Joueb.com
Envie de créer un weblog ? |
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web. |
Attention, aux yeux de certains ce texte est ravageusement pessimiste. Si vous êtes bardés de certitudes quand à la continuité des actions entreprises aujourd’hui,… passez votre chemin.
L’absurde
attitude de déni qui, depuis des années, a saisi les syndicalistes et les
organisations politiques dites « progressistes » abouti peu à peu à
un véritable grippage de l’action politique et une stagnation, aujourd’hui
régression, du progrès social. Non seulement le système a réussi à faire
rentrer dans sa logique toutes ces organisations, mais il est en passe de réussir
dans la liquidation de tous les acquis sociaux obtenus depuis plus d’un siècle.
L’ILLUSION DE LA FORCE…
La
montée du mécontentement si elle a un sens en soit, n’en demeure pas moins une
incertitude et une improbable solution pour l’avenir. Ce n’est pas une question de masse
critique, comme essaient de nous le faire croire les syndicats et les
organisations politiques, qui à partir d’un certain seuil se transformerait en révolte... et plus.
Car
quel est le but de la manifestation, de la grève de 24 heures, de la
protestation massive ? Se faire entendre du gouvernement ? Mais il
sait tout ça ! Il s’en fout et le proclame. Il sait qu’en dehors de cette
« protestation », il n’y a rien d’autre… il suffit qu’il joue le
pourrissement dans le temps… ce qui est très exactement entrain de se produire
actuellement.
En
ce printemps de remise en question massive de tous nos acquis sociaux, parfumé
par des souvenirs hautement symboliques, la force de l’imagination dépasse
largement les capacités stratégiques d’un mouvement qui se cherche et ne sait pas
trop comment s’y prendre. A défaut de
poser ses pieds sur terre, il garde la tête dans les nuages.
Le
rêve l’emporte sur la conscience lucide. Le gouvernement, sûr de notre
impuissance, en rajoute dans la « peopolisation » des leaders, qui
voient là une dérisoire reconnaissance, et la médiatisation d’ « évènements- musée » qui nous
amusent et nous excitent plus qu’ils ne l’effraient. Nous avons l’illusion
d’avancer,… en fait nous faisons du sur place devant une glace – la télévision
– qui nourrit notre narcissisme et nous donne une fausse image de ce que nous
sommes réellement.
LES VIEILLES RECETTES DANS LES VIEUX
POTS
L’Histoire
est riche de « ras le bol », de colères, de révoltes,… qui n’ont jamais
abouti. Ce n’est pas en trépignant, pas plus qu’en se révoltant que l’on change
un système.
Nous
sommes prisonniers, de nos habitudes, de notre culture de contestation sociale,
des organisations, et de leurs discours, qui mettent en musique ces pratiques,
de nos pratiques/magouilles d’appareils même quand ceux-ci n’existent pas. Nous nous satisfaisons lâchement de ces
initiatives auxquelles nous participons et qui, nous le savons, n’aboutissent
pas. « Que faire
d’autre ? », « Il vaut
mieux ça que de ne rien faire ! », « Il faut montrer notre mécontentement ! »,… telles sont
les expressions que l’on entend dans les manifestations, les entreprises, les
lycées et les universités quand on pousse un peu loin le dialogue.
« Ah, une grande et puissante
mobilisation ! » disent les militants les plus engagés. D’accord
mais pour faire quoi ? Aller où ? Quelle organisation sociale après la mobilisation ?... A
toutes ces questions essentielles ils n’apportent aucune réponse… ils ne se les
posent d’ailleurs même pas, même plus.
Cette impuissance du mouvement n’est
pas une fatalité historique, mais l’expression d’une faillite stratégique. C’est la dernière illusion. Pourquoi la
« dernière » ? Parce que nous sommes d’une part au fond de notre
incapacité d’action, au bout de la pratique stérile des vieilles formes de
luttes et de mobilisation, mais aussi au seuil de la catastrophe sociale et
écologique.
Continuer
à blablater, tergiverser, discutailler comme nous le faisons depuis des
décennies, c’est à coup sûr hypothéquer gravement notre avenir et celui des générations
suivantes. Le temps va nous manquer.
Patrick
MIGNARD
Mai 2008
« INERTIE
DES CONSCIENCES ET CHANGEMENT SOCIAL »
Commentaires :
Totof |
ouff! Ca fait du bien de lire ça. L'idée de la faillite stratégique est bien sûr super importante. Finalement, je me demande dans quelle mesure un des éléments responsable de l'actuel aveuglement des militants face à leurs stratégies ne vient pas de ce terrible manque de confiance en nous. On n'ose plus rien inventer, il n'est jamais temps de penser, de débattre sur le fond des choses. Le monde militant est désormais moribond. Il ne représente qu'un bien faible danger pour les entreprises et l'Etat.
Et bien sûr, aucune fatalité là dedans: ils n'ont pas gagné! Et ils se savent (c'est pourquoi ils prennent leurs précautions), à la différence de nous. Et surtout, ils sont "tombables". On peut encore se les faire, ils n'ont pas la puissance que l'écran de fumée de propagande médiatique et culturel veut nous faire croire. Renseignez-vous sur la G4G, la guerre de quatrième génération. Et bien il semblerait que l'avantage stratégique soit plutôt de notre coté, celui des peuples et les stratèges bourgeois du complexe militaro industriel se cassent les dents sur la configuration qui émerge actuellement. Intéressant non? Les pistes à creuser pour le monde militant sont immenses. tchao Répondre à ce commentaire
|
ThierryLode 20-05-08
à 08:41 |
Ce n’est pas en trépignant, pas plus qu’en se révoltant que l’on change un système.
Un texte bien écrit, certes. Mais en lisaznt ces textes là, j'étais habitué à une critique ferme, et moins pessimiste. Bien sûr, une lutte isolée a peu de chances de trouver un écho. Mais pourquoi séparer la rebellion individuelle de sa propre organisation ? Du moins, c'est ce que je comprends dans la phrase "Ce n’est pas en trépignant, pas plus qu’en se révoltant que l’on change
un système." Ne pourrait-on pas penser que c'est au conraire pendant ces premières (primitives?) phases de colère que peuvent peu à peu se proposer entre nous des moyens d'exprimer des luttes ? De toutes les façons, je crois qu'aucune stratégie ne peut venir d'alleurs que de nos rebellions. Certes, pendant ce temps, l'état impose ses dictats. Et en effet, l'histoire de la guerre de sociale apparaît un peu comme l'histoire de nos défaites et mai68 figure en haut des exemples, mais on peut aussi retenir que c'est dans une mouvance de colère que peu à peu a été exigé "l'impossible"... Alors, gardons notre aptitude à la colère. Très cordialement
Répondre à ce commentaire
|
à 01:53