Plate-forme d'initiatives furieuses pour la pérennité de l'autonomie festive est un collectif rochelais qui lutte pour promouvoir des initiatives culturelles, sociales et écologiques gratuites ou à prix libre. En six mois d'existence, il aura ouvert deux squats (expulsés) et a été à l'initiative d'une action en faveur des demandeurs d'asile qui a abouti à la création d'un collectif de soutien.
Naissance de Pif Paf l'occupation du 45, quai MaubecEn occupant le 45, quai Maubec, nous entendions signifier trois choses: la vacuité, parfois pendant de nombreuses années, de bâtiments publics, l'absence de tout heu alternatif à La Rochelle, une culture et une contestation élitiste, politiquement correctes sous le signe du Parti socialiste. Des initiatives existaient, mais de façon très dispersées et sporadiques. L'idée d'un squat n'était pas nouvelle. Deux expériences avaient déjà eu lieu mais n'avaient jamais réellement fonctionné car les lieux étaient trop petits ou trop excentrés. Il fallait donc déménager. C'est là que le 45, quai Maubec a été repéré. Ancien lycée hôtelier, situé en plein coeur de la ville, faisant plus de 800 m-, il était idéal pour les activités que nous voulions développer. Nous l'avons donc investi, et avons convoqué une assemblée générale regroupant tous les militants rochelais. Suite à cette AG, un nom a été trouvé: PIF PAF, et des principes de base ont été définis: pas d'alcool ou drogues dans les parties communes du lieu, AG souveraine tous les jeudis où toute personne peut participer, organisations d'activités gratuites ou à prix libre toute la semaine, chambres réservées aux sans-logis. Rapidement, de nombreuses personnes rejoignent ce collectif, et l'endroit commence à vivre: une bibliothèque-fanzinothèque est créée, une zone de gratuité, des ateliers musicaux, une cuisine autogérée, des ateliers boulangerie et même un poulailler (une poule rouge et noire: Pif Paf). Après des affichages réguliers pour annoncer le squat, des négociations avec les élus et quelques articles dans Sud Ouest, un procès en référé, bref après deux semaines d'occupation, 60 CRS se sont présentés à notre porte avec de malveillantes intentions et nous ont expulsés à grands coups de bélier.
Seconde occupation : Pif Paf récidivisteAprès trois semaines de prospection, le collectif décide d'ouvrir un nouveau lieu. Situé au bord de mer, un peu plus petit que le précédent et beaucoup plus sale, il nous faudra une semaine pour pouvoir l'occuper pleinement. Et cela recommence, négociations, activités, jugement et arrêté d'expulsion. Mais, cette fois, nous les attendions: la porte était tellement barricadée que la police a du la démonter, et nous les attendions postés sur le toit. Après 40 minutes, l'arrivée d'une dizaine de pompiers hilares et de la télé, nous. sommes descendus.
Le comité de soutien aux demandeurs d'asileAprès la deuxième occupation, le collectif décidait de ne pas réoccuper afin de mieux prévoir sa troisième action et de laisser le temps à la mairie qui avait promis de donner une réponse concernant un lieu. Une famille de réfugiés roms du Kosovo vit depuis deux mois dans un parc. Nous leur proposons de leur ouvrir un lieu, mais ils refusent, alors nous décidons de monter une yourte afin qu'ils aient un minimum d'abri. Dans le même temps, les médias sont contactés, des rendez-vous pris avec la mairie, la préfecture et la DASS, et une permanence de deux personnes minimum est assurée jour et nuit sur le campement. Le collectif est rejoint par plusieurs autres personnes qui décident de créer un comité de soutien aux demandeurs d'asile. Dans le même temps, la situation sanitaire du campement se dégrade, d'autres familles rejoignent le campement, alors que toute négociation se heurte aux autorités, la mairie arguant de son incompétence dans ce domaine, la DASS et la préfecture, du manque de moyen. Le collectif choisit donc des actions plus dures et occupe la DASS, avant d'être évacué par la police et de se rendre au conseil municipal, où, devant nos interventions jugées intempestives, le maire de La Rochelle décide de lever la séance, ce qui aura pour effet de nous brouiller durablement avec la municipalité. Mais malgré les menaces de la préfecture, qui a envoyé un courrier au maire de La Rochelle, le prévenant u contre une filière soutenue par les associations », et grâce aux pressions du collectif et de ses soutiens, une famille part au CADA, et celle qui vivait dans le campement depuis le début est déplacée dans un camping payé par la mairie, où ils ont au moins des toilettes et l'eau chaude. Une autre est logée à (hôtel. Mais le comité continue ses activités.
Aujourd'hui quelles perspectives?
À l'heure actuelle, le collectif traverse une période de calme et va cesser ses activités pendant les mois d'été. Mais nous sommes sûrs que, renforcé par ses expériences, le collectif repartira de plus belle en septembre.
Pierre Pawin
Le Monde libertaire #1405 du 30 juin au 6 juillet 2005
à 21:57