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Les projecteurs ainsi braqués sur l'anarchisme, le lectorat du Monde diplomatique ne pourra pas savoir que l'anarchisme est sans doute - derrière le féminisme - l'une des idéologies politiques la moins meurtrière de l'histoire de l'humanité. Le lectorat du Monde diplo ne pourra non plus savoir qu'à l'échelle macabre des massacres, c'est par dizaines de milliers que des anarchistes ont été sauvagement massacrés par les partisans des autres idéologies au XXe siècle. Pourquoi ne pas avoir aussi rappelé que bien avant les musulmans en Occident, ce sont les chrétiens dissidents qui ont encouragé et pratiqué l'assassinat des têtes couronnées corrompues : Henri III, roi de France, a été assassiné par Jacques Clément, un frère dominicain, le 1er août 1589. Dix ans plus tard, le jésuite espagnol Mariana écrivait dans son ouvrage De Rege et Régis Institutione (1598) au sujet du despote que « chacun peut le tuer et luii enlever la vie et le pouvoir... ».
Et en 1610, c'est François Ravaillac, qui rêvait de devenir jésuite, qui assassine à coups de poignard le roi Henry IV. Les républicains assassinent aussi les chefs d'État, que ce soit lors d'une poussée révolutionnaire (le roi d'Angleterre décapité au XVIIe siècle et le roi de France lors de la Révolution française du XVIIIe siècle) ou lors d'attentats, comme Charles 1er, roi du Portugal, assassiné en 1908. Abraham Lincoln et John F. Kennedy sont deux autres présidents assassinés sans que les anarchistes n'aient été impliqués dans le complot, ni dans celui qui a failli coûté la vie à Ronald Reagan, à Charles de Gaulle ou au pape Jean-Paul II. Le Premier ministre italien Aldo Moro a été assassiné dans les années 1970 par les Brigades rouges, d'iinspiration marxiste-léniniste. En Inde seulement, Mahatma Gandhi, Indira Gandhi puis son fils Rajiv Gandhi ont été tués sans qu'un seul anarchiste ne soit engagé dans le complot. Le Premier ministre israélien a été assassiné par un juif sioniste, le Premier ministre égyptien par des soldats « islamistes » de sa propre armée. Et les nationalistes, toutes catégories confondues, ont assassiné bien plus de chefs d'État que les anarchistes.
S'il est important de réfléchir à l'attaque du 11 septembre 2001 et aux guerres qui s'ensuivent à la lumière de l'histoire du terrorisme, comme le prétend le Monde diplo, pourquoi ne pas parler de la Première Guerre mondiale, résultat d'un enchaînement de décisions tragiques déclenché en grande partie par l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo par un nationaliste serbe. Ou pourquoi ne rappeler l'absence évidente d'implication anarchiste dans l'attentat qui coûta la vie aux présidents du Rwanda et du Burundi lorsque leur avion fut abattu d'un missile, le 6 avril 1994, et l'assassinat le lendemain par des soldats de l'armée régulière de la Première ministre du Rwanda, des actions meurtrières qui plongèrent la région dans un vaste génocide. Et que dire du terrorisme d'État, et des attaques réussies ou ratées contre la vie de chefs d'État orchestrées directement ou indirectement, par exemple, par les États-Unis : contre Fidel Castro (et Che Guevara), Salvador Allende, etc.
Les anarchistes ont lancé des bombes. C'est vrai. Pendant quelques années. Il y a maintenant presque plus de cent ans. Combien de temps encore entendrons-nous parler de « terrorisme anarchiste » ? Et surtout : quelle est la ligne politique qui justifie - comme dans le Monde diplomatique - de laisser entendre qu'il y a une similitude entre le « terrorisme islamiste » et le « terrorisme anarchiste », tout en passant sous silence les centaines d'assassinats politiques organisés au XXe siècle par les partisans de toutes les idéologies, dont celle de la « raison d'État ».
Le plus malheureux, c'est que le Monde diplo ressasse de vieux clichés au sujet de l'anarchisme, alors précisément que ceux et celles qui sont identifiés à tort ou à raison comme « anarchistes » dans le mouvement altermondialisation n'ont jamais tué personne et sont pourtant violemment criminalisés depuis les actions directes de Seattle en 1999 (des milliers en Occident font face à des procédures judiciaires). Ne sait-on pas à la direction du Monde diplomatique que cet amalgame - terrorisme islamiste et « terrorisme » anarchiste antimondialisation - est pratiqué par les leaders d'opinion de la droite et par les organisations policières à travers l'Occident ? Le Monde diplomatique, sii fier de ses liens avec la frange modérée du « mouvement des mouvements » et ATTAC, a-t-il avantage à ressortir cette vieille image de l'anarchiste sanguinaire? Sinon, pourquoi propose-t-il cet amalgame?
