L’a-t-elle fait d’ailleurs une fois dans son histoire ? Oui, on peut dire qu’elle l’a fait du moins dans les têtes et dans les cœurs, mais certainement pas dans le changement des rapports sociaux. Ces expériences qui font partie de sa légende sont entrain de « tourner au vinaigre ».
Qu’en reste-t-il véritablement
aujourd’hui ? Rien ou pas grand-chose, une nostalgie dont on ne sait plus
très bien s’il faut en rire ou en pleurer.
La Gauche a peut-être fait le
printemps, mais elle n’a jamais tenu jusqu’à l’été.
Si l’Histoire ne se reproduit que
sous forme de farce, c’est à un véritable opéra-bouffe que nous
assistons aujourd’hui.
DES « ESPOIRS INSENSES»
AUX « ILLUSIONS PERDUES»
Après une courte période au
tournant des 19e et 20e siècle, durant laquelle le
mouvement disons « progressiste » à remis clairement en question les
fondements du système marchand (citons l’ancien article 2 des statuts de la CGT
appelant à « l’abolition du salariat et du patronat »), la
Gauche n’a plus réellement menacé le système… dans certains pays elle l’a même
carrément et farouchement défendu : l’Allemagne d’après la 1er
Guerre Mondiale par exemple. Le syndicalisme quant à lui a peu à peu sombré
dans la cogestion critique ou la contestation molle,…au choix.
Il faut dire qu’à cette époque où
les pays développés avaient encore un empire colonial et quasiment le monopole
de la technologie, de la production et de la distribution, il y avait pas mal
de « gâteau à partager ». Tout le monde s’accordait à
considérer cette situation comme éternelle.
Même après la Deuxième Guerre
Mondiale, les « Trente Glorieuses » n’ont fait que renforcer
cette attitude de « surfer » sur les délices d’un système
théoriquement honni mais au taux de croissance exceptionnel et réalisant un
quasi plein emploi. La gestion du système (le PS et la 4e
République) et la défense névrotique de l’URSS pour le PC, ont permis la
structuration d’une Gauche qui lorsqu’elle a perdu sa place en 1958 n’a plus
qu’espéré une chose : revenir au pouvoir et montrer ses capacités
gestionnaires.
La Gauche s’est ainsi installée
dans la situation confortable d’une contestation placide, se contentant de
critiquer les mesures, et attendant des jours meilleurs en répétant inlassablement,
au point que nombreux l’ont cru, « qu’on allait voir ce que l’on allait
voir ». Mais on va le
voir : on ne se tire pas sans dommages d’une longue hibernation.
1981. Après un départ sur les
chapeaux de roues…la Gauche allait soit disant terrasser le chômage (entre
autre). Le spectacle ne fut pas à la hauteur des espérances, ni dans la gestion
des affaires, ni dans le comportement du personnel politique. La gauche ne fit
pas plus mal que la Droite… elle fit, sur le moyen terme, ce qu’aurait fait, à
quelques détails près, cette dernière. Rien ne changea sur le fond… malgré, par
exemple, les nationalisations qui devaient être le « fer de lance »
du changement…. Non seulement rien ne changea… mais petit à petit elle initia
une politique qui rejoint celle de la Droite… la cohabition en fut son
sacrement politique.
Le temps des
« illusions » était passé et en l’absence de stratégie de changement,
dans un contexte où la mondialisation marchande, la perte des empires
coloniaux, la redistribution des cartes énergétiques ont singulièrement
compliqué la tâche des nouveaux gestionnaires, ceux-ci se glissèrent peu à peu
dans les habits d’un libéralisme économique dont on peut apprécier, et ça ne
fait que commencer, les dégâts dans tous les domaines.
ADIEUX VEAUX ,VACHES, COCHONS,
COUVEES !….
La Gauche au pouvoir n’est plus
Marianne à l’air avenant et à la poitrine généreuse, mais plutôt Perrette et
son pot au lait… du moins pour la partie de la population qui dansait le soir
du 10 mai 1981.
