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L'En Dehors


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La montée de l'ombre
--> Bernard Charbonneau, Je fus, extrait
L'homme mûr ne croît plus; et c'est cette défaite qu'il prend généralement pour la maturité. S'il parle d'expérience ou de sagesse, il ne s'agit plus de celles qui pourraient armer sa liberté, mais de celles qui justifient son renoncement. À trente ans ou à vingt, la plupart des hommes cessent de grandir parce que cette croissance arrachée à une nécessité plus pesante devient chaque jour plus terrible; ceci au moment où, n'étant plus physique, leur développement pourrait devenir spirituel. Adolescents montés en graine déguisés pour de bon en académiciens ou en généraux, les plus illustres continueront jusqu'à leur mort leurs amusements puérils avec de vraies paroles ou de vrais fusils qui tuent. S'ils sont intellectuels, au lieu de jouer avec des balles ce sera avec des idées. Ce sont des hommes d'âge, c'est-à-dire des bébés fossiles. Car la vraie vieillesse exige le même élan que l'enfance, seulement il n'est plus donné par les muscles.

L'individu jeune tient par sa vitalité, puis vient un temps où elle ne suffit plus, il faut que la société vous y aide. À partir de la trentaine, celui qui se tenait de l'intérieur est maintenu de l'extérieur: l'appui du milieu succède à l'élan des sens et de la conscience. La même force qui dissout la personne lui constitue une forme d'habitudes qui donne l'illusion de la présence, alors qu'en soi elle est absente. Aussi l'âge mûr est conservateur, car il ne peut briser cette forme sans révéler son néant. L'acte libre, la vie personnelle lui deviennent de plus en plus difficiles. Autant que par sa vitalité la jeunesse tenait par ses illusions; tandis que la conscience de l'adulte affronte une expérience, des faits et des engagements de plus en plus irrémédiables: la responsabilité devient impossible - parce qu'elle devient enfin vraie. Ainsi de l'enfant au vieillard la détermination se durcit dans l'homme pour aboutir à cet irrévocable bloc de marbre: un cadavre.

La mort spirituelle précède en général la mort biologique. Tôt ou tard vient un âge où la personne n'est plus mais où elle a été. La durée fuit de plus en plus l'homme mûr au moment où, pris par ses occupations sociales, il a de moins en moins le temps. Toujours ailleurs il n'est là qu'en apparence: dans ce fantôme plus ou moins délabré qui survit à la présence de la jeunesse. Une année pour elle n'est qu'une journée pour lui, vivant un autre temps il vit dans un autre univers. Un mur de verre sépare ainsi les générations, que peut seul rompre l'effort de deux consciences.

Au-delà de trente ou quarante ans tout homme libre est une sorte de survivant qui regarde se dissoudre dans le néant ceux qui furent les prochains de sa jeunesse. Certains sont morts, d'autres errent dans ces limbes où ils attendent le terme d'une existence déjà révolue. Tout est consommé, ils portent le masque définitif de la quarantaine. Ce sont des fonctionnaires ou des commerçants, des pères ou des communistes: leur définition les épuise. À moins qu'ils ne deviennent Un Tel, c'est-à-dire leur buste. Mais si certains accèdent à la gloire d'être Quelqu'un, la plupart se retirent dans l'anonymat de la vie privée, et celui qui tente de forcer la porte d'un enclos si bien tenu se découvre aussitôt voleur et sacrilège. À cet âge les jeux sont faits, les années passeront, leur carrière se poursuivra, l'accident qui en détournerait le cours détruirait du même coup leur vie
Ecrit par provisoire, à 11:04 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  stephane
22-03-05
à 11:31

Ca fait chier... mais c'est beau !
Merci pour ce bel extrait.
Répondre à ce commentaire

  libertad
22-03-05
à 22:29

Re:

C'est beau mais ne correspond à rien de ce que je ressens, je dirais même que cela décrit l'antithèse : un portrait de la masse mais pas de l'individu libre. Reste la qualité de l'écriture.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
22-03-05
à 23:14

Re: Re:

C'est agréable à lire, mais c'est triste, c'est pas avec ça que le moral des troupes va remonter. Tout le bouquin est dans ce style ? Une idée pour dynamiser les lecteurs du site : chaque jour afficher une grosse citation de Cioran.

Les mystères de l'absence de conscience de classe enfin devoilés. Je vais le poster sur le forum LO !

Allez, je me fais un coup de google rapide pour lire un peu plus de ce  Charbonneau. (C'est pas l'écolo?)   
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
22-03-05
à 23:54

Re: Re: Re:

Si
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  Anonyme
23-03-05
à 10:20

je trouv pa kil est décourageant ce texte,au contraire, il nous di kon deviens fantôme si on ne reste pa enfant, kon fini par perdre notre vitalité si on ne continue pas de résister, avec nos utopies et nos idées de jeunes ki font rire tt les anciens soixantehuitards parskon "finira bien par rentrer ds les rangs nous aussi"... mais non! on ne joue pas les rebelles contre nos parents! il se joue des choses bien plus importantes! c'est rester conscient pour ne pas s'éteindre! Résister pour ne pas sombrer! VIVRE LIBRE OU MOURRIR!!!!!!
prkoi la vie ne devrait-elle être kun enchaînements de répétitions?? sommes-nous incapables d'évoluer?? cette responsabilité tient de chak individus non??!! ON A BCP A FAIRE, c'est super: pas le tps de s'ennuyer!
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