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L'En Dehors


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La lutte enchantée, ou La flûte finale
--> extrait de Utopie, 1977 Jean Baudrillard

Toute la bonne conscience politique (et pas seulement économique) s'est réfugiée dans la valeur d'usage. II faut en refaire le procès sous une lumière plus cruelle encore qu'au niveau des objets et des marchandises. Au niveau du social tout entier. Car cette fois c'est la valeur d'usage du social qui est en jeu, le social comme valeur d'usage.

 

L'arc-en-ciel dialectique qui a brillé longtemps sur la notion marxiste de la marchandise et l'horizon sacré de la valeur s'est dissous, et dans ses fragments éclatés nous pouvons voir aujourd'hui ce qu'il en est : non seulement la valeur d'usage n'est rien, elle fonctionne comme cache-sexe de l'économie politique (ce que Marx, il faut le dire, a discrètement entrevu, mais que personne qui se réclame de lui n'a plus entrevu par la suite, puisque tout le socialisme, tout idée de révolution et de fin de l'économie politique se règlent sur le triomphe de la valeur d'usage sur la valeur d'échange). Finie l'aliénation marchande, l'univers est transfiguré par la valeur d'usage, de celle des objets à celle, sexuelle, de son propre corps, à celle, plus générale, de tout le social, renvoyant enfin à chacun l'image de ses propres "besoins" ; mais elle est pire que ça : elle est la forme dégradée de la valeur d'échange Elle est la forme complètement désenchantée de l'économie, la phase neutre, abolie, de l'utilité, qui vient clore le processus délirant, sans fin, de l'échange marchand, de l'instanciation de toute chose dans l'espèce sublime de l'argent (processus qui comme on sait passionne tout le monde, et collectivement, alors que l'usage, la fonction, le besoin, etc., ne font qu"`intéresser" chacun isolément sur un mode éternellement résigné). Quand un objet, un être, une idée a trouvé sa valeur d'usage (sa fonction, etc.), c'est fini, c'est l'entropie totale : la valeur d'usage est comme la chaleur dans la deuxième loi de la thermodynamique : la forme la plus basse de l'énergie.

 

Les communistes croient à la valeur d'usage du travail, du social, de la matière (leur matérialisme), de l'histoire. Ils croient à la "réalité" du social, des luttes, des classes, que sais-je ? Ils croient à tout, ils veulent croire à tout, c'est leur moralité profonde. C'est ce qui leur enlève toute capacité politique.

 

Ils ne croient plus à l'horizon sacré des apparences - la révolution est ce qui veut mettre fin aux apparences - mais au seul horizon borné de la réalité. Ils croient à l'administration des choses et à une révolution empirique qui suivrait le fil du temps. Ils croient à la cohérence et à la continuité du temps. Tout leur échappe de la démesure, de l'immoralité, de la simulation et de la séduction qui fait le politique. C'est ce qui les rend bêtes, profondément bêtes, profondément vissés à leur bureaucratie mentale. C'est ce qui, plus concrètement, les rend inaptes à prendre ou à garder le pouvoir. Ils sont devenus les gestionnaires de la valeur d'usage de la vie, avec un certain sourire municipal et la rondeur provinciale des techniciens de la classe moyenne (les "classes moyennes" résultent de la domestication historique et de l'abêtissement par la valeur d'usage). C'est au niveau de l'atrocité de la valeur d'échange et de son système généralisé que se battait le "prolétariat", c'est-à-dire au niveau révolutionnaire du capital, et jouant à mort contre lui leur propre inhumanité de valeur d'échange. Au lieu qu'aujourd'hui tout se passe en lamentations infantiles vers toujours plus de valeur d'usage, et ça, c'est l'idéologie de la classe moyenne, et le socialisme et le communisme sont l'expression de cette dégradation des valeurs dominantes du capital et de l'effondrement du jeu politique.

 

C'est pour être devenus purs et simples théoriciens et praticiens du bon usage du social à travers le bon usage de l'économie politique que les communistes sont tombés plus bas même que le capital, capables seulement de présider à la gestion de la forme la plus dégradée de la loi de la valeur.

 

C'est la fin définitive de la dialectique. Fin de la grande promesse marxiste. "La condition de la libération de la classe ouvrière est la liquidation de toute classe, tout comme la libération du Tiers Etat (de l'ordre bourgeois) fut la liquidation de tous les états.

