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Demain le grand soir :"La direction nationale de la LCR ne supporte plus les critiques trop fortes de ses opposants. Lors de sa dernière réunion plénière, les 13 et 14 mars, elle a décidé de "dépermanentiser" son principal opposant, Christian Picquet. En clair, de le licencier après vingt-huit ans de service.
Prenant "acte" de la volonté du courant de M. Picquet (Unir) de se
maintenir en tendance publique, c’est-à-dire avec son expression
propre, le texte sanctionnant le dissident explique qu’il "n’est plus
permanent de la LCR" et que cette "décision politique" prend effet
immédiatement. La direction estime que le maintien en courant décidé
par les amis de M. Picquet, au moment où la LCR lance son projet de
"nouveau parti anticapitaliste", est un "mauvais signe". "Il y a un
problème de clarification politique. On ne peut plus travailler
ensemble", justifie Pierre-François Grond, membre du bureau politique.
Depuis mai 2006, à l’occasion d’un appel en faveur d’une candidature
unitaire antilibérale à l’élection présidentielle, que Christian
Picquet avait signé contre l’avis de la majorité de la LCR, les
militants de la minorité n’ont pas caché leurs préférences : critiques
publiques de la candidature "en solo" d’Olivier Besancenot,
participation aux meetings des antilibéraux ou encore, au soir du
premier tour des législatives, communiqué appelant à voter à gauche
contre l’avis de leur parti. La direction avait pris une première
mesure, début 2007, en interdisant à M. Picquet de représenter la LCR
dans les réunions avec d’autres organisations. Elle lui reproche
aujourd’hui de ne "plus assumer ses responsabilités de direction".
Pour la minorité, la mesure prise contre son dirigeant relève d’un
"licenciement politique". "On cherche à se débarrasser d’un courant
critique alors que de nombreux militants se posent des questions",
explique M. Picquet. "Le pluralisme dans le nouveau parti, c’est mal
barré. Certains ont même voté la sanction le poing levé", assure Alain
Faradji. "C’est douloureux car le statut de Picquet, c’est aussi un
symbole", lâche Francis Sitel, un de ses proches.
M. Picquet est en effet une des figures de la LCR, principal
porte-parole de la minorité mais aussi un des piliers de Rouge. Entré
en 1968 à la "Ligue", il est de ceux qui ont "tenu" l’organisation lors
des années de vache maigre. "Faut pas en faire un drame, on lui
trouvera quelque chose", assure Alain Krivine, qui ajoute : "Prétendre
qu’il y a de la répression politique à la Ligue, ça fera rigoler !"
"Personne n’est permanent à vie", tranche M. Grond. "Les moyens de
l’orga doivent être mis à la disposition de ceux qui appliquent la
ligne majoritaire. Il faut que la minorité assume son centre de gravité
à l’extérieur de la LCR." Une manière de pousser dehors des opposants
qui jurent, eux, qu’il n’est "pas question de déserter".
Sylvia Zappi Article paru dans l’édition du "Monde" du 28.03.08
à 00:23