L'En Dehors

Lu sur Indymédia Grenoble : "Lundi 3 janvier 2005, en quatrième de couverture du Dauphiné Libéré, on avait droit à un grand article avec photos couleurs, sur les héroïques pompiers bien de chez nous, partis à la rescousse de certaines victimes du tsunami : les touristes français de l'hôtel sofitel de Phuket.

Dimanche 2 janvier 2005, le quotidien italien Corriere della Sera enchaînait les articles sur les touristes italien-ne-s mort-e-s dans le raz de marée en Asie du Sud-Est. Une immense photo donnait la mesure de la tragédie : deux carcasses de téléphones portables, à demi ensevelies dans le sable fin des plages indonésiennes.

Avez-vous remarqué ? Cette inébranlable habitude des médias occidentaux, à l'annonce de chaque nouvelle catastrophe, de préciser le nombre de "compatriotes" touché-e-s. Souvent quelques dizaines de personnes, perdues au milieu des milliers de victimes. Qu'est-ce que ça peut me faire, que sur les 150000 mort-e-s du tsunami, x soient Français-es ? Quel genre de racisme latent y a-t-il derrière ce mécanisme médiatique ? Sous prétexte que je me sentirais plus proche d'un-e Français-e que d'un-e Bengali-e (ou que "moi aussi je suis Français, donc j'aurais pu y être"), le drame du tsunami me ferait frissonner davantage ? Personnellement, je ne me sens pas plus proche d'un cadre sup' de notre franchouillarde patrie que d'un pêcheur sri lankais... Les 150000 victimes du tsunami sont une tragédie en soi, pourquoi en faire un traitement médiatique différent, suivant leur pays d'origine ?!...

Quant à l'hôtel Sofitel de Phuket, ce "fleuron" de la compagnie Accor, dévasté par le tsunami, franchement, si ça pouvait couler définitivement l'entreprise... Je ne verserai aucune larme sur cette industrie du tourisme, qui participe joyeusement à l'expulsion des sans-papiers en France (lire, à ce sujet, l'article du Comité Anti-Expulsion : http://pajol.eu.org/rubrique13.html)... En gros, la logique d'Accor et consorts, c'est "les gens du tiers-monde, on les aime bien chez elles/eux comme décor exotique de nos luxueuses vacances, mais quand il s'agit de partager notre train de vie avec elles et eux, eh bien vive la double peine"... Accor symbolise bien ce mépris dégoûtant des élites des pays riches pour le restant de la planète...

Théodore