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L'En Dehors


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Le Grand Soir
Ma chère Emcee,
Ces municipales furent un plaisir, et la déconfiture de l'Ump un vrai bonheur.
Personnellement, je ne vote pas.
Ce n'est pas une position de principe, puisque je suis anarchiste et que, dans nos structures et collectifs, on vote à tous propos.
Ce n'est pas par désintérêt non plus, j'ai une âme de supporter, et j'adore la compétition.
Mais voilà : les périodes électorales ne sont pas propices à la seule solution raisonnable qui puisse résoudre les problèmes du pays, je veux parler de la grève générale.
Alors, je m'abstiens.
Pour ce qui est des municipales, les avis anarchistes sont partagés.
Certains pensent qu'on peut sans risque y participer, puisqu'on n'y élit pas des organes de pouvoir directement hostiles, par nature, à la grève générale.
Je ne sais pas.

Je me méfie quand même.

En tous cas, dimanche, je ne suis pas allé voter.

C'est ainsi que dès lundi, j'étais d'attaque pour te parler de la plus brûlante actualité post-électorale : le Grand Soir.

Puisqu'aussi bien dimanche dernier ils nous ont annonçé, avant même la fin du distrayant intermède des municipales, et de peur que nous nous fassions des idées, la suite du programme : d'urgence, niquer les retraites et racketter les pauvres (car il faut rentrer la thune -telle est leur devise- égarée dans les poches des salariés, où elle n'a rien à faire).

Les directions syndicales, coufies de gens qui votent et font voter, sont, pour cette raison-même, directement hostiles à la grève générale.

Et si elles rêvent encore d'un corps à corps avec le pouvoir, elles pensent plutôt à celui du tango argentin qu'à la lutte gréco-romaine.

Ce n'est donc pas elles qui s'opposeront au programme gouvernemental.

Leur ambition se limite à demander que toutes ces exactions ne se passent pas sans elles, ni leur précieux concours.

Quitte à lacher dans les rues leurs grévistes pour obtenir de meilleures places à la table du pouvoir.

Ce qui, bien sur, ne fait jamais plaisir à ceux qui y sont déjà.

C'est pour cela qu'on va, dans le même temps que les réformes de la retraite et de la sécu, et parmi cet immense chantier, faire aussi celle des syndicats, qui pouvait pourtant attendre six mois de plus, puisqu'elle attendait déjà depuis 124 ans (le 21 mars 1884, joyeux anniversaire à tous).
Car Nicolas avait de longue date prévu le coup.
Ce n'est certes pas que toutes ces organisations ouvrières menacent de s'opposer farouchement aux réformes à venir.
Concernant le passage aux 41 années de cotisations entre 2008 et 2012, à raison d'un trimestre supplémentaire par an, voici la position de FO :
FO est contre les 41,5 ans de cotisation

Et voici celle de François Chérèque :

Avant d'augmenter la durée de cotisation à 41 ans, il faut s'attaquer à la question des seniors.

(Car, en effet, c'est bien beau de faire bosser les gens jusqu'à pas d'age, encore faut-il leur trouver du boulot.)

Il en va de même pour la sécu.

Son trou est évalué à 9,5 milliards d'euros, tandis que la dette de l'Etat à son égard (les différentes taxes qu'il perçoit pour elle, comme celle sur les tabacs, et qu'il ne reverse pas) se monte à 20 milliards.

Il y a donc largement de quoi contester les mesures de déremboursement qui s'annoncent.

La CFTC, qui est en pointe dans ce combat, demande à l'Etat de :

"s'acquitter mensuellement de ses charges dues à l'assurance maladie"

Et ne rêve pas, il ne s'agit pas des 20 milliards qu'il lui doit, mais des 1,8 qu'il a reconnu lui devoir, après d'âpres et récentes négociations, et qu'il n'entend payer qu'en fin d'année, tandis que la sécu, contrainte d'avancer ces sommes, doit les emprunter, au prix que coûte le loyer de l'argent.

Tu vois, ma chère emcee, que ces différentes contestations sont éloignées de toute extravagance, et que les réformes sarkozyennes ne rencontrent pas d'insurmontables obstacles.

Oui, mais voilà, Nicolas n'a pas de temps à perdre. Il avait prévu de boucler ça dans la première année de sa prézydence, et il ne lui reste maintenant que trois mois.

Car à la rentrée prochaine, ça risque de faire tard, et susciter du coup une grève générale (tu vois que je ne suis pas le seul à y penser, lui aussi ça le ronge).

Il n'est donc pas question de s'attarder en négociations.

