L’EMPLOI CONTRE L’ENVIRONNEMENT
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et son vice-président, Frans Timmermans, ont confirmé, mardi 16 décembre après-midi, devant le Parlement européen, leur volonté de concentrer leur action en 2015 sur des propositions de lois relançant l'emploi au détriment de l’environnement.
Cette décision en dit long sur ce peut apporter cette Europe en matière
de préservation de l’environnement. Jean-Claude Juncker fait clairement
le choix de l’emploi au détriment de l’environnement, revenant ainsi sur
les dispositions prises antérieurement par la Commission Barroso qui
garantissait des mesures (83 projets de règlements et de directives) en
faveur de la qualité de l’air et du recyclage.
UN CHOIX SCANDALEUX MAIS LOGIQUE
Scandaleux à plusieurs titres :
- concernant la manipulation de l’ancienne commission qui sachant
qu’elle cédait la place a fait des propositions dont il était évident
que la suivante n’honorerait pas… Silence assourdissant des anciens
membres ;
- du fait des urgences écologiques qui nous conduisent à la catastrophe,
les Eurocrates ne tiennent aucun compte de la réalité
environnementale ;
- comme il est de tradition dans les instances européennes, la Commission a cédé au lobbying permanent du patronat européen ;
- la croissance, soi-disant pourvoyeuse d’emplois, telle que la conçoit
le capital, est parfaitement antinomique avec la préservation de
l’environnement ;
- une fois encore les Eurocrates prennent les citoyens européens pour des imbéciles, en les enfumant de promesses…
Logique à un titre essentiel : la défense des intérêts du Capital qui ne
veut pas s’encombrer de contraintes à long terme qui perturberaient les
conditions de réalisation des profits à court terme.
Une fois encore, s’il était besoin de le souligner, cette Europe des
affairistes et des financiers, sacrifie notre avenir collectif aux
exigences mercantiles du Présent.
Bien sûr, les Eurocrates ne présentent pas les faits de cette manière,…
Ils savent les emballer pour les faire accepter par les bons peuples.
LE BON PRÉTEXTE DE L’EMPLOI
L’emploi, contrairement à l’environnement dont il se moque royalement,
constitue, pour le capitalisme la pierre d’achoppement de tout
l’équilibre social et économique. En effet, si la mise en réserve d’une
partie de la population active, le chômage, permet de faire pression sur
les salaires (sur le coût de la force de travail), un chômage excessif
entraîne un déchirement du tissu social, source potentielle de troubles
sociaux et politiques. Il existe d’autre part, du moins à court terme un
lien entre la croissance économique et la possibilité de créer des
emplois.
On a là les deux bonnes raisons qui entraînent les autorités européennes
à privilégier l’emploi à l’environnement : la préservation, du moins
pour le moment, de la paix sociale et assurer le bon fonctionnement du
capital en Europe.
Qui pourrait bien se soucier de l’environnement, c'est-à-dire du long
terme, largement au-delà des limites temporelles des échéances
électorales et politiciennes, alors que la crise sociale pourrait bien
porter atteinte, dans le court terme, aux intérêts des politiciens et
affairistes ?
Qui pourrait bien se soucier de l’environnement alors que sa prise en
compte obligerait les entreprises à repenser leur fonctionnement et à
augmenter leurs coûts et donc porter atteinte à leur rentabilité ?
Qui pourrait bien se soucier de l’environnement alors que les citoyens
présents peuvent demander des comptes et que celles et ceux qui subiront
les conséquences de nos décisions irresponsables ne sont pas encore
nés/es ou pas encore en âge de protester.
Un certain nombre d’associations non gouvernementales déplorent « le
peu de cas qu'elle- la C.E - fait du développement durable et laisse
craindre que cela ne soit que la première d'une série d'attaques à
l'encontre des législations environnementales », et « qu’elle sacrifie
le bien-être des citoyens européens aux intérêts privés ». On ne peut
que louer la clairvoyance – impuissante – de ces associations.
Qui peut encore croire qu’il y a compatibilité entre les lois de
fonctionnement du capital et la préservation de l’environnement ?
Le pire est, en effet, à venir, et peut-être dès cette année. Si le
Traité Transatlantique Européen (TAFTA) arrive à s’imposer, toute mesure
de préservation de l’environnement sera condamnée. On est d’ailleurs en
droit de se demander si ce revirement de la Commission Européenne n’est
pas le prélude, savamment orchestré, de toute mise à mort de la
législation sur l’environnement. En effet, la C.E, principal artisan de
ce traité, ne peut pas ne pas faire le lien entre ses décisions et le
Traité lui-même.
Sur ce BONNE ANNEE ?
L’année sera ce que l’on en fera ! ! !
1er janvier 2015 Patrick MIGNARD