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lu sur .actuchomage. : " A quelques heures de l'annonce du taux officiel de novembre, un collectif d'associations et de syndicats dénonce avec force la manipulation des chiffres du chômage, abondant ainsi dans le sens de NOTRE DOSSIER mis en ligne voici deux mois.
La brêche ouverte en début d'année par Fabienne Brutus n'a pas été vaine. Initié par les associations Réseau d'Alerte sur les Inégalités, AC!, MNCP, le Réseau Stop Précarité et les syndicats SNU-ANPE, SUD-ANPE et CGT-INSEE, le collectif «Les autres chiffres du chômage» (ACDC) accuse les statistiques d'escamoter quelque 2,3 millions de "chômeurs invisibles" et vient de publier la première d'une série de notes qu'il diffusera chaque fin de mois et jusqu'en mai, une opération visant à "marquer la campagne électorale" et donner à la question sociale "la place qui lui revient dans le débat électoral" à venir.
Officiellement, le chômage touchait 2.172.000 de personnes en octobre. Mais ce chiffre ne tient compte que des chômeurs de catégorie 1, c'est-à-dire des demandeurs d'emploi immédiatement disponibles, à la recherche d'un CDI à temps plein, et qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois. Actuellement, le calcul du taux de chômage exclut donc les personnes en recherche d'emploi qui, faute de mieux, se contentent de missions d'intérim, d'un temps partiel ou d'un CDD, ceux qui exercent une "activité réduite" de plus de 78 heures par semaine mais cherchent une activité plus stable et restent dans les fichiers, les chômeurs des départements d'outre mer (DOM), les chômeurs en arrêt-maladie ou en formation, les licenciés économiques en convention de reclassement personnalisée (CRP) ou en contrat de transition professionnelle (CTP), ou bien encore les chômeurs "âgés" dispensés de recherche d'emploi (DRE). Ce sont au total "près de 4,45 millions de personnes" qui sont recensées "en tant que demandeurs d'emplois" dans les 8 catégories de l'ANPE, n'en déplaise à Jean-Louis Borloo...
Cet écart avec les statistiques officielles est une "manipulation des chiffres" qu'a dénoncée l'économiste Pierre Concialdi, représentant d'ACDC, membre du CERC et co-fondateur du RAI-Bip40, lors d'une conférence de presse. "Depuis 25 ans ces «chômeurs invisibles» représentent une proportion croissante de l'ensemble des inscrits à l'ANPE : au cours de l'année 2006, la part de ces chômeurs dans le total des demandeurs d'emploi a dépassé pour la première fois 50% alors qu'elle n'en représentait que 10% en 1982", selon le collectif qui ajoute que, malgré ces "artifices statistiques", le chômage "se maintient à un niveau structurellement élevé" depuis le début des années 1990 et que le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE "demeure inflexible autour de 4,5 millions" depuis 15 ans.
Dans sa note, ACDC fournit une batterie de chiffres issus de l'ANPE elle-même et revient sur vingt-cinq années de classification des chômeurs et de pratiques de l'Agence. Observant que la part des chômages invisibles a été "multipliée par quatre" sur le dernier quart de siècle, Philippe Sabater, du SNU-ANPE, constate que "l'instrumentalisation politique de l'ANPE est plus forte que jamais".
Parmi les demandeurs d'emploi échappant au chiffre officiel, ACDC évoque quelque 220.000 "chômeurs des départements d'Outre-Mer qui n'apparaissent jamais dans le bilan mensuel commenté par le gouvernement". Le collectif dénonce aussi le cas de 871.000 personnes, demandeuses "d'emploi temporaire ou à temps partiel", expliquant que 250.000 "chômeurs de la catégorie 1 ont été basculés vers les catégories 2 et 3 (demandeurs d'emploi à temps partiel ou temporaire)" de 1997 à 2000... Un transfert qui résulterait d'une "modification" des méthodes de l'ANPE et non "d'une passion subite de ceux-ci pour les CDD ou le temps partiel", même si l'ANPE souligne que les catégories de chômeurs "existent depuis 1995" et que leurs définitions n'ont depuis "pas changé"...
