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l'Humanité : "Depuis 2000, le groupe a liquidé le tiers de ses effectifs français mais, pour la seule année 2008, il a versé 3,4 milliards d’euros à ses actionnaires. L’entreprise a été déstabilisée et le personnel traumatisé par la nouvelle religion du chiffre.
Comment en est-on arrivé à un tel désastre humain ?
Un jour d’octobre 2009 dans une agence France Télécom du centre de la France. D’un coup de feutre impérieux, devant son personnel réuni peu avant l’ouverture des locaux, le responsable de l’agence inscrit sur un tableau blanc les résultats commerciaux de la veille. Il exulte : « On est les meilleurs, on est des killers, les concurrents, on va les tuer, et les gens de l’agence de Limoges, on va les b… »
Pierre Vars, un dirigeant national du syndicat Unsa-CGC de France Télécom assiste à la scène incognito. Il ne pipe pas mot, enregistre. Il était venu pour discuter avec un collègue qui, depuis quelque temps, rencontre des difficultés faute de réaliser ses objectifs, il a droit à une leçon de choses. « On est des killers », certes, mais qui tue-t-on au bout du compte ? Pas seulement les concurrents. Les coûts d’abord, mais quels coûts ?
Les coûts humains, surtout. En 2008, le total des dépenses de personnel du groupe en France et à l’étranger est à peine supérieur à ce qu’il était en 2000 alors que le chiffre d’affaires a augmenté de près de 60 % ! En neuf ans, de 2000 à 2008, 17 000 emplois ont été supprimés dans le monde, près de 50 000 en France. Il s’agit de la plus importante restructuration dans une entreprise de l’Hexagone après celle de la sidérurgie, dans les années soixante-dix et quatre-vingt !
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