qui mérite toujours notre suspicion ne célèbre que l'anniversaire des vainqueurs. Napoléon fait encore la une, deux cents ans plus tard. La Commune de Paris, première révolution menée par et pour le peuple, ne fait pas parler d'elle, ou si peu. Pourtant, le printemps 1871 a fait entrevoir ce qui n'était qu'un projet : une autre société que le capitalisme s'avérait possible. Trois petits mois, c'est court. Mais quand une révolution brusque le temps, il peut s'immobiliser l'espace d'un instant - peut-être des siècles pour toi et tes camarades, sans doute une éternité pour les Versaillais. Une éternité ramassée en quelques lignes dans nos manuels d'histoire, une éternité amputée, rabougrie par le compresseur d'une pensée unique et dominante.

Aujourd'hui, les quelques rues qui portent ton nom jouxtent les boulevards baptisés Thiers ou Mac-Mahon. Oui, Louise, les bourreaux des communards sont toujours encensés alors qu'ils ont fait abattre plus de 30 000 Parisiens affamés mais fiers, éreintés par des mois de siège militaire mais libres. Aujourd'hui, dans ce XVIIIe arrondissement de Paris où tu as enseigné et défendu la Commune, j'observe les touristes qui photographient le Sacré-Coeur ; la plupart d'entre eux ignorent que ce monument a été bâti pour expier les esprits subversifs comme le tien. Aujourd'hui, les «Versaillais» habitent Neuilly. La rue Perronet, où sur une barricade tu avais pendant plusieurs jours donnés le coup de feu pour empêcher l'ennemi de reprendre aux Communards les clés de la ville, ne porte plus la moindre trace des bombardements qui pilonnaient vos abris, vos corps et vos rêves. Aujourd'hui, Louise, à Levallois où tu es enterrée, les exploiteurs ont chassé le populo loin de la ville, à grand renfort de promoteurs. Malgré tout, à Levallois comme ailleurs, ton ombre continue de planer et de porter l'inlassable espoir d'un monde plus juste, d'un vrai changement qui améliorerait le quotidien de millions de personnes. Mais ce changement ne pouvait pas non plus, à ton époque, s'épanouir dans une République cadenassée par la bourgeoisie, fraîchement propulsée par l'essor industriel. Cette République avait bénéficié d'un concours de circonstances : la chute de l'Empire, ridiculisé et vaincu à Sedan par les Prussiens. Ce changement que tu défendais, les nouvelles élites n'en voulaient pas. Alors, plutôt pactiser avec l'ennemi d'hier, mais allié social de toujours, soudé par les mêmes intérêts spéculatifs, les mêmes appétits financiers, que d'établir une union contre-nature avec le peuple de Paris. Plutôt Bismarck que Blanqui ! Voilà le mot d'ordre de Thiers et comparses. Seulement voilà, le peuple de Paris, en ces temps de guerre, possède des armes et des canons. Pas facile pour l'Assemblée repliée à Versailles de récupérer l'attirail. En réalité, ce 17 mars 1871, plus que vos canons, c'est la possibilité de prendre en main votre destin que les Versaillais ont voulu vous ôter. Or l'élan populaire l'emporta sur la réaction, l'insurrection sur l'humiliation et la fraternisation entre les soldats et la garde nationale sur la répression. Ce fut une révolution. Bien sûr, la Commune a eu des difficultés à surmonter et a connu son lot d'échecs. Mais elle peut se vanter d'avoir ouvert une brèche dans la forteresse des idées dominantes : la preuve que révolution et démocratie peuvent aller de pair. Malgré ses limites, l'expérience de la Commune fait encore écho à l'heure où la mondialisation libérale transforme tout en marchandise, y compris la démocratie. La répartition égalitaire des richesses nécessite toujours de prendre à l'infime minorité des puissants pour restituer à l'immense majorité des exploités. Elle réclame toujours de défier le pouvoir incontrôlé qu'exercent ces privilégiés sur l'économie comme sur l'ensemble de la société. La démocratie communaliste fonctionnait du bas vers le haut ; elle combinait suffrage universel et démocratie directe, en garantissant le multipartisme, la liberté de la presse ainsi que le contrôle et la révocabilité des élus.

Ton nom, Louise Michel, reste une offense pour les adversaires du changement, les conservateurs de droite ou de gauche libérale qui affirment que les révolutions mènent toutes à une tragédie sanglante : pourtant pas un seul d'entre eux n'ignore que le mur des Fédérés du cimetière du Père-Lachaise a été éclaboussé du sang des révolutionnaires communards et non de celui des réactionnaires versaillais. Et puis, cette révolution tu l'as conjuguée au féminin, même au féminisme ; la lutte pour l'émancipation des femmes a été un grand combat au sein du mouvement communaliste où les réflexes machistes étaient monnaie courante. Tu as fait partie de celles qui ont placé les femmes aux avant-postes des bouleversements en cours. Les premières manifestations de septembre 1870 ont été menées par des femmes ; des ambulancières à Montmartre, venues en aide aux blessées, ont pris leur fusil pour aller combattre. Des barricades de la place Blanche aux procès des pétroleuses, tu symbolises une génération de femmes que l'agitation sociale mena au premier plan. Voilà ce que tu représentais fièrement à la barbe d'une société capitaliste misogyne et haineuse des salariés : les dirigeants de ce monde-là ne pouvaient que te haïr.

Tu ne te voyais pas en martyre, ni en sainte laïque ou en vierge rouge. Certes tu aimais le goût de la poudre, mais tu n'avais pas la tendance suicidaire que certains spécialistes aiment à déceler chez quiconque - surtout s'il s'agit d'une femme - ose braver une armée de puissants. Tu étais curieuse de la vie que tu croquais à pleines dents et tu croyais en un avenir meilleur, toi la poète, l'apprentie scientifique, l'artiste, l'institutrice.

Pour toi, la révolution n'était pas une mode, elle rimait avec ténacité. Etre révolutionnaire, c'est l'être au-delà du cours de l'histoire, même quand il ne favorise pas la révolution. Près d'une décennie passée au bagne en Nouvelle-Calédonie n'aura pas eu raison de ton engagement. Bien au contraire, aux premiers pas de ton retour d'exil, plus combative encore, tu braves de plus belle la répression. Pourtant, les vestes politiques se retournaient volontiers à l'heure où tu brandissais toujours ton drapeau en dépit des années de prison et des procès. Ce drapeau appartient à celles et à ceux qui ne renoncent pas à changer le monde. Ce drapeau, loin du poncif du «grand soir» que les révolutionnaires seraient condamnés à attendre, entretient encore l'espoir.

C'est ma grand-mère, une institutrice de Levallois, qui m'a parlé de toi la première fois, me racontant comment tu avais défendu le peuple. Elle méconnaissait, je crois, les couleurs de ton drapeau. Depuis, je m'y suis intéressé de plus près. C'est ce drapeau, rouge et noir, que je veux célébrer dans cette lettre.

Olivier BESANCENOT, porte-parole
de la LCR.
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