C'est en prévision de ce timing serré qu'il a, dès son élection, déclanché le scandale de l'Uimm.

Il ne fait guère de doute aujourd'hui que les syndicats sont mouillés, et plutôt que de te lasser avec trop de citations, je te laisse réfléchir au petit lapsus qu'a commis ces derniers jours François Chérèque :
"En montrant du doigt les syndicats, on voulait cacher d'autres financements, et en particulier des financements politiques"

Il voulait sans doute dire dire «cacher de tout autres financements», mais voilà, il s'est contenté des «autres financements», et je lui accorde bien volontiers qu'il y en a probablement eu d'autres que ceux des syndicats, personne n'a jamais dit le contraire.

La BigBrotherisation du monde syndical (ou, si tu préfères, la réforme des règles de financement et de représentativité) était souhaitée de tous, à commencer par les intéressés eux-mêmes qui espéraient, selon leur habitude, tirer maints avantages d'une plus grande soumission à l'ordre établi.

C'était compter sans Nicolas, son caractère espiègle et son irrésistible penchant pour la brutalité.

L'affaire Gautier-Sauvagnac lui permet de régler à sa manière (c'est-dire à la hache) la normalisation du paysage syndical français.

Pour ce qui est du Medef, c'est fait, et c'était bien le principal.

Sans sa mise au pas, il n'aurait pas été possible de soumettre à l'Etat l'ensemble des syndicats.

Le patronat en favorisait certains, finançait des structures de base (ce qui permet aujourd'hui aux confédérations de se prétendre étrangères à de tels agissements), et était leur partenaire dans la cogestion des organismes paritaires.

Il a fallu lui arracher d'abord tous ces vassaux.

L'Uimm, qui était à la tête du système, n'a pas perdu grand chose de sa puissance au sein du patronat.

L'interim des mandats qu'elle a abandonnés est assuré par une organisation indépendante du Medef, l'Agpme, dont la particularité est d'être entièrement dépendante de l'Uimm, qui la finance.

Comme tu vois, elle n'est pas encore à la rue.

Mais elle a été contrainte de rentrer dans le rang : transparence des comptes, remise en jeu démocratique de ses mandats, rien ne sera plus comme avant.

Et c'est tout le syndicalisme français qui s'en trouve bouleversé.

La plupart des syndicats, à des degrés divers, et sous différentes formes, vivent désormais sous la menace du scandale.

Les plus compromis, et les plus désemparés, sont justement ceux qui voulaient pinailler sur la réforme du statut syndical, car ce sont les plus petits : FO, la CFTC et la CGC.

Ils étaient bien d'accord pour qu'on les finance.

Mais pas pour qu'on fixe le seuil de représentativité à 15
% des voix, par exemple, aux élections professionnelles.

A ce compte-là, ils passent à la trappe.

Or les voici privés de toute liberté d'agir par l'affaire de l'Uimm, et de toute protection efficace par un Medef affaibli.

Leur sort est suspendu au bon vouloir du gouvernement, qui les a prévenus : faute d'accord sur les règles de représentativité et de financement, il légifèrera.

Il n'y a pas besoin d'avoir fait Sciences Po pour deviner le reste : faute d'accord, vite fait bien fait, sur les retraites et la sécu, il n'y aura pas non plus d'accord sur la représentativité.

Et alors, maman, bobo.

On pataugera dans le sang jusqu'aux genoux dans les Bourses du Travail de France et de Navarre.

Toutefois, ne te bile pas trop pour eux : ils sauront plier et vite montrer le bon exemple, afin de sauver leur peau.

Quand aux grands syndicats, pourquoi bougeraient-ils?

D'une part, ils ne sont pas tout à fait sortis de l'auberge, ce qui incite à la prudence.

D'autre part, s'ils se montrent aussi dociles que les petits (et la concurrence est rude, mais pour la Cfdt ce sera un jeu d'enfant), ils prouveront l'inutilité de ces derniers.

Alors, peut-être, leur rêve se réalisera-t-il : un oligopole Cgt-Cfdt, essentiellement dépendant de l'Etat, et seul interlocuteur officiel du patronat et du gouvernement au niveau national.

Ce n'est donc pas demain la veille, ma chère emcee, que l'un d'entre eux nous appellera à la grève générale, et c'est pourquoi j'ai trouvé utile de t'en parler, plutôt que des municipales.

Car si nous ne nous occupons pas nous-mêmes de cette fameuse grève, personne ne nous l'apportera sur un plateau.
Ecrit par okounine, à 22:09 dans la rubrique "Actualité".



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