Lu sur
Oulala.net :"Et voilà la censure qui s'abat, comme une nuée de mouches sur une charogne encore tiède ! C'est l'automne, le plafond est bas, les jours baissent, la pensée aussi.
Le porno serait responsable des maux de notre société et principalement des violences sexuelles et des fameuses tournantes qui font les gorges chaudes, à défaut d'être profondes, de tous les médias [1]. Les lardons, laissés à l'abandon avec la clé du décodeur posée bien en évidence ou le code décrypteur noté sur un post'it , placardé à la tête du lit ! On nous apprend de ces choses sur les ondes et dans les lucarnes ces temps !
Personne ne s'étonnera que notre inénarrable ministre de l'Intérieur se soucie comme d'une guigne des feuilletons à la cons et autres films de série en provenance d'outre Atlantique et qui vantent les mérites du racisme, de la violence gratuite, du crime tout aussi gratuit et de l'agression physique considérée comme un acte héroïque. Il ne s'émeut pas plus des jeux vidéos qui sont un bel apprentissage de la haine et de la meilleure façon de tuer à répétition, jusqu'à banaliser l'acte.
Que la droite et singulièrement son égérie Boutin, aient toujours eu un problème avec la fesse (communément appelée : le cul), chacun peut comprendre et ne pas trop s'en offusquer. On sait la droite très coincée sur son aile catho, encore que, chez certains ecclésiastiques, de ce bord l'on soit grand amateur de chair fraîche. Mais quand cette fixation dérive, s'amplifie et incite un gouvernement tout entier à légiférer pour interdire, il y a lieu de dire : « faudrait pas confondre le premier trou du cul qui passe avec un trou de balle ou le fut du fusil d'où est sortie la balle ! »
Je n'ai pas souvenance que la lecture des écrits du Marquis de Sade ou celle des onze mille verges du camarade Apollinaire aient poussé quelque lecteur à accomplir l'acte fatal pour expérimenter le resserrement des sphincters, sur un vit empalés, avant, pendant et après la décollation. Si, si, Apollinaire est allé jusque là dans ses écrits madame. [2]
Je ne pense pas que l'on ait noté une recrudescence d'agressions à caractère sexuel après l'apparition du premier X diffusé sur Canal. C'est à peine si l'on a remarqué une augmentation des ventes de Kleenex ! Vouloir affirmer, comme le font de façon péremptoire - et avec une rapidité d'analyse qui n'est pas sans rappeler celle (la rapidité) de l'éjaculateur précoce - certains parlementaires de droite nous laisse pantois [3]. Rappelons à nos interdicteurs convulsifs qu'un film porno ça se loue, pas cher et très facilement et, le cas échéant ça se télécharge sur le Net. La télé donc…
Quant à criminaliser l'acte de prostitution ou celui de client, les bras nous en tombent ! Lorsque Sarko et ses penseurs prennent les effets pour la cause, et c'est souvent le cas, le législateur s'emballe, le surréalisme prend le dessus et nous laisse à penser qu'il y a plus de matière grise dans les testicules de Rocco Siffredi que sous le crâne d'un énarque.
Et l'appel à la délation nous promet, soyons en persuadés, un avenir radieux, puisque éminemment fraternel. Vive les collabos !
Ah la censure ! Arme suprême et tellement facile a mettre en œuvre quand, désemparé, le pouvoir, à court d'imagination ou de volonté politique se trouve incapable de faire face à ses responsabilités et à la réalité.
Interdire plutôt que de tenter de comprendre pour trouver le remède. Interdire plutôt que d'apporter la contradiction et engager le débat sur le fond. Interdire comme l'idiot lance un coup de poing quand il est à court d'arguments. Interdire par peur, brandir la menace de la punition et croire que le problème est résolu.
Un gouvernement qui a peur des putes, du porno, des jeunes qui squattent les halls d'immeubles, des fumeurs de chichon, qui a le courage de laisser sortir Papon de prison et qui évite à certains autres d'y entrer laisse présager, à coup sur, un avenir magistral à la France d'en bas en particulier et à la liberté en général.
Et si Raffarin, Sarko et les autres se décidaient à être intelligents et à avoir un raisonnement basique qui consisterait à dire : « c'est cette société qui produit ce que l'on aurait tendance à vouloir interdire, il faut donc changer cette société. » Et si...
Les choses les plus simples sont si dures à comprendre que l'on a inventé l'ENA et l'UMP !
par Gilles LESTRADE
Illustration : R. Balme
--------------------------------------------------------------------------------
[1] On a pu entendre cette affirmation péremptoire sur France Inter il y a peu. Si quelqu'un peut nous rapporter le nom de l'illuminé qui causait dans le poste, on est preneurs.
[2] Les onze mille verges, chapitre VII : "Lorsqu'il en fut à la jouissance, il prit le sabre et, les dents serrées, sans arrêter le culetage, trancha la tête du petit chinois dont les derniers spasmes..."
[3] Nous troue le cul serait mieux adapté à la situation !"