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La
dérive libérale du système marchand, caractérisée par le désengagement économique
et social de l’Etat, la liquidation des services publics et son accaparement
par un clan, … aboutit à une véritable mutation de la nature de l’Etat en
parfaite contradiction avec les principes républicains.
ETAT ET CLASSES SOCIALES
Ce
n’est pas nouveau d’affirmer que dans une société divisée en classes sociales,
aux intérêts antagonistes et contradictoires, l’Etat représente la force
coercitive qui garanti les intérêts de la classe des possédants.
Ce
n’est pas nouveau, mais il est urgent et indispensable de le rappeler
aujourd’hui.
Ce
n’est certes pas l’apanage du système marchand. En effet, tous les systèmes
d’organisation sociale de l’Histoire ont fonctionné sur cette logique… sauf
peut-être les sociétés dites « primitives ».
L’Etat
garanti les intérêts des possédants en tenant compte des rapports de forces,
des évènements historiques, des évolutions de la société qu’il domine. Il peut
apparaître à certains moments conciliant, voire donner l’apparence de la
médiation, comme il peut apparaître parfaitement autoritaire, voire dictatorial
– le 20e siècle est une parfaite illustration de ces facultés
d’adaptation de l’institution « Etat ».
LE MYTHE REPUBLICAIN
L’effondrement
de l’Ancien Régime, en Europe au 18e et 19e siècle a
laissé la place au système marchand, capitalisme, salariat, qui s’est fondé sur
une ambiguïté dont nous payons encore
aujourd’hui les conséquences politiques.
Les
discours philosophico-humanistes des penseurs des Lumières, et de certains des philosophes de la Révolution Française
ont vite laissé la place au discours « réaliste » des affairistes et
des marchands.
Les
intérêts des nouveaux possédants se sont bien vite heurtés aux valeurs que
ceux-ci avaient précipitamment mais imprudemment gravées dans la pierre des
frontons des édifices publics. L’écrasement des révoltes ouvrières dès le début
du 19e siècle, la Commune de Paris, n’ont été que le prélude des
grandes répressions du 20e siècle.
Le
mythe de la République pour tous, pour le peuple, d’une République garante et
défenseuse des opprimés s’est très vite avéré être une remarquable et efficace
escroquerie.
Le
système électoral, c'est-à-dire le moyen de tenir compte des désirs et de la
volonté du peuple, en nommant des représentant a été depuis longtemps
parfaitement détourné ce qui a permis l’émergence d’une nouvelle « aristocratie »
qui a pris possession du Pouvoir et l’a gardé,… quels que soient les
modifications apportées aux modes de scrutins.
Il
suffisait, pour entretenir l’illusion d’asséner régulièrement et
systématiquement le « bon peuple » de slogans bien conçus pour lui
faire croire que « les promesses
seront bien tenues », « les
élus sont responsables devant leurs électeurs » et,… cerise sur le
gâteau « le vote est non seulement
un droit mais aussi un devoir ». Ainsi l’Etat, « bien
commun » du Peuple (ce qu’il n’a jamais été), s’est donné le beau
rôle :
- donner
l’illusion de la démocratie,
- demeurer le
garant d’un système fondamentalement inégalitaire et exploiteur.
La
force, mais aussi les faiblesses et les ambiguïtés politiques du mouvement
ouvrier vont, au 19e siècle, et surtout au 20e,
entretenir le mythe de l‘ « Etat démocratique » avant un début
de renversement de la tendance au début du 21e siècle.
L’ETAT ET LE MOUVEMENT OUVRIER
Très
tôt, les ouvriers, les salariés ont eu à pâtir de la politique de l’Etat dans
le système marchand,… mais ils ont su aussi l’utiliser.
Les
multiples et sanglantes révoltes ouvrières montrent, s’il en était besoin, que
tous les discours « démocratiques » s’arrêtent où commencent les
intérêts du système marchand. Pourtant, n’en déplaisent aux
« révolutionnaires professionnels », jamais, dans aucun pays développé, la classe ouvrière n’a voulu et n’a
pris le pouvoir. Au contraire elle a
lutté, et efficacement, pour améliorer ses conditions de travail et de vie,
rencontrant en cela un Etat, prêt à faire des concessions pour s’acheter la « paix sociale ».
Ainsi
l’illusion d’un Etat défendant l’ « intérêt public » s’est peu à peu fait jour, au point que les
organisations politiques ouvrières sont allées elles mêmes gérer le capitalisme
dans « l’intérêt des travailleurs ».