 

Ceci est faux, car la dialectique est passée - ou plutôt, c'est là la maladie infantile de la théorie marxiste -, elle n'a jamais cessé d'être du côté capitaliste. Et ce qui s'éclaire à travers l'impossibilité pour les communistes d'assumer le pouvoir, c'est l'incapacité historique du prolétariat d'accomplir cela même que la bourgeoisie a su faire en son temps : la révolution.

 

Quand la bourgeoisie met fin à l'ordre féodal, elle subvertit vraiment un ordre et un code total des rapports sociaux (naissance, honneur, hiérarchie) pour lui en substituer un autre (production, économie, rationalité, progrès). Et c'est parce qu'elle se vit comme classe (non comme ordre et état : "Tiers-état" est un terme qu'on lui assigne), c'est-à-dire comme quelque chose de radicalement nouveau, une conception radicalement nouvelle du rapport social, qu'elle peut ébranler, l'ordre de la caste.

 

Le prolétariat, lui, n'a rien à opposer radicalement à l'ordre d'une société de classes. Contrairement à la bourgeoisie qui joue sa partie (l'économie) en imposant son code, le "prolétariat" prétend se libérer au nom de la production, c'est-à-dire que les termes au nom desquels la bourgeoisie s'est libérée en tant que classe seraient ceux mêmes au nom desquels le prolétariat se nierait en tant que classe ! Méfaits de la dialectique, dont la bourgeoisie a infecté le prolétariat. La bourgeoisie, elle, ne "dépasse" pas "dialectiquement" l'ordre féodal, elle lui substitue un ordre de valeur sans précédent - l'économie, la production, la classe comme code antagoniste - et sans commune mesure avec le code féodal. Et sa vraie stratégie est de piéger le prolétariat dans le statut de classe, voire dans la lutte de classes - pourquoi pas ? - parce que la classe est un code, dont elle a le monopole ; la bourgeoisie est la seule classe au monde : si elle réussit à amener le prolétariat à se reconnaître comme classe, même si c'est pour se nier en tant que telle, c'est gagné pour elle.

Ecrit par http://ibubolo.hostonet.org/index.php, à 11:02 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Rakshasa
12-02-07
à 13:54

C'est assez étrange dans ce texte les affirmations faites sans analyse. On dirait plus un pamphlet anti-communiste qu'une tentative d'analyser le communisme (à l'époque URSS et consors):
"Les communistes croient à la valeur d'usage du travail, du social, de la matière (leur matérialisme), de l'histoire. Ils croient à la "réalité" du social, des luttes, des classes, que sais-je ? Ils croient à tout, ils veulent croire à tout, c'est leur moralité profonde. C'est ce qui leur enlève toute capacité politique."
Les communistes croient à la valeur d'usage du travail ? Je serais tenté de dire oui, mais les "communistes" capitalistes d'Etat, qui comme tout capitaliste fonde sa pensée sur la valeur travail.
Plus bas, il parle de l'idéologie de la classe moyenne:
"Au lieu qu'aujourd'hui tout se passe en lamentations infantiles vers toujours plus de valeur d'usage, et ça, c'est l'idéologie de la classe moyenne, et le socialisme et le communisme sont l'expression de cette dégradation des valeurs dominantes du capital et de l'effondrement du jeu politique."
mais quelle est la réalité de cette classe moyenne si l'on réfute l'existence du prolétariat ?
On dirait que baudrillard n'applique pas ses théories de la virtualité au régimes communistes. L'illusion c'est le communisme, mais il ne voit pas l'illusion du communisme.
Enfin, est-ce inacceptable la définition de "prolétaire" pour celui qui ne possède pas a contrario de  "bourgeois" pour celui qui  détient ?
Sur wikipédia j'ai trouvé ça, qu'il peut être intéressant de savoir à propos de Baudrillard:

"Baudrillard a fait l'objet de nombreuses critiques. Parfois percutantes, comme le pamphlet publié en 2004, "Bonjour Baudrillard (Baudrillard sans simulacres)" [8] par Thomas Florian, qui lui reproche notamment ses déclarations, qu'il juge profondément réactionnaires, sur le sida et sur l'homosexualité, mais aussi sur les « masses » et la Guerre du Golfe.

