Lu sur
CMAQ :
"L'animal est une marchandise très particulière: elle est - en tant que telle - impensée. La preuve? des éleveurs citoyennistes avec ou sans moustache proclament à Millau que "le monde n'est pas une marchandise", tout en vendant dans la foulée des animaux pour leur chair. Personne ne cille: c'est le règne de la cécité et du mépris à l'échelle de la société tout entière. Le spécisme, la discrimination basée sur l'espèce (par analogie avec le racisme ou le sexisme, discriminations basées respectivement sur la race et le sexe), est intégré et utilisé par les populations comme par l'agrocapitalisme jusque dans tous ses paradoxes (occultation de l'animal, façon poisson pané, ou au contraire affirmation obscène, l'animal riant faisant la publicité de sa propre consommation; déni ou au contraire exaltation de la domination, etc.). Cécité à un point tel que les anti-OGM s'attaquent presque exclusivement aux OGM végétaux, sans (presque) jamais parler des OGM animaux et du clônage; les OGM sont présentés comme une nouveauté, alors qu'ils sont en fait la simple modernisation de l'exploitation spéciste traditionnelle: de l'élevage et de ce qu'on appelle la zootechnie, de la productivité ancrée dans le corps même de l'animal.
C'est qu'avant d'être marchandise, l'animal est un bien (approprié lorsqu'il est "animal domestique", "de boucherie", "de labeur", ou "matériel d'expérimentation", et appropriable lorsqu'il est "sauvage"). C'est cette appropriation que refuse le mouvement pour l'égalité animale. C'est elle qui permet au capitalisme d'aller jusqu'au bout de sa logique monstrueuse d'exploitation et d'instrumentalisation.
L'animal-marchandise est central pour des pans entiers du capitalisme. L'importance économique de l'exploitation des animaux implique que de nombreux capitalistes ont un intérêt premier à entretenir le spécisme, à exacerber le mépris que notre monde développe pour les non-humains. De fait, les systèmes actuels d'exploitation tirent profits - matériels, mais aussi idéologiques - du spécisme: soutenir la domination spéciste, c'est asseoir l'humanisme, qui est une forme de nationalisme, de chauvinisme d'espèce, dangereux et oppressif comme l'est tout nationalisme. Les sociétés capitalistes reconnaissent que nous sommes des "hommes", et non des chiens: c'est l'os qu'elles nous jettent à ronger. Aujourd'hui, l'ensemble des humain-e-s veulent se voir reconnaître une dignité particulière "due" à leur commune humanité.
Ils et elles se consolent ainsi de leur sort en s'établissant à bon compte dignitaires, régnant sur les charniers qu'on offre (qu'on vend!) à leur ego. Car, notre humanité ne tire-t-elle pas sa valeur privilégiée de l'absolue non-valeur dévolue aux animaux? On n'est pas des bêtes! Pourquoi avons-nous besoin de nous sentir supérieur-e-s et de le marquer dans le sang? Qu'est-ce qui justifie le spécisme, plus que le racisme?
Solidarité avec les premières victimes du capitalisme!
... et de nos propres désirs de domination.
À un système de dominations qui se renforcent les unes les autres, nous opposons la détermination de lutter contre toutes les exploitations, toutes les oppressions!
Le capitalisme, c'est l'exploitation!
Le spécisme, c'est la domination!
L'instrumentalisation des animaux montre bien jusqu'à quelles extrémités le capitalisme peut aller, et jusqu'où nous entraîne le spécisme; il faut cesser d'être complices!
Face à un système aussi fondamentalement indifférent à ce qu'éprouvent les êtres sensibles, aussi immensément meurtrier, il est urgent de réagir: il faut remettre en cause ce monde dont le seul but est le profit et non le bonheur de tous. Et, de toute urgence, il faut cesser de cautionner l'horreur, en refusant cette gigantesque boucherie perpétuelle.
La chair des animaux,
c'est la pire des marchandises!
De l'exploitation absolue...
Un jour ordinaire d'un pays en temps de paix...
Des oiseaux empalés rôtisssent dans les vitrines. Des corps démembrés garnissent les étals. Sur les ponts des bateaux, des poissons lentement s'asphixient. Dans des hangars fétides, de mornes vies s'écoulent. On coupe à vif des becs, des dents, des testicules. On enfonce des embucs jusqu'au fond des gosiers. Partout roulent des camions bourrés de condamnés. Ceux qu'on va égorger, saigner et dépecer. En ce jour ordinaire, ceux qui ont peur et mal se comptent par millions.
Dans ce pays en paix, magnifique, gentil, démocratique et civilisé, torture et meurtre de masse sont le lot quotidien.
Chaque année, plus de 1,2 milliard d'animaux vertébrés terrestres sont tués en France pour la consommation que nous faisons de leur chair, auxquels il faut rajouter des dizaines de milliards de poissons; un nombre terrifiant d'êtres sensibles, qui, comme nous, craignent la souffrance et aspirent à vivre bien, et auront éprouvé une vie de misère et d'horreur dans des élevages concentrationnaires avant d'être massacrés à la chaîne. Les médias ont braqué les projecteurs sur la réalité monstrueuse des charniers et crémations de vaches "folles". Mais ces images qui nous ont horrifié-e-s montrent comme exceptionnel ce qui constitue la norme pour les animaux "de boucherie"!
Regroupement d'opposant-e-s à la barbarie (ROB)
20 rue Cavenne - 69007 Lyon - France
e-mail : y.bon@free.fr
http://www.cahiers-antispecistes.org/Les cahiers antispécistes Réflexion et action pour l'égalité animale