Le mythe du « système démocratique », de l’ « Etat
défenseur de l’intérêt général » était né, y compris et surtout parmi ses
plus déterminés détracteurs, les salariés.
Les
rapports de forces, les évènements historiques (les guerres), les cultures
nationales ont permis aux salariés d’acquérir des avantages conséquents qui
existent encore – pas pour longtemps - aujourd’hui, les acquis sociaux. Cette situation a renforcé la vision
« démocratique » de l’Etat, la soumission des salariés à un système
qui savait leur accorder des miettes substantielles, bref, la croyance
aujourd’hui encore profondément ancrée en un
Etat neutre, médiateur et défenseur de l’intérêt public.
Cette
croyance a produit et continue de produire, le réformisme des organisations
« révolutionnaires » et « contestataires » - qui ne jurent
que par les élections, même si elles ont un discours opportunément radical, de
même que des syndicats partenaires de l’Etat dans la gestion du capitalisme.
VERS LA PRIVATISATION DE L’ETAT
Tout
ce bel agencement économico-politique a été bouleversé par la mondialisation
marchande. Les petites affaires, les négociations, les compromis, entre classes
antagonistes dans le cadre d’un « Etat-nation »,… c’est terminé. Le
Capital, désormais intégralement mondialisé, aussi bien dans sa valorisation,
que dans sa gestion, n’est plus à même d’accorder des miettes aux classes
salariées des « anciens pays industriels », il peut même s’en passer
ayant de multiples ressources, et moins chères, ailleurs.
L’Etat,
sans changer de nature – toujours garant des intérêts du système -, a
évidemment changé de tactique et de politique.
La
notion de « bien public »,
d’ « intérêt public »,
bref de « service public »,
perd de son sens. On garde ces termes pour les discours électoraux afin de
tromper l’électeur naïf. Dans les faits on livre toutes ces activités juteuses
aux appétits du Capital. Opération d’autant plus facile que le « bon
peuple », consciencieusement endormi par les médias et la classe politique
ne sait absolument pas comment réagir sinon par des manifestations, pétitions
et autres « votations » ridicules et inefficaces.
L’Etat
se réduit de plus en plus à ses fonctions régaliennes qui n’ont qu’un seul et
unique but : maintenir contre
« vents et marées » le système en place. La classe politique
devient une « aristocratie » au renouvellement limité, via les partis
qu’elle contrôle, à partir d’élections complètement sous contrôle. Quand le
« bon peuple » « vote mal », on recommence ou on contourne
le scrutin (voit le référendum sur l’Europe). Cette « aristocratie »,
divisée en clans se partage le Pouvoir où règne la voyoucratie (des noms ?), l’incompétence (des noms ?), le népotisme (des noms ?), l’impunité
(des noms ?),… Le tout protégé par une milice armée de plus en plus
efficace, bénéficiant d’une quasi impunité, abusivement baptisée « police
républicaine »( ?).
L’Etat
n’a plus ainsi à « défendre l’intérêt général » désormais soumis aux
lois du marché, mais à défendre les privilèges de la classe politique qui sait
intégrer et corrompre tout ce qui peut apparaître comme une opposition
dangereuse… Ainsi, les uns après les autres, les « contestataires »
accèdent à des postes grassement rémunérés donnant accès à privilèges
exorbitants.
L’Etat
n’est plus qu’une affaire de clans et un instrument coercitif destiné à faire
respecter l’ordre marchand.
Toutes
les « grandes démocraties »
glissent sur cette pente qui ne peut conduire qu’au déclin et à la décadence.
Les cas les plus significatifs, parmi celles –ci, et caricaturaux sont
aujourd’hui la France et l’Italie.
Le
citoyen, si tant est que ce terme ait encore un sens, n’a plus rien à attendre
des institutions étatiques qui ne sont là que pour l’asservir à des contraintes
qui correspondent non pas à ses intérêts mais à ceux de la classe politique
défenseuse des intérêt du Capital – le sens et la teneur des mesures prises
lors de la crise que nous traversons en est la plus parfaite illustration.
En
l’absence d’une alternative crédible, ce qui est actuellement le cas, la
situation ne peut qu’empirer ouvrant la voie à toutes les aventures…
Octobre 2009 Patrick
MIGNARD
« DECADENCE »
« L’ETAT
LIBERAL »
et
pour éviter toute désespérance « MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE »