Lu sur
Tintin révolution : "Les représentations populaires des relations hommes-femmes dans la société primitive sont résumées par l’ « homme des cavernes » porteur de massue de la BD du New Yorker qui tire sa femme derrière lui par les cheveux. A un niveau plus élevé, supposé scientifique, les écrits de Robert Ardrey, Desmond Morris et leurs semblables renforcent cette image(1). Derrière l’hilarité due au dessin, ou derrière n’importe quelle image tissée à partir du bric à brac ethnographique sorti du contexte, le message reste toujours le même : les êtres humains ont toujours été agressifs et compétitifs, et les hommes l’étant plus que les femmes, ont toujours été dominants. Le thème se répète avec des variations : notre nature « animale » ou « primitive » reflète la « loi de la Jungle » par laquelle la puissance crée le droit parce que la nature humaine fondamentalement brutale – c’est ainsi qu’on l’explique—subsiste sous le fin vernis de civilisation avec sa Règle d’Or « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent » et la valeur de notre culture prétend se baser sur la vie humaine et l’individu. Quand, cependant, nous pesons les informations de l’anthropologie sociale et physique, de l’archéologie et de la primatologie dans leur totalité, plutôt que dans une sélection arbitraire, elle nous racontent une autre histoire. Socialisation, curiosité, esprit ludique, et non la compétitivité sûre d’elle-même et l’agressivité, ont permis aux créatures petites et sans défense d’évoluer vers l’être humain qui a créé de nombreuses manières de vivre dans le monde.
La socialisation, c'est-à-dire le désir fort de se rapprocher de ceux de sa propre espèce, et l’intérêt débordant envers eux caractérise nos ancêtres primates. Combattre et gaspiller apparaissent comme subsidiaires, pas fondamentaux. L’humanité n’a pas évolué, comme le postulait Hobbes, depuis un ancêtre agressif de façon innée. Avec du recul, il est clair qu’elle ne pouvait pas faire ainsi. La base de cette évolution réussie fut la vie de groupe qui à la fois nécessitait et rendait possible les comportements coopératifs. En conséquence, la coopération a mené au développement des outils et ustensiles sophistiqués et de l’élaboration du langage(2). Elle en dépendait aussi d’ailleurs, parallèlement.
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