Dans leur ouvrage "Impostures intellectuelles", Alan Sokal et Jean Bricmont dénoncent l'usage abusif de termes et de concepts scientifiques au sein de l'oeuvre de Baudrillard, rendant le discours au mieux très vague, au pire, vide de sens. "En fin de compte, on peut se demander ce qu'il resterait de la pensée de Baudrillard si l'on en retirait tout le vernis qui la recouvre"
Extraits de "Bonjour Baudrillard"  http://lmsi.net/article.php3?id_article=507


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  ibubolo
12-02-07
à 15:13

Re:

personnellement, je ne suis pas fan, j'ai juste trouvé cet extrait (ce qui explique peut-être le manque de contexte) pertinent, particulier les derniers paragraphes...

Si tu veux des gens qui balancent des idées saugrenues sans fondement scientifique, les situs sont assez forts... mais ça ne me gène pas.

Le texte ne dit pas que le prolétariat n'exsite pas, mais qu'il n'a rien d'une classe, c'est le sous-produit de la bourgeoisie ; se définir comme prolétaire, c'est se définir en relation à la bourgeoisie.

Pour ce qui est des "dérives" (c'est comme ça que c'est présenté), je ne suis pas responsable, ni même au courant des propos de cette personne qui sont évoqués ci dessus.

Je connais un autre livre de jean baudrillard qui s'appelle la société de consommation et que je conseille vivement.
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  Rakshasa
12-02-07
à 16:02

Re: Re:

Oui, mais pourquoi utilise-t-il alors le concept de classe moyenne, qui elle aussi se définit par rapport à la classe prolétarienne et à la classe bourgeoise ?
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
12-02-07
à 16:17

Re: Re: Re:

la bourgeoisie, avant d'être une classe, était une classe en devenir ; une larve, ou plutôt une nymphe...

La classe moyenne est composée de celles et ceux qui prétendent à un statut social supérieur, donc portent les valeurs des dominants tout en souhaitant imposer les leurs... exemple les sociaux-démocrates keynesiens.
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  Valentin Desosselets
25-03-07
à 10:26

Re: après Outreau

Il faut se méfier des encenseurs d'odeurs nauséabondes car c'est souvent l'odeur de leurs propres ragots qu'ils traînent avec eux.

Je ne parle pas pour Rakshasa, mais pour l'auteur de la citation qu'il rapporte et sans doute le livre qu'il pense valoriser ainsi. Du moins ce livre résumé n'est-il pas présenté d'une manière qui m'engage à le lire, d'autant plus que petite partie de ce qui est cité là, par contre, je l'ai lu : c'est la préface de l'éditeur. Ce qui prête à la chose une oeuvre de commande plutôt qu'un ouvrage spontanné, un règlement de compte public d'affaires privées, ou simplement un scoop commercial - parce que Baudrillard c'est comme un média lui-même, à cause de ses articles de journaux qui étaient toujours en flamme. Cette préface consultée rapidement, quand le livre en son temps de fraîche parution se trouvait sur la table de mon libraire, L'arbre à Lettres dans le cinquième arrondissement, pour ne rien vous cacher, quant à moi a suffi pour m'écarter du texte de l'auteur.

Mais étant dit cet environnement, un peu étrange, le côté mystérieux qui en ressort - ce pseudo d'auteur, ces insultes de l'éditeur, et j'ajouterai même : la façon mine de rien dont "on" appelle à connaître ces dénonciations comme une rumeur d'Outreau, de bouche à oreille et de wiki en blog dans différentes communautés - pose une énigme qui convoque des curiosités sur l'objet. De quoi plaire à qui attend des jugements tranchés plutôt que découvrir,  se faire une idée sur ce qu'il ne veut pas connaître, décider sur ce  qu'il ne comprend pas (rejet de l'altérité), se procurant ainsi une bonne raison de ne pas se creuser la tête, et pouvant en parler photographiquement d'après des second ou troisième couteaux, dont l'opinion et le jugement sont apparemment plus faciles à communiquer que leur référence (pour prendre leur place).

C'est un peu comme ceux qui jugent Nietzsche à ce que sa soeur en a fait après sa mort, au lieu de lire le Gai savoir.

On peut bien se cultiver de cette façon-là si on en a envie, il n'y a pas de morale d'éducation derrière ce que je dis ; mais de là à juger depuis ce genre de butinage pour en chercher un consensus, ça commence à me rappeler Sarkozy ; même si c'est fait en toute bonne foi telle est la conséquence, et même si c'est une rumeur "de gauche" - disons alors le peuple de Sarkozy, non le peuple qui aime Sarkozy et il ne votera pas pour lui, mais simplement peuple qui reflète l'homme d'état qui le reflète.

