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L'En Dehors


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L'angoisse du manifestant au moment des arrestations
--> (un compte-rendu sensible...)
Lu sur Indy Marseille Il est 13h30. La fin du cortège de la manif marseillaise passe place Castellane. La dispersion est 500 mètres plus loin. Sur la fontaine, un peu comme sur la photo, il y a une bande de cinq types assez jeunes qui agitent des fumigènes orangés. Ils se passent l’objet, à tour de rôle, et l’agitent quelques secondes. On les regarde, je les regarde. Je suis à trois mètres. Dans mon dos, deux types avec lunettes de soleil et talkie-walkie les regardent. Il fait chaud. L’ambiance est détendue. 200 000 personnes ont défilé jusqu’à cette place. J’en suis content de les voir se marrer tous les cinq. Ils ne savent pas bien les faire marcher leurs trucs, ils tatonnent, ils tapotent, ils argumentent. Ce sont presque des gamins. Des minots. Comme sur la banderole que j’ai vu sur le parcours : des minots, qu’on "ne laissera pas tomber".

Quand le dernier fumigène tombe dans l’eau de la fontaine, le PCF passe devant nous en chantant l’Internationale. Tiens tiens... C’est assez peu courant...Je me retourne, et les flics ont doucement empoigné les gamins et les amènent sans heurts, sans cris, sans bousculade de l’autre côté de la place. C’est feutré, ou presque. Il y a là-bas une voiture de patrouille qui barre la rue. Je les suis et je dis à mes copains qu’on est en train de les embarquer. Je m’approche. Des civils arrivent. La BAC et ses matraques, pubis en avant. Autour des gamains, peut-être 15 flics. Autour des flics, on est quoi 6, 8, 10 ? Je me dis que je vais crier un truc genre "police partout, justice nulle part !", que quelqu’un va crier. Des centaines de personnes passent autour de nous en revenant de la manif. Ils passent et personne ne s’arrête. Il n’y a pas de raison de s’arrêter. Je regarde mes potes, plus loin et en fait, eux et moi, on a peur. Je suis tout près des flics et je me rend compte que je suis tout seul, que je peux me prendre un coup de matraque en quelques secondes. Il fait toujours très beau. Les gens autour passent, de retour d’une manif réussie. Ils ne peuvent pas voir ce qui se passe, parce que ça n’a rien de spectaculaire. Quelques flics et quelques jeunes. Des anars passent de l’autre côté de la place.

Une voiture bleue arrive. On fourre les jeunes dedans. La voiture part. J’ai mal au bide.
Ecrit par , à 23:34 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  anonyme
06-04-06
à 12:51

Merci de ton témoignage.

Voilà qui en dit sur les cortèges de manifestants. C'est encore Disneyland pour beaucoup. Faut bien rire, faut bien s'amuser, on fait la fête, on est heureux de se retrouver. Très aimable tout ce public. On oublie pendant une heure ou deux plusieurs mois de stress, de galères, de soucis ou de frustrations. On ne se soucit pas de la jeunesse, si les flics s'agitent c'est bien qu'il y a une raison. On continue d'avoir confiance dans le pouvoir. On a beau manifester contre un pouvoir qui casse tout, pourquoi voudriez-vous que des flics abusent dans un tel contexte?

On est dans une merde noire. Sauve qui peut sauf qu'on peut pas....

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  anonyme
06-04-06
à 13:05

Re:

C'est encore Disneyland dans les cortèges. On a beau manifester contre un pouvoir qui casse tout, on ne parvient toujours pas à s'en persuader. Faut bien rire, s'amuser. Le plaisir de se retrouver nombreux et d'oublier pendant une heure ou deux le stress, les soucis, les frustrations, les galères cumulées pendant des mois. Personne n'est en colère, on vient juste souffler... et à ce jeu c'est sauve qui peut...sauf qu'on peut pas. Ainsi sans heurts, dans le calme, cinq jeunes sont embarqués. Il se trouvera bien des syndicalistes pour dire qu'ils ont dû faire des conneries, qu'ils ont bu, que chacun est responsable de soi... C'est vrai on peut avoir confiance dans la police d'un pouvoir qui n'inspire plus confiance. C'est d'une logique inattaquable.)
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