Francis Dupuis-Déri
Le Monde libertaire #1368 du 23 au 29 septembre 2004
A propos d'un texte du Monde diplomatique sur les anars
Le texte qui suit est la réponse écrite par Ronald Creagh et publié (en
partie) dans le Monde diplomatique d'octobre 204 suite à un texte
crapuleux et anti-anarchiste écrit par Rik Coolsaet " Au temps du
terrorisme anarchiste" et publié dans le numéro de septembre (disponible
sur leur site internet en anglais à mondediplo.com/2004/09/03anarchists)
Uu texte où l'on pouvait notamment lire que Ben Laden était le Ravachol
du XXIe siècle...
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Suite à l'article de Rik Coolsaet, « Au temps du terrorisme anarchiste »
(« Le Monde diplomatique de septembre 2004), Ronald Creagh, de
Montpellier, nous écrit :
Je connaissais le caractère pessimiste du Monde diplo. Ses articles ont
souvent l'influence maussade du climat londonien. Il taille au scalpel
une humanité inquiétante. (...) Je suis anarchiste, peut-être, mais le
Monde diplo, lui, broie du noir. Je ne me doutais guère, cependant, qu'il
allait se précipiter, lui aussi, comme l'ensemble de ses confrères, dans
la chasse aux sorcières.
En effet, à chaque crise sociale, la presse charge les anarchistes. Ce
n'est plus la faute à Voltaire ou à Rousseau, mais à Ravachol. Il est le
Ben Laden des temps passés, disent maintenant nos docteurs en droit
pénal. Tout le bric-à-brac sanglant de notre époque, la révolution
iranienne, la bande à Baader, la situation au Kosovo ou en Irak, et
maintenant « le péril islamiste », sont crimes d'anarchie. Tout casseur
est présumé libertaire, tout attentat relève de la propagande par le
fait.
Pacifistes ou non, les libertaires sont inscrits comme terroristes par
Europol, et, de l'autre côté de l'Atlantique, ils subissent tous les
jours les menaces publiques et privées d'une police américaine. Ils sont
les premiers inculpés dans toute situation qui échappe au contrôle des
pouvoirs publics. Ils servent d'excuse à toute opération répressive et de
prétexte pour transformer les services de sécurité en police politique.
(...)
Quand un docte professeur de sciences politiques déclare, urbi et orbi,
qu'il n'y a aucune philosophie politique anarchiste, on omet de lui
rappeler les mouvements pour l'égalité des femmes, le contrôle des
naissances, la liberté sexuelle, la libre expression du corps et de
l'âme, l'objection de conscience, la solution pacifique des conflits et
la décolonisation, dont les anarchistes furent les pionniers aux deux
derniers siècles, et pour lesquels ils furent traités de doux rêveurs et
d'illuminés, persécutés et généralement emprisonnés. Quand il assimile
les terroristes contemporains à ceux qui mirent en garde contre la
destruction de la planète, la bureaucratie galopante, la domination des
experts, l'obscurantisme religieux, qui s'insurgèrent contre le travail
des enfants, l'exploitation des prolétaires, les répressions policières
sanglantes et les tortures de Biribi, on ne voit pas qu'il leur fait un
bien grand honneur.
Cela fait des décennies que je me passe de la grande presse. J'aimerais
ne pas devoir boycotter aussi celle que je croyais libre.
www.monde-diplomatique.fr/2004/10/A/11532
Commentaires :
libertad |
Je donne ici le commentaire d'Anonym3 : "Bon, maintenant je cause du sujet des deux articles.
Est ce libre, comme utiliser les éléctions représentatives du pouvoir, avec les conséquences que ça implique ? (voir : http://www.chez.com/vap/forum/144.html ). ou libre comme ONG (organisation non gouvernementale), donc non lié aux gouvernants (apparemment) ? J'aimerais ne pas devoir ne pas boycotter les écrits de ronald creagh, que je croyais non libre. " Répondre à ce commentaire
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à 22:15