Comme on reparle de Battisti ces jours-ci, il en va du jugement d'opinion à son propos (alors que la question n'est pas la vérité de l'homme mais la vérité de la loi) comme cette façon d'animer un jugement sur Baudrillard, et  indépendamment de la nature de leurs exploits respectifs, ça nous renvoie au populisme de M.Le Maudit de Fritz Lang : à savoir le fascisme est dans la société civile avant d'être au pouvoir.

Pour conclure non pas sur Florian comme je n'ai pas lu son livre, de toutes façons les pisse-copies serviles aux éditeurs ne m'intéressent pas, et pire encore s'ils sont jeunes, se faisant acheter leur révolte, ils m'attristent car moi je veux garder libre ma révolte en quoi je sens déjà mes copins cassés, et ça me fait c...

Je ne trouve pas ça ironique comme on le dit de Baudrillard, mais pour le coup : cynique.

Serait-ce par jubilation opportuniste probablement lucrative, car il n'y a pas que l'éditeur, il y a aussi le distributeur qui achète le stock : qui a distribué ce livre quand il a paru ? Je ne m'en souviens pas, mais il conviendrait de suivre le fil encore par là, pour cerner complètement l'environnement de cette performance suivie qui étrangement resurgit en salut, à la mort de l'artiste..

Bref, tout de même avant de conclure il y a quelques règles de lecture à respecter, que ce soit en philo en lettres ou en com : ne jamais prêter crédit à des citations hors contexte, a fortiori lorsque plusieurs extraits sont recontextualisés ensemble dans autre cadre que leur oeuvre de référence, a fortiori pour signifier ce qu'on veut leur faire dire, a fortiori en ayant l'air de le dire avec elles. En effet, ça peut vouloir dire plein de choses, mais certainement pas son contexte original, et même ça peut lui faire dire le contraire (selon les incidentes auxquelles les citations se rapportaient dans leurs propres phrases, et dans leurs propres chapitres).

Sauf étant l'auteur cité qui se résumerait ainsi.

C'est pas de la morale c'est de l'éthique.

Je crois que Baudrillard, ben... Faudra le lire, ou s'abstenir de le colporter avec les mauvaise odeurs du livre de Florian (et je veux ajouter ici que si c'était des bonnes avec le même procédé, le résultat serait tout aussi douteux), pour ne pas se discréditer soi-même de le faire.

Valentin Desosselets

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  Vincent Desosselets
25-03-07
à 10:32

excuses pour le doublon "après outreau", j'ai cru que le premier envoi avait été effacé. Merci d'en virer une version.

V. D.
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  Jean-Bo Drillard
25-03-07
à 16:17

Dépassement la dialectique de la modernité capitalisto-marxiste

Ce que Baudrillard développe très intelligemment dans la conclusion de ce texte, c'est que seule la bourgeoisie est une classe "à part". Ce qu'on appelle "prolétariat" dans les termes de la modernité bourgeoise est en réalité autre chose qu'une classe parmi d'autres. C'est le Peuple lui-même, une entité collective humaine viable en tant que telle. Alors que les classes bourgeoises ou petite-bourgeoises, à l'image de l'aristocratie, n'ont aucune viabilité dans l'absolu, elles ne peuvent se définir et exister que par rapport au "reste du peuple", celui-ci étant appréhendé à tort comme une sous-classe à élever, alors qu'il n'est que l'humanité réelle et matérielle non divinisée.
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  Desosselets
25-03-07
à 17:16

Re: Dépassement la dialectique de la modernité capitalisto-marxiste

oui, tout à fait d'accord votre hypothèse et pour moi s'il y a une émergence matérialiste de Baudrillard au bout du compte elle est là, a toujours été là - et dans l'hypothèse réversible des masses dominées, comme objet critique, après les révolutions de classes exploitées. Et c'est quand même le type qui 10 ans après 68 a écrit "à l'ombre des majorités silencieuses" alors que Lyotard lui-même fondateur de "Pouvoir ouvrier" était devenu désemparé sur ce plan. C'est certainement son côté visionnaire des sociétés post-révolutionnaires/ post industrielles.

Bonne journée.
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