Parmi les «chômeurs invisibles», le collectif compte également 412.000 "dispensés de recherche d'emploi", catégorie apparue en 1985 qui englobe "des demandeurs d'emploi âgés" de plus de 55 ans, et 452.000 "chômeurs en activité réduite" - demandeurs d'emploi ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois, "écartés du chiffre officiel depuis 1995". Le collectif recense aussi 321.000 "demandeurs d'emploi non immédiatement disponibles" car en stage, en contrat aidé, en formation, en CRP ou en arrêt-maladie. "Il y a aussi les découragés qui touchent le RMI mais ne cherchent même plus à s'inscrire à l'ANPE et sur lesquels aucune statistique n'existe", ajoute Philippe Sabater : effectivement, 63% des 1,3 million de RMIstes ne pointent pas à l'ANPE.
Mais ACDC oublie de préciser que 47% des chômeurs ne sont pas indemnisés du tout : plus «invisibles» on ne fait pas ! Et la polémique sur l'explosion des radiations n'est pas abordée. Si le collectif affirme à juste titre que "plus de la moitié des demandeurs d'emploi sont exclus du chiffre officiel", nous pensons ici qu'ils sont encore loin de la triste réalité.
Bref, "baser le décompte uniquement sur la catégorie 1, ce qui fait dire au gouvernement qu'il est en train de gagner la bataille pour l'emploi, nous semble très contestable", résume Thomas Coutrot, autre économiste et co-fondateur du Réseau d'Alerte sur les Inégalités. "La question qu'on pose à tous, c'est : est-ce qu'on peut continuer comme ça alors que le chiffre officiel apparaît de moins en moins crédible ?", s'interroge Philippe Sabater, poursuivant : "Est-ce qu'il y a une alternative pour régler ce chômage qu'on ne veut pas voir ? Tous ces gens, qu'est-ce qu'on met en place pour leur trouver des solutions ?" Là dessus, on peut rêver… Mais que la vérité éclate enfin le temps d'une campagne électorale, voilà qui est un réel progrès dont nous ne pouvons que nous réjouir.
Commentaires :
lola |
Chômage : des études bien venuesQuelques des études bien venues pour alimenter les débats sur le chômage et l'emploi. * Chômage officiel et chômage réel en 2005 * En neuf ans le nombre réel de chômeurs n'a pas baissé en France * Gains de productivité du travail, durée du travail, chômage En France, la productivité du travail a augmenté de 17,22 % en sept ans, pour l'ensemble de l'activité nationale. Sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d'emplois aurait pu être augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail. En moyenne, avec des transferts d'emplois entre secteurs d'activité, le nombre d'emplois aurait augmenté de 4 284 500. Le chômage réel aurait beaucoup baissé. * Plus d'emplois créés en France qu'en Angleterre en 15 ans En quinze ans, de 1990 à 2005, la France a créé davantage d'emplois (2 520 000 : +11,25%) que l'Angleterre (1 520 000 : +5,82%). Le modèle libéral britannique n'est donc pas supérieur au modèle social français. * Manipulation des chiffres du chômage dans un pays du nord En 2004, le Danemark a plus de préretraités (187 200) que la France (139 700) pour une population active dix fois plus faible. Avec les autres mesures de marché du travail, le nombre réel de chômeurs est 2,52 fois le nombre officiel. Le taux de chômage réel devient 14,65 % au lieu d'un taux officiel de 6,38 %. Avec une évolution de sa population active identique à celle du Danemark depuis quinze ans, non seulement la France n'aurait plus aucun chômeur officiel, mais le chômage réel serait résorbé pour l'essentiel. Et cela sans introduire une plus grande flexibilité des contrats de travail. * La gauche crée plus d'emplois du secteur privé, à croissance égale * Durée du travail : apparences et réalité, France et autres pays Si l'on fait la moyenne de tous les emplois, à temps partiel et à temps complet, la durée de la semaine de travail est : Un site bien documenté, à consulter. Répondre à ce commentaire
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à 01:43