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Carpediem : "Le désir... voilà une énergie complexe et primordiale.
De quel désir parlons-nous ? Du désir furtif et à peine esquissé qui surgit à longueur de journée entre tous les êtres humains qui se plaisent instinctivement ? Du désir brûlant et passionnel que l'on éprouve brutalement pour un partenaire sexuel qui vous inspire ? Du désir amoureux que l'on entretient pour l'être qu'on aime, celui dont on a choisi de partager l'existence ?
Ils existent tous trois et malgré une origine commune, il me semblent différents dans leurs implications, dans leur portée, dans leur influence sur nos vies et dans le plaisir qu'ils nous procurent...Pourtant, ils ne sont point incompatibles puisqu'il semble que l'on puisse passer de l'un à l'autre, du moins dans un certain ordre...
Le désir furtif:je l'appelle l'attirance animale, viscérale. Il existe toujours, quoi qu'on en dise, entre un homme et une femme(°)... Nous sommes tous constitués, dans nos éléments les plus primordiaux et les plus infimes, dans le seul but de nous reproduire et donc, de nous attirer... Nier ou refuser ce fait serait, je pense, aller contre le fondement même des choses et par là, droit dans le mur...
Le désir n'est pas nocif dans le sens où il est naturel: il est naturel d'avoir des envies envers les gens que l'on côtoie en société, d'être attiré par les gens charmants ou particulièrement en accord avec les canons de beauté. C'est dans l'ordre des choses. Cela peut même s'avérer être un puissant générateur d'énergie. En avoir honte ou les refouler est aussi stupide que d'y céder systématiquement... Un instinct refoulé n'est pas contrôlé; c'est une perversion qui se prépare: vos désirs refoulés finiront par ressortir d'une façon ou d'une autre, souvent de façon négative, perverse, voire même pathologique. aut-il donc céder à tous ses désirs ? Non pas. Je dirais qu'il faut les assumer: accepter le fait que l'on puisse être attiré par les autres et apprécier cela; le désir et en soi plus important que sa satisfaction. Le désir est énergie;la satisfaction est consommation, épuisement, elle annonce la fin de ce désir...
J'apprécie et me délecte chaque jour des rencontres que l'existence place sur mon chemin: j'essaie sans remords de plaire et je goûte le charme de mes contemporaines sans pour autant que cela ternisse le plaisir que j'aie à rejoindre celle que j'aime ni ma fidélité à son égard...
Le désir est une des formes premières de la force de vie qui nous anime, y renoncer c'est déjà commencer à mourir. Point n'est question ici de fidélité, il ne s'agit que de plaire et de vivre: personne n'a le droit de prétendre interdire cela. Encore faut-il savoir dominer cette impulsion... Elle peut apporter une profonde joie de vivre comme la destruction d'un couple si l'on passe à l'étape suivante en cédant au désir viscéral. En effet, ce désir restera à jamais insatisfait de part sa nature même: désir de l'autre... Lui céder c'est courir après les nuages, c'est se laisser guider par ses impulsions au lieu d'en être le maître et de les plier à sa volonté.
L'étape suivante serait, selon moi, la passion sexuelle. C'est un moment qui, et les lecteurs qui l'on connu ne me contrediront pas, reste inoubliable et vous change profondément (sans jeu de mot de mauvais goût... ;-) ) J'ai moi-même connu une passion sexuelle extèmement forte, vous pourrez lire mes témoignages... Il faut alors vivre cette passion jusqu'au bout, avec force. Explorez vos phantasmes mutuels, faites-le partout, de multiples façons, dans toutes les positions, sans cas de conscience mais en tentant de garder suffisemment de lucidité pour voir où cette histoire doit s'arrêter ou dans quelle mesure elle peut continuer... Parfois, cela prend du temps... C'est toujours difficile... Malheureusement, bien souvent, la passion est impossible à vivre au quotidien et il faut alors savoir y mettre un terme avant qu'elle ne devienne destructrice ou nocive. Quand le jeu ne vaut plus la chandelle... Finalement, un jour, on a envie d'un peu plus que cette impulsion primale, on veut de l'amour durable... C'est cette envie qui fait de nous des humains, le désir d'absolu et de plénitude... Il est rare de l'atteindre, malheureusement... Beaucoup "se casent" par lassitude ou par peur de l'âge qui approche, comme le croquemitaine des contes pour enfants... On vit alors une histoire tiède, ou qui le devient peu à peu, une relation papa-maman où le désir s'étiole... Et c'est alors qu'un beau jour, après des années de mariage, une relation extraconjugale, dûe à un désir las d'être éteint ou réfréné(°°), vient mettre un coup de pied dans la fourmilière... Ce n'est pas une fatalité, du moins je l'espère... Pour l'heure, je ne peux que constater qu'il y a des couples heureux autour de moi et que le mien se porte plutôt bien... Le désir s'entretient... Pour le conserver, il faut déjà rester désirable: pour soi-même, pour les étrangers au couple et pour le conjoint... S'occuper de soi, changer son apparence, se sentir bien... Le fait de plaire aux autres ne peut que renforcer le couple pour qui sait maîtriser ses désirs et apprécier sa relation avec justesse et objectivité: la jalousie, elle aussi viscérale, ne peut que maintenir l'attirance du partenaire vigilant (encore faut-il qu'il -ou elle- soit assez intelligent pour ne pas y voir un obstacle au couple(°°°)) Je reste un rêveur ...
(°) Je ne parle pas des homosexuels par pure commodité discursive mais il va de soi que tout lecteur peut se reconnaître dans mes propos quelquesoit ses tendances sexuelles, je n'exclue personne de ma modeste réflexion.
(°°) Loin de moi l'idée de limiter les échecs conjugaux aux seuls désirs réfrénés. Tous les couples ne se séparent pas dans ces condition; c'est cependant le sujet de cette réflexion, je m'y tiens donc.
(°°°) Dans le cas, bien évidemment, où le partenaire en question n'a pas de raison valable de soupçonner son conjoint...