Lu sur
Samizdat.net : "Guy Effeye, jeune élève de terminale au lycée Jacques Feyder d’Epinay sur Seine (93) en 2004-2005, est toujours en rétention au Mesnil Amelot. Il a déjà vécu 20 jours d’une réclusion forcée, loin des siens et sous la menace permanente d’un embarquement manu militari vers le Cameroun où il n’a plus de famille.
En France depuis 4 ans, où il avait d’abord été hébergé par un oncle, mais sans famille au Cameroun, Guy a fait des études sérieuses, d’abord au collège, puis au lycée, avant que la grossesse de sa compagne ne l’oblige à une déscolarisation provisoire en fin d’année dernière. Dépourvu de soutien familial, le jeune homme était contraint, comme beaucoup d’autres jeunes, à faire de petits boulots sur les marchés. C’est dans ce cadre qu’il a été victime d’un contrôle d’identité à Metz mercredi 17 août, mis en garde à vue, puis placé en rétention le 19 août près de Roissy, sur la base d’un APRF datant du mois d’avril.
Pourtant, à la suite d’une démarche de la communauté scolaire et de notre collectif local RESF, les services du préfet s’étaient engagés à abroger l’APRF qui le frappait et lui avaient délivré une autorisation provisoire de séjour (APS) de 3 mois, qui ne le protégeait que jusqu’à la fin du mois de juillet.
Pendant sa rétention, Guy est devenu papa d’un petit garçon, qui porte son nom, mais qu’il n’a fait qu’entrevoir, samedi, avant que le juge des libertés ne lui en recolle pour 15 jours, dans une audience à laquelle aucun de ceux venus le soutenir (sa compagne, des profs et des camarades du lycée) n’ont eu le droit d’assister. Etrange procédure que celle du TGI de Meaux qui fonctionne le week-end toutes portes fermées et juge certaines affaires dans une sorte de huis-clos !
Un appel a été interjeté devant la cour d’appel de Paris, qui statuera aujourd’hui mardi. Mais déjà Guy a été présenté hier au consulat du Cameroun, dont les autorités administratives attendent qu’il délivre le laissez-passer permettant son expulsion.
Nous n’osons pas penser qu’au nom d’une logique administrative et d’une politique répressive qui a perdu de vue le sens de l’humain, un lycéen de Seine Saint-Denis, placé précocement en position de chef de famille, puisse être arraché brutalement à ce qui donne un sens nouveau à son existence, se voit refuser le droit de vivre en famille, avec sa compagne et son enfant, dans le pays où ils ont commencé à construire leur vie.
Sa situation a suscité une importante solidarité. Une pétition en sa faveur a déjà recueilli des centaines de signatures, dont celles de nombreuses personnalités : des élus de Seine Saint-Denis, dont Hervé Bramy, président du Conseil Général et plusieurs de ses vice-présidents ou conseillers, des responsables associatifs, comme Mouloud AOUNIT (secrétaire national du Mrap) et Jean Pierre Dubois (président de la LDH), des vedettes comme la chanteuse de rap BAMS, mais surtout beaucoup de simples citoyens.
C’est en leur nom qu’une audience d’urgence a été demandée au préfet de Seine Saint-Denis pour réclamer une mesure de clémence qui tienne compte d’une situation humaine particulière : l’abrogation définitive de l’APRF dont il fait l’objet et la délivrance d’un titre de séjour lui permettant de continuer ses études et de contribuer à l’éducation de son enfant.
Paris, le 7 septembre 2005
Réseau Education Sans Frontières
Source : ZPajol