La proposition qui a été faite sur ce site de publier ce texte : "
Quand tes « compagnonNEs » se font complices de la répression" m'amène à prendre position sur la question de l'insurrectionalisme. En effet ce n'est pas la première fois que ce type de texte est proposé et il pose effectivement une question de fond qu'il faut aborder.
Tout d'abord, nul ne peut nier que l'insurrectionnalisme soit un courant de l'anarchisme, il puise ses racines dans l'action directe et la propagande par le fait ou le sabotage, lire à ce sujet la brochure de Pouget. Ce courant ne date donc pas d'aujourd'hui mais il reprend une certaine vigueur.
Nul ne peut nier non plus que l'anarchisme est divers et que les courants y sont multiples, avec de fortes divergences idéologiques et concernant les moyens d'action.
L'En dehors pour sa part se rattache à l'anarchisme individualiste éducationniste pour lequel le changement social repose sur une mutation de l'individu. Les insurrectionnalistes considèrent qu'un bouleversment violent de la société provoquera une révolution qui modifiera les mentalités.
Pour les anarchistes éducationnistes les sabotages et autres actions insurrectionnelles ne servent à rien qu'à provoquer la répression, à augmenter les capacités de l'appareil répressif et à lui donner des justifications auprès de la population.
Les attentats et autres sabotages ne font que conduire des militants en prison.
Reste la question de la solidarité : même si nous désapprouvons ces actions, les jugeant totalement inefficaces, la solidarité reste de mise entre militants anarchistes face à la répression étatique.
Par contre qu'on ne nous demande pas de faire l'apologie de moyens d'action que nous désapprouvons, c'est pourquoi ce type de communiqué n'a pas été et ne sera pas publié sur l'En dehors. Par contre informer de ce qui se passe ne pose pas de problème lorsque le texte ne fait pas d'apologie.
Quand à l'argument qui prétendrait que le courant insurrectionaliste ne pourrait pas lui-même donner des informations publiques sur internet au risque de faciliter la répression policière, et que les sites anarchistes devraient donc automatiquement les publier, l'argument est doublement spécieux. C'est oublier tout d'abord les divergences idéologiques et pratiques entre courants de l'anarchisme, d'autre part rien ne démontre aujourd'hui que cet argument soit réel puisque ces textes arrivent toujours à être publiés, le présent exemple le montre.
Enfin il pose la question de la responsabilité de ceux qui engagent de telles actions, sans prendre les moyens ensuite de les faire connaître : c'est méconnaître que l'action sans information n'a que peu d'intérêt et que l'information fait partie de l'action. Or comment informer si l'on ne dispose pas de moyens d'information autonomes et dépendant de soi ? Compter sur les autres qui n'approuvent pas les moyens d'actions mis en oeuvre est une erreur.
Quant aux principes généraux de publication sur l'En Dehors
la charte du site fournira de plus amples développements.
Libertad