Lu sur
Indymédia Paris :
"Mardi 29 novembre Faty a signé un accord, concocté entre les avocats des deux parties, qui entérine une transaction financière, à la pleine satisfaction de " la femme de chambre la plus célèbre de France " (Accor dixit). L'accord est évidemment confidentiel et nous ne sommes pas autorisés à en dévoiler les termes, mais (nous sommes encore un pays démocratique, malgré l'état d'urgence, n'est-ce pas ?) personne n'empêche les journalistes de poser la question aux responsables d'Arcade, dont l'avocat avait pris l'initiative (à la demande de son client) de faire des appels du pied à l'avocat de Faty. Il faut bien reconnaître que ses propositions étaient intéressantes. Une négociation pas trop longue a pu s'achever sur un accord qui satisfait Faty, et nous aussi par la même occasion.
Pour comprendre notre satisfaction il faut tenir compte de la situation actuelle et de celle de départ. Il y a 18 mois, au moment du licenciement de Faty (le 7 mai 2004), le collectif s'est reconstitué à l'appel des responsables de Sud Nettoyage. Tout le monde était d'accord pour constater qu'aucune action de solidarité n'était possible à l'intérieur d'Arcade, le patron faisant régner un climat de terreur et les autres syndicats se désolidarisant de Faty.
La lutte ne pouvait donc être organisée qu'en dehors de la boîte, comptant sur des forces capables de tenir longtemps, même si elles étaient modestes, par des personnes qui n'étaient pas soumises au chantage à l'emploi exercé par Arcade ou son donneur d'ordre. Un recours gracieux fut entrepris auprès de l'inspection du travail qui pourtant avait autorisé le licenciement. Il fut rejeté. Plusieurs mois après ce fut le ministère du travail qui avalisa le licenciement, avec une décision plus politique que " technique ", au plus grand étonnement des experts du code du travail. Nous n'étions pas trop étonnés et nous avions fondé nos espoirs sur l'action de terrain. Jusqu'au mois de juillet 2004 nous avons entrepris des actions semblables à celles de l'époque de la grève, en visitant des hôtels, distribuant des tracts, manifestant. Le clou fut une " journée internationale " de solidarité avec Faty, le 23 juillet, où nous avons enregistré des actions de soutien à Lyon et Leipzig, outre celles organisées à Paris. Un demi-succès, qui resta isolé. Le soutien au niveau national et international s'est par la suite organisé avec des copains qu'on avait contactés directement et qui le plus souvent s'étaient déjà montrés solidaires à l'époque de la grève.
Début septembre 2004, nous testions une nouvelle forme d'intervention, dans le but de continuer le travail d'information de la clientèle et de harcèlement d'Accor : les pique-niques dans les halls des hôtels. Si dès le départ nous avions mis la barre assez haut et focalisé notre action sur Accor - donneur d'ordre et donc responsable de la situation qui était faite aux salariées de la sous-traitance - nos objectifs se précisèrent à partir des déclarations de Mme Cathy Kopp, DRH du groupe, à Libé, le 11 août 2004 : elle se lance dans une belle opération de communication en disant qu'ils virent Arcade et internalisent le nettoyage des hôtels.
À partir de ce moment-là, notre religion est faite : nous les prenons au pied de la lettre et demandons le respect de leurs propres engagements et, pour commencer, l'intégration de Faty qui a travaillé pendant huit ans dans un hôtel Ibis.
Mais pourquoi Faty a accepté la transaction et pourquoi nous avons approuvé son choix ? La pression que nous avons exercée a été suffisante pour soutenir le moral de Faty 18 mois durant, faire perdre encore plus de marchés à Arcade (qui s'est taillé entre-temps une solide réputation de boîte de négriers), embêter sérieusement Accor et le pousser à entamer une réflexion sur l'internalisation (et sans doute à exercer des pressions sur son sous-traitant). Mais nous voyons bien qu'il traîne la patte, la majorité des hôtels utilisant encore la sous-traitance. Notre travail n'est sans doute pas encore terminé avec nos amis d'Accor… Par rapport à la situation de départ, nous avons fait évoluer le rapport de forces : nous étions un moustique face à un éléphant, mais nous avons réussi à être gênants. La pression que nous avons exercée a été pour l'instant insuffisante pour qu'Accor embauche Faty directement. Arcade aurait pu la réintégrer suite à une décision favorable du TA (mais rien n'était sûr), et elle risquait de se retrouver dans une boîte à deux doigt du dépôt de bilan et sur une liste noire lui interdisant de trouver du boulot ailleurs.
