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Univers nature : "Réalisée par le cabinet indépendant de consultants Scott Wilson Group et relayée par l’association des Amis de la Terre Royaume-Uni, une nouvelle étude vient encore entacher un peu plus l’image de moins en moins reluisante des agrocarburants. En effet, d’après ce rapport, les agrocarburants utilisés depuis un an au Royaume-Uni pourraient avoir doublé les émissions de gaz à effet de serre (GES) des carburants fossiles auxquels ils se substituent. Répondant à l’
obligation d’incorporation d’énergies renouvelables dans les carburants à hauteur de 10 %, d’ici 2020, pour les membres de l’Union européenne, le recours aux agrocarburants aurait ainsi généré 1,3 million de tonnes de GES en un an, équivalant à 500 000 véhicules supplémentaires sur les routes. Un chiffre d’autant moins acceptable que l’argument développé par le gouvernement anglais, pour justifier le bien-fondé du recours aux agrocarburants, promettait une économie de 2,5 millions de tonnes de GES.
D’après les Amis de la Terre, la raison du contraste entre les
promesses gouvernementales et ce bilan médiocre tient au fait que le
point de vue gouvernemental ne tient pas compte des changements
d’affectation des sols. En effet, issus majoritairement de soja du
Brésil, d’Argentine et des Etats-Unis, les agrocarburants utilisés au
Royaume-Uni ont un impact lourd sur ces pays producteurs. Les terres
monopolisées par l’expansion croissante des agrocarburants, dont le
soja, signent non seulement la disparition de cultures agricoles
existantes mais également la fin annoncée d’écosystèmes naturels
précieux. Forêts tropicales, forêts sèches et tourbières sont ainsi
sacrifiées au profit du développement des agrocarburants. Or, ces
milieux stockent d’énormes quantités de carbone qui, lors de leur
transformation en champs d’agrocarburants, sont libérées dans la
biomasse ou dans le sol.
Réalisée en juillet 2008, une étude gouvernementale majeure, la
Gallagher review, avait déjà mis en lumière cette problématique, sans
que cela influe sur la position des autorités dirigeantes anglaises.
Ce constat ne vaut certes pas que pour le Royaume-Uni, mais
concerne l’ensemble des pays plébiscitant aujourd’hui l’utilisation des
agrocarburants. Un domaine dans lequel la France n’est pas en reste
comme en témoigne la conversion au carburant E10 des stations service françaises, officiellement débutée le 1er avril dernier.
Pour Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la
Terre France, plutôt que de s’entêter dans la voie des agrocarburants,
les gouvernements devraient, en priorité, se concentrer sur
l’optimisation des transports publics et le transfert de la route sur
les rails.
Cécile Cassier