Le 24 décembre (c'était la veille de Noël) syndicats et patronat enrubannaient un beau cadeau pour les plus pauvres d'entre nous.
A 1 heure et demi du matin, ils a finalisaient un projet d'accord sur l'assurance chômage.
Qui allait vraiment faire plaisir aux demandeurs d'emploi.
Au lieu d'exiger d'eux qu'ils aient travaillé pendant 6 des 22 derniers mois pour avoir droit aux Assedic,
on se contentait de quatre (sur 28).
Une excellente nouvelle pour environ 100 000 chômeurs par an.
Le patronat (charité bien ordonnée commence par soi-même) n'oubliait pas ses petits souliers.
Il exigeait une baisse des cotisations chômage de 0,5%.
Autant dire une baisse sensible des coûts salariaux.
Mais applicable seulement si les actuels surplus de l'Unedic subsistaient.
Rien que du raisonnable, donc.
La CFDT, ne vous étonnez point, a tout de suite signé l'accord.
Ce qui suffit à le valider (tel est le privilège des syndicats représentatifs).
La CGT, fidèle à elle-même, a refusé.
Au motif qu'on était en crise, et que le moment était mal choisi pour baisser les cotisation à l'Unedic.
FO, après avoir hésité, a fait de même.
CGC et CFTC tergiversent.
De toutes façons, qu'ils signent ou non n'a plus d'importance.
Puisque la CFDT l'a fait.
Et que ça suffit.
Personne n'a cependant commenté l'élan compassionnel qui a saisi Chérèque et le patronat pour ces chômeurs sans ressource.
Car des chômeurs non indemnisés, il y en a des bottes : un sur deux.
Ce qui fait largement plus de 100 000.
Et dans le tas, certains ne sont pas épargnés par le nouvel accord.
Quelques milliers d'entre eux seront indemnisés moins longtemps
(il n'y a pas de petites économies).
D'autres, pas du tout
(on a trouvé qu'ils ne le méritaient pas).
Sans parler des moins de 25 ans qui, après le chômage, n'ont même pas droit au RMI
(à cet age, on vit d'amour et d'eau fraîche).
Et pour lesquels rien n'est prévu, sauf des hélicoptères pour survoler la cité.
On se demande un peu pourquoi tant de sollicitude à l'égard de ceux-ci précisément, qui on travaillé quatre mois mais pas six.
Il y a tout juste un an (le 14 janvier 2008), un autre accord était signé, sur la réforme du marché du travail.
Dite flexi-sécurité, en rêvant au "modèle scandinave".
Au Danemark, le patron peut te virer sans explication du jour au lendemain.
Mais tu as droit à 90% de ton net pendant cinq ans.
Et à mille formations professionnelles pour retrouver du job.
Bref, Byzance à Copenhague
(mais pas à Paris, je vous rassure).
A l'époque, tout le monde avait signé, sauf la CGT
(qui voit le mal partout)
et quelques mois plus tard, une loi est venue verrouiller tout ça.
C'était un accord long comme un jour sans pain et, comme l'habitude, sur des broutilles.
Mais il contenait une sérieuse innovation : la rupture conventionnelle du contrat de travail.
Jusqu'à l'année dernière, quand le boss voulait te faire la peau, il lui fallait un motif.
C'était des fois dur à trouver.
Quant à toi, même si tu en bavais, tu ne pouvais pas démissionner.
ça t'aurait fait sauter les Assedic.
Avec la rupture conventionnelle, c'est le divorce à l'amiable.
Tu te barres, il pousse un grand ouf! de soulagement et tu files à l'Anpe toucher le chômedu.
Tout le monde est content.
Surtout les patrons.
ça leur permet de travailler à flux tendu, embaucher, débaucher qui ils veulent, comme ils veulent.
Alors qu'auparavant ils étaient tenus à quelques responsabilités sociales vis-à-vis des travailleurs.
Lesquelles étaient douloureusement coûteuses.
Ces coûts sont désormais supportés par l'Unedic qui
(regardez comme la vie est bien faite)
est en partie financée par les salariés
(c'est toujours ça de récupéré).
Telle est la raison pour laquelle le droit aux Assedic est ouvert à partir de 4 mois de travail.
Il permet de virer par accord à l'amiable les travailleurs qui viennent à peine de retrouver du job.
Okounine