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Des retraités sont couramment envoyés dans des maisons de soin en Europe de l'est et en Asie en respectant une politique d'austérité qui conduit à une forme de 'déportation inhumaine'
De plus en plus de personnes âgées et de malades sont couramment envoyés hors d'Allemagne pour pour que l'on prenne soin (care !) d'eux dans des centres de retraite ou de réhabilitation, à cause des coûts croissants et de la pauvre qualité des soins en Allemagne.
Cette politique, qui a vu des milliers de retraités allemands relogés en Europe de l'est et en Asie, a été sévèrement critiquée par des associations de soutien qui l'ont qualifiée de 'déportation inhumaine'.
Mais comme le nombre de retraités allemands qui n'ont pas les moyens de se payer des maisons de retraite va en augmentant pendant que la population vieillit et diminue, le nombre de ceux qui peuvent s'attendre à être envoyés à l'étranger dans les années qui viennent va vraisemblablement croître. Des experts parlent d'une 'bombe à retardement'.
La crise des soins en Allemagne est dramatique – l'industrie des soins souffre d'un manque de travailleurs et d'une forte augmentation des prix – même si elle est apparue limitée pendant des années grâce à l'immigration d'européens de l'est venus en Allemagne prendre soin des séniors de leur nouveau pays.
Mais le transfert de personnes âgées vers l'Europe de l'est est maintenant considéré comme une nouvelle et désespérée fuite en avant, en démontrant que même avec des travailleurs importés et moins chers, le système ne peut plus fonctionner.
L'Allemagne a l'une des populations les plus vieillissantes du monde et cette évolution peut servir d'exemple à d'autres pays occidentaux, y compris la Grande Bretagne, dont les mesures d'austérité et d'augmentation des coûts des soins risquent de saper le niveau des soins en résidence.
Le Sozialverband Deutschland (VdK), un groupe consultatif socio-politique, a affirmé que le fait qu'un nombre croissant d'allemands soit incapable de se permettre le prix d'une maison de retraite dans leur propre pays nous envoie un message très fort. Cela réclamee une intervention politique.
« Nous ne pouvons simplement pas laisser déporter ceux qui ont construit l'Allemagne d'aujourd'hui, qui s'y sont rompus les os toute leur vie » a dit Ulrike Mascher, le président de VdK, « c'est inhumain ».
Des chercheurs ont trouvé environ 7146 retraités allemands dans des maisons de retraite en Hongrie en 2011. Plus de 3000 avaient été envoyés en république tchèque et il y en avait plus de 600 en Slovaquie. On ne connaît pas le nombre de ceux qui ont atterri en Espagne, en Grèce et en Ukraine. Un nombre croissant d'entre eux finissent aussi leurs jours en Thailande et aux Philippines.
Le Guardian a interviewé des allemands retraités et des personnes ayant besoin de soins prolongés en Hongrie, en Thailande et en Grèce. Certains avaient choisi d'être là, parce cela coûtait moins cher – en moyenne entre un et deux tiers des prix allemands – mais aussi parce que les soins qu'ils recevaient étaient de meilleure qualité.
Mais d'autres encore étaient visiblement là contre leur gré.
Le Guardian a aussi trouvé que des fournisseurs de soins étaient en train de construire des lieux de résidence pour les anciens à l'étranger, ou qu'ils songeaient à le faire bientôt, puisqu'il s'agissait désormais d'une industrie en pleine croissance et très profitable.
D'après le bureau allemand des statistiques fédérales, plus de 400.000 seniors n'ont pas les moyens de se payer un séjour en maison de retraite, un nombre qui croît d'environ 5 % par an.
Les raisons se trouvent d'abord dans les coûts – environ entre €2,900 et €3,400 par mois, dans les allocations qui stagnent et dans le fait que les gens ont plus besoin de soins quand ils deviennent plus vieux.
En conséquence, la Krankenkassen, soit les assureurs institutionnels qui constituent le système d'assurance sociale allemand, se demandent comment faire pour que la provision de soins dans des maisons de retraite étrangères devienne un modèle économique rentable sur le long terme.
En Asie, et en Europe de l'est et du sud, les salaires des soignants et les autres frais, comme le nettoyage et l'entretien, et surtout le terrain et les bâtiments, coûtent moins cher, souvent beaucoup moins cher.
Aujourd'hui, les lois européennes interdisent aux assureurs institutionnels de signer directement des contrats avec des lieux de résidence étrangers, mais il est vraisemblable que cela va changer et que les législateurs seront bien forcés de trouver une solution au problème d'une population européenne vieillissante.
L'absence de lois adaptées n'a pas empêché beaucoup de retraités ou leur famille de choisir des maisons de retraite à l'étranger si leur allocation en couvrait les coûts.
Mais beaucoup de critiques de cette politique se disent préoccupés par le sort de patients atteints de démence, craignant qu'ils puissent être envoyés à l'étranger sans comprendre ce qui leur arrive.
Sabine Jansen, responsable de l'association des victimes d'Alzheimer en Allemagne, a expliqué que l'environnement et la langue sont souvent des éléments essentiels pour qui est atteint de démence s'il veut conserver son indentité. Selon elle, «les personnes atteintes de démence, en particulier, ont du mal à s'orienter dans une culture et une langue totalement différentes, parce qu'elles vivent dans un monde passé, constitué de leurs vieux souvenirs ».
Avec la population de l'Allemagne supposée tomber de presque 82 millions à environ 69 millions vers 2050, on peut s'attendre à ce qu'une personne sur 15 – environ 4,7 millions de personnes – aient besoin de soins, et donc le problème est destiné à empirer.
Willi Zylajew, un député chrétien démocrate – un conservateur – et un spécialiste des soins a affirmé, qu'à l'avenir, le recours aux soins étrangers serait toujours plus nécessaire : « en considérant comme la crise imminente, il semble raisonnable de réfléchir à une forme alternative de soins pour les séniors. »
Christel Bienstein, une chercheuse infirmière de l'université de Witten/Herdecke, a dit que beaucoup de maisons de soin allemandes avaient atteint leur point de rupture par manque de personnel et que la qualité des soins avait diminuée en conséquence : « en moyenne, chaque patient reçoit environ 53 minutes de soins individuels par jour. Souvent, 40 ou 60 résidents sont traités par un seul soignant ».
Artur Frank, le propriétaire de Senior Palace, qui cherche des maisons de soins pour les allemands en Slovaquie, nous dit qu'il est faux de suggérer que des retraités se trouvent 'déportés' à l'étranger, comme l'affirme le VdK, « ils ne sont ni déportés ni exclus, beaucoup choisissent de venir ; il s'agit souvent de décisions de familles mûrement réfléchies, qui savent bien où se trouve leur intérêt ».
Selon lui, il avait trouvé « de nombreux exemples de soins défectueux » dans les résidences allemandes parmi les 50 retraités qui avaient trouvé une résidence en Slovaquie : « Il y avait par exemple une femme à qui l'on n'avait pratiquement rien donné à manger ou à boire, et qui en Slovaquie a dû réapprendre à avaler ».
Les politiciens allemands ont évité de traiter ce sujet car ils craignent la réaction négative des électeurs allemands qui pourraient penser que les assureurs institutionnels allemands préfèrent financer des soignants à l'étranger plutôt que leur service national de soins.