L'accord ainsi obtenu en revanche apporte une certaine somme d'argent frais, net d'impôt. Et nous ne sommes pas fanatiques du travail au point de considérer qu'elle ne pourra pas trouver autre chose pour gagner sa vie, ailleurs, une fois satisfaction obtenue. D'autant plus qu'elle reste toujours attachée à la cause qu'elle a défendue jusque-là avec acharnement et nous confirme qu'elle veut continuer à se battre. Nous comptons faire un bilan plus détaillé de notre activité dans les semaines qui viennent et faire le point sur les initiatives envisagées.
Encore quelques informations sur la semaine précédente. Vendredi 25 novembre, nous avons rendu visite à l'Hôtel Mercure de la rue de la Gaîté, en face de Bobino. Au premier abord, les réceptionnistes étaient étonnés et quasiment prêts à nous virer. Heureusement pour la bonne réputation de l'hôtel, un responsable arrive en trombe et nous accueille comme il se doit. Il est au courant de nos actions et se souvient de notre dernière visite. L'accueil est en effet bien plus sympa que la dernière fois, au point que cette fois-ci les flics ne sont pas appelés. Il mérite une note " excellent ". La soirée est bonne aussi sur le terrain de l'information, vu qu'il y a plein de clients intéressés et solidaires. Il semblerait que le nettoyage de l'hôtel soit internalisé.
Solidarité financière Le DVD d'Ivora, Remue-ménage dans la sous-traitance, est en vente à 10 euros, pour alimenter la caisse de solidarité. Vous pouvez le demander en envoyant un chèque (à l'ordre de ADC) à l'adresse suivante : " Collectif de Solidarité avec Faty " c/o PADI - CICP - 21 ter rue Voltaire - 75020 Paris ou l'acheter en librairie à Publico (145 rue Amelot, Paris 11e) ou Quilombo (23 rue Voltaire, à côté du CICP, Paris 20e).
Le soutien aux inculpés pour les émeutes dans les banlieues commence à s'organiser. Jeudi 1er décembre a eu lieu une réunion à la bourse du travail de St. Denis et Jeudi 8 en est prévue une autre (à 19 heures) à la Bourse du travail de Montreuil (24, rue de Paris, métro Croix de Chavaux). Samedi 26 a eu lieu une manif à Nanterre avec le 9e collectif, qui s'est achevée devant la prison. Les prisonniers ont pu entendre les cris de " libérez les prisonniers ". Mercredi 30, une manif spontanée s'est déroulée dans les cités d'Aubervilliers et de Bobigny avant de se conclure devant le tribunal. Samedi 3 décembre, après la manifestation de Château Rouge à l'appel des organisations de chômeurs, environ 200 personnes ont effectué une négociation-réquisition de bonne bouffe chez Lenôtre, 15 bld. de Courcelles, qui a permis une petite fête dans la soirée. À ne pas oublier : ce traiteur fait partie du groupe Accor. Dimanche 4 une cinquantaine de manifestants ont rejoint le centre de rétention de Vincennes, où une grève de la faim avait eu lieu quelques jours auparavant, pour exprimer leur soutien aux sans-papiers en instance d'expulsion.
Pour l'instant nos rendez-vous devant le siège d'Arcade pour les pique-niques sont suspendus.
Samedi 10 Décembre à 15 heures est prévue une manifestation dans les cités de Montreuil, pour soutenir trois jeunes de Montreuil qui passent en procès le 12. RDV au métro Mairie de Montreuil. Lundi 12 Décembre à 13 heures, RDV au palais de justice de Bobigny (93) pour le procès de 3 jeunes de Montreuil, accusés suite aux révoltes. (Métro : Bobigny -Pablo Picasso)
Infos luttes sociales
Bulletin n° 125
7/12/2005
Comité de soutien aux salariés en lutte d'Arcade, Quick, McDo, Frog, FNAC, Disney, Virgin, Pizza Hut, etc.
Pour tout contact : CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris (en précisant bien le nom du comité) - Chèques à l'ordre de ADC avec mention "soutien à Faty", à adresser à ADC (boite n° 45) c/o Maison des associations 35-37 av. de la Résistance, 93100 Montreuil.
Contact : fatysolidarite@hotmail.com