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Nous savons bien que ces "consultations" ne servent à rien mais elles
permettent de justifier l'existence des syndicats les plus collaborationnistes
qui peuvent dire : "nous avons obtenu tels ou tel aménagement" ( de pure
forme ) c'est la rôle que joue en particulier la CFDT depuis de
nombreuses années. Et c'est l'intérêt des dirigeants de procéder ainsi
pour s'assurer la paix sociale. Les syndicats participant à ce "jeu"
sont ensuite récompensés par des prébendes qui assurent leur survie
financière ( ils ont de moins en moins besoin d'adhérents payant des
cotisations et de plus en plus besoin d'électeurs ).
Or Villepin n'a pas employé cette tactique habituelle de la
"consultation" bidon, pourquoi ? Parce qu'il a besoin de couper l'herbe
sous le pied à son concurrent à droite pour les présidentielles :
Sarkozy. Et quoi de mieux pour se faire que de lui prendre sa politique
! Car que fait Villepin, sinon appliquer la politique de "rupture"
proposée par Sarkozy.
Tout cela peut paraître bien politicien pour des anarchistes, qu'avons affaire que ce soit Villepin ou Sarkozy ?
Il me semble que l'enjeu politique va plus loin qu'une question de noms
et je crois que la bourgeoisie ( ou l'oligarchie ? ) qui dirige le pays
n'a pas encore choisi entre les deux options pour faire passer la sauce
ultralibérale. Quelles sont ces deux options ?
La rupture : c'est la politique de Villepin actuellement et celle de
Sarkozy auparavant. Passer en force, imposer sans discussion la remises
en cause de tous les acquis sociaux pour nous aligner sur le droit du
travail des pays aux plus bas coûts de main d'oeuvre, afin d'engranger un
maximum de profits. Il est symptomatique de voir qu'il n'y a pas d'autre
alternative que ces deux options en voyant Sarkozy cette fois reprendre
à son compte la politique du "dialogue".
Le compromis : c'est ce que Villepin incarnait au début mais qui n'a
pas suffisamment de soutien à droite et que tente de reprendre à son
compte l'UDF et avec plus de chance de succès, Ségolène Royal.
Il est clair que le conflit actuel est au centre de ces enjeux :
passage en force si le mouvement ne tient pas, passage en "douceur"
s'il tient ou obtient un compromis.
L'élément nouveau dans ce mouvement par rapport à ceux de 1995 ou du
conflit sur les retraites, c'est l'irruption de la jeunesse. En effet
dans les précédentes luttes sociales l'encadrement par les syndicats
confédérés ne laissait guère de chance à l'émergence d'un mouvement
autonome : les salariés s'ils ont une attitude assez critique vis à vis
des syndicats, cette critique est passive.
On relève en particulier chez les étudiants et aussi chez les lycéens
des moyens d'actions ( les blocages) qui empêchent la masse apathique
de jouer son rôle néfaste habituel en continuant à travailler et en
laissant à une minorité le soin de faire la grève et de se battre.
C'est ce qui se passe à chaque fois dans les grands conflits des
salariés : la majorité ne se bouge pas et compte bien en ne faisant
rien et se contente de soutenir verbalement (ou à travers les sondages ) : "ah si
les syndicats pouvaient gagner sans qu'on fasse rien ! "
Cette logique de la masse apathique a été rompue par les étudiants
et il sera intéressant de voir d'où cela vient. Cela tient certainement
bien sur à la faiblesse de l'encadrement syndical qui laisse plus de
place à d'autres formes de socialité.
J'en prendrai pour exemple ce qui se passe à Rennes qui se trouve à la
pointe du mouvement et qu'il sera intéressant d'étudier pour comprendre
ce qui se met en place. Car la radicalité du mouvement étudiant à
Rennes ne sort pas du néant, il s'est crée dans cette ville fortement
universitaire un milieu social particulier et une tradition de luttes,
en particulier à la suite des répressions contre le phénomène des
soirées "arrosées" du jeudi soir. Une préfète décidée à réprimer ces
"exactions" a permis l'émergeance d'un mouvement assez large
d'opposition et en particulier de "combat" contre les forces de l'ordre
: les tactique de harcellement des CRS y sont devenues une sorte de
"sport". Cela peut paraître anecdotique mais ne l'est pas car les
pratiques rupturistes ont un effet : elles premettent de rompre avec le
système de servitude volontaire et de passivité dans lesquelles nous
maintient le système par médias interposés. Toute personne ayant
participé à un mouvement social assez radical qui remet en cause par
ses pratiques le système comprendra de quoi je parle : ce sentiment de
sortir de la torpeur du quotidien aseptisé et de vivre pleinement.
On notera également qu'à Rennes le mouvement anti CPE a su faire la jonction avec les jeunes des banlieues sans que l'on observe les conflits apparus en région parisienne.
C'est cette expérience que les étudiants de Rennes mettent en oeuvre et
c'est cette expérience qui se diffuse lentement dans le mouvement
étudiant et lycéen ( en particulier à d'autres villes comme Poitiers ). Le mouvement durera-t-il assez de temps pour qu'elle s'implante largement ? C'est l'un des enjeux.
Un autre enjeu pour nous anarchistes c'est la faiblesse actuelle, pour ne pas dire l'inexistence du mouvement libertaire organisé, comme force de proposition et comme alternative. Mais ce sera l'objet d'une autre analyse.
Libertad
Lire également : Stratégies gouvernementales pour casser le mouvement social contre le CPE
Commentaires :
les marques |
Re: Re: La tonfa et les JMJCPE: L'archevêque de Paris appelle les jeunes à ne pas se contenter du "petit bonheur" d'un CDI
Euh ... pendant la commune , la "canaille" avait contre elle le sabre et le goupillon, vaillants petits soldats du capital tout puissant ...... Sous Bénédict et Galouzeau-Sarko , c'est plutot la tonfa et les JMJ .... les pros du marketing politique sont passés par là .... faut moderniser coco ..... Les ringards conservateurs c'est eux les canailles passéistes ... Rien ne change ... sinon l'emballage .... Au fait je m'interroge .... Vingt Trois c'est le calibre des lance-patate de la milice sarkhosyste ? Répondre à ce commentaire
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à 22:32