Les promesses de changements sont
restées « lettres mortes ». Oh ce n’est pas que la politique
économique de la Gauche ait été catastrophique… Sur un plan gestionnaire, pas
plus catastrophique que le Droite… il suffit de voir les indices boursiers de
l’époque. Le problème c’est que la Gauche s’est considérée, malgré son
discours, dans la même problématique que la Droite et à parfaitement épousé les
principes de gestion (rentabilité) et les orientations libérales.
Les choix sur des principes de
défense de solidarité, de service public, de priorités sociale ont été
abandonnés et n’ont plus été évoqués que dans les discours le soir de scrutins
électoraux et dans les congrès bien, et souvent trop, arrosés.
Le rêve d’une Gauche telle
qu’elle se définissait mythiquement, du moins tel qu’on l’imaginait avant son
accession au pouvoir s’est définitivement brisé sur la réalité de sa pratique
politique.
Le désarroi citoyen qui couvait
un œuf depuis des mois a donné naissance à un bien curieux poussin : le 21
avril 2002.
POUVAIT-IL EN ETRE
AUTREMENT ?
Le discours de la Gauche n’a
toujours été en fait qu’un discours et, si l’on y réfléchi bien, les
réformes qu’elle a pu réaliser, en France comme ailleurs, ne sont que des
mesures qui étaient « acceptables », « digérables » par le
système marchand, à l’exclusion de toute mesure qui pouvait porter atteinte à
sa domination. C’est, il faut le constater, toujours, au nom du
« réalisme » que la Gauche est toujours restée en deçà de ce qui
pouvait l’impliquer dans un affrontement avec les lois du système. Son discours
a parfois dépassé les limites acceptables pour le système, sa pratique
politique jamais.
En effet, les mesures mises en
place par la Gauche n’ont jamais porté atteinte aux fondements du système
marchand, ni au moment du Front Populaire, ni à la Libération, ni évidemment
sous Mitterrand et ni finalement avec Jospin…
La Gauche, et j’y inclus
évidemment le PCF, celle que l’on a vu, ou plutôt entendu, (Changer la
vie !... la bonne blague !) avant qu’elle prenne le pouvoir est
morte et définitivement enterrée, simplement parce qu’à un moment donné, lors
de son arrivée au pouvoir, il a bien fallu qu’elle montre ce dont elle était
capable. L’expérience a été édifiante !
Sa pratique politique n’a fait
que reproduire ce qu’avait fait la Droite. Elle s’est glissée dans les habits
de la démocratie marchande, dans ceux de la 5e République (celle du
« Coup d’Etat permanent »-dixit un certain F.MITTERAND)», ne
considérant les citoyens que comme des instruments électoraux lui permettant
d’accéder au pouvoir. Jamais, à aucun moment elle n’a suscité, impulsé, aidé à
une organisation alternative des rapports sociaux, à la mise en place d’une
logique économique nouvelle fondée sur le respect de l’individu.
On ne peut pas dire qu’elle a échoué,…
elle n’a rien fait.
Doit-on s’en étonner ? Non.
Pourquoi ? Parce que, toute pratique politique qui ne se fonde pas
concrètement sur une pratique alternative des rapports sociaux est
irrémédiablement condamnée à reproduire les rapports dominants. Ce n’est
pas moi qui le proclame, c’est l’Histoire qui nous l’enseigne. Or, la Gauche
n’a jamais eu, peut-être au 19e à ses débuts, encore qu’elle ne
s’appelait pas la Gauche, l’intention, le projet de fonder sa politique sur une
telle démarche. La dérive que l’on connaît était donc inscrite dès le début
dans son attitude.
Le discours de gauche, aussi
radical soit-il, du fait de l’absence absolu de projet concret se fondant sur
une pratique est nul et non avenu… Toutes les expériences « de
Gauche » l’on désormais largement démontré,… et ce, partout dans le monde
et à toutes les époques…. Et jusqu’à aujourd’hui :
Patrick
MIGNARD
Voir aussi les articles :
« LA FIN DE LA SOCIAL
DEMOCRATIE »
« LE 3e AGE DU
SYNDICALISME »
à 16:22