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Lu sur CQFD : "CQFD a rencontré Aydin [1], porte-parole de l’Association du centre démocratique des Kurdes à Marseille alors que la ville de Kobanê en Syrie menaçait de tomber entre les griffes de Daesh. L’occasion de revenir avec lui sur l’effervescence révolutionnaire et la tragédie qui secouent le Rojava.
CQFD : Comment perçois-tu l’évolution actuelle du PKK mise en relief par ce qui se joue en ce moment à Kobanê et dans le Rojava [région du Nord de la Syrie à majorité kurde] ?
Aydin : Pour répondre à ta question, il faut refaire un historique du mouvement. Le PKK, dans les années 1970, a été créé par de très jeunes gens partageant l’idéal d’un Kurdistan indépendant et socialiste. Il s’agissait d’un mouvement de libération nationale concernant des populations situées en Turquie, Syrie, Irak et Iran mais avec une forte dimension internationaliste. La libération ne devait pas concerner les seuls Kurdes mais faire en sorte que toutes les jeunesses de ces pays puissent prendre leur élan pour s’émanciper. Le tournant nationaliste et militariste des années 1980 a été provoqué par le coup d’état en Turquie qui a jeté en prison ou contraint à l’exil tous les militants des mouvements de gauche. Le PKK est devenu progressivement le seul lieu de rassemblement pour tous ceux, villageois des zones rurales comme étudiants des zones urbaines, qui voulaient s’opposer les armes à la main à la criminalisation de tous les Kurdes. L’évolution va s’amorcer dans les années 1990, sous la double influence de la disparition de l’URSS et d’un renforcement du soutien militaire de l’OTAN à l’armée turque, avec une multiplication des factions, au sein du pouvoir d’Ankara comme au sein du mouvement kurde. Dès lors, la guerre devient incontrôlable et personne ne sait plus qui tue qui, chaque groupe jouant la logique du pire : des soldats turcs sont massacrés, des dirigeants kurdes assassinés, des villages rasés et des milliers de personnes déplacées de force. Le point d’orgue de cette période étant l’enlèvement puis le transfert dans les geôles turques du leader du mouvement, Abdullah Öcalan, qui fait craindre à tout le monde l’explosion d’une guerre civile. A partir de 2001, d’un côté le PKK revoit sa doctrine en s’orientant vers une stratégie de changement social à partir de la base et en fonction des diverses implantations nationales des organisations kurdes, de l’autre, le gouvernement turc, estimant avoir gagné la guerre, alterne épisodes de répression, tentatives de division par l’achat de certaines familles et moments d’apaisement à l’amorce de chaque élection. L’expérience démocratique dans le Rojava naît de cette volonté du mouvement kurde de ne plus se battre avec les armes d’une guérilla insaisissable mais en s’appuyant désormais sur une confédération de communes capables de contrôler durablement des territoires entiers réunis dans une structure de coordination